Identification de biomarqueurs de la fragilité chez la personne âgée pour un diagnostic précoce

La fragilité est définie en gériatrie comme la conséquence clinique du déclin de fonctions physiologiques au cours du vieillissement, contribuant à la morbidité et à la mortalité chez les personnes âgées. Ce syndrome encore mal compris a été associé à un déséquilibre global incluant l’inflammation et la malnutrition. Compte-tenu de son importance dans la qualité du vieillissement, il est urgent de pouvoir disposer de méthodes de diagnostic très précoce afin d’identifier les individus à risque pour mettre en place des mesures préventives.

Publié le 09 novembre 2020

illustration Identification de biomarqueurs de la fragilité chez la personne âgée pour un diagnostic précoce
© INRAE

L’objectif de l’étude était de mieux caractériser, en utilisant une approche métabolomique non ciblée, la complexité du phénotype de pré-fragilité, afin d’en identifier des biomarqueurs spécifiques, et d’étudier leurs stabilités au cours du temps. Cette investigation a été réalisée dans le cadre d’un projet européen
qui s’appuie sur une cohorte de 1250 personnes âgées issus de 5 pays européens. 212 sujets définis cliniquement comme préfragiles et non fragiles, Italiens et Polonais, ont été sélectionnés pour pratiquer des analyses métabolomiques non ciblées sur les échantillons de sérum collectés lors de leur inclusion dans l’étude et après 1 an.

Cette étude a notamment mis en évidence des sous-phénotypes de pré-fragilité, dépendants à la fois du sexe des individus et de la progression et réversibilité de leurs états de pré-fragilité. Les meilleurs modèles prédictifs obtenus intègrent quatre métabolites différents pour chaque sexe. Ils permettent de prédire, avec de très bonnes capacités l’ensemble des sujets présentant un statut de pré-fragilité encore réversible (85 et 86% de sujets dont le statut est correctement prédit pour respectivement, les hommes et femmes). En outre, certains marqueurs, dépendants du genre, permettent de prédire le développement de la pré-fragilité 1 an avant son apparition : des marqueurs précoces et/ou prédictifs de pré-fragilité ont ainsi pu être identifiés pour les deux sexes et les modèles prédictifs, en résultant incluant trois métabolites pour chaque sexe ont montré aussi de bonnes performances pour les hommes (70 % de sujets dont le statut est correctement prédit) et très bonnes pour les femmes (84% de sujets dont le statut est correctement prédit).

Ces résultats montrent qu’il est possible de diagnostiquer, à l’aide d’un dosage sanguin, l’état de pré-fragilité chez la personne âgée, qu’elle soit établie ou non encore déclarée (1 an avant son apparition). Les chercheurs ont montré la pertinence de l’utilisation de signatures moléculaires (combinaison de plusieurs marqueurs plutôt que de molécules isolées) pour prédire l’apparition et le développement de la fragilité au cours du temps.
Ces résultats ouvrent donc la porte à un diagnostic des patients plus précoce pour une prise en charge plus personnalisée et une meilleure prévention.

Référence : Identification of Pre-frailty Sub-Phenotypes in Elderly Using Metabolomics. 2019. Pujos-Guillot et al. Front Physiol. doi: 10.3389/fphys.2018.01903.

Le vrai-faux de la dénutrition

Contacts

Blandine Comte

Le centre

Le département

En savoir plus

Le confort oral : un concept clef pour maintenir le plaisir à manger chez nos aînés

Le vieillissement s’accompagne fréquemment de troubles bucco-dentaires (perte de dents, baisse du flux salivaire) susceptibles d’altérer la dégradation de l’aliment et la formation du bol alimentaire. Un mauvais état buccodentaire peut conduire les personnes âgées à éviter la consommation d’aliments difficiles à mâcher tels que la viande, les fruits ou les légumes crus, ce qui entraîne un risque de dénutrition chez ces personnes.

09 novembre 2020

Alimentation, santé globale

Prévenir la dénutrition des personnes âgées : un guide pratique « Grand âge et Petit appétit » accessible à tous

COMMUNIQUE DE PRESSE - La dénutrition, qui touche en France plus de 2 millions de personnes, est une situation pathologique qui menace la santé, l’autonomie et l’espérance de vie des personnes âgées. Chez la personne dénutrie, le risque de mortalité est ainsi multiplié par 4. Par ailleurs la dénutrition aggrave les maladies existantes (complications, convalescence plus longue, réhospitalisation) et conduit plus rapidement à une dépendance dans les gestes de la vie quotidienne. Grâce aux travaux menés au sein du projet RENESSENS[1] , des chercheurs d’INRAE et du CHU de Dijon ont produit un guide d’information et de conseils pratiques à destination des personnes âgées et de leurs aidants familiaux et professionnels. Fruit d’un travail collectif mené depuis plusieurs années, ce guide intitulé Grand âge et petit appétit sort à l’occasion de la première semaine nationale consacrée à la dénutrition.

12 novembre 2020

Alimentation, santé globale

Faire renaître l’appétit et le plaisir de manger en Ehpad

Découvrez une expérimentation scientifique originale autant qu’une aventure humaine avec les résidents et personnels d’une maison de retraite en Bourgogne. Les travaux présentés dans ce reportage vidéo ont pour objectif d’identifier les profils des mangeurs, en particulier les petits mangeurs, pour adapter l'offre alimentaire aux besoins et aux capacités de la personne et in fine diminuer le risque de dénutrition des séniors dépendants. Ils ont été copilotés par l’Inra (CSGA) et le CHU de Dijon dans le cadre du projet Renessens.

14 septembre 2020