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Les LPA, un dispositif efficace de co-innovation avec nos partenaires
INRAE a lancé début 2021 une nouvelle forme de collaboration pour co-innover avec ses partenaires : le laboratoire partenarial associé (LPA). 4 ans plus tard, 15 LPA ont été créés, montrant que ce nouveau dispositif est un véritable accélérateur d’innovation. Bilan.
Publié le 06 janvier 2025

Face aux grands défis posés à nos sociétés, INRAE se mobilise en faveur de l’innovation. L'institut renforce ses liens avec ses partenaires en proposant depuis 2021 un dispositif de co-innovation : le laboratoire partenarial associé (LPA).
Le LPA : une proximité spatiale et relationnelle pour favoriser l’innovation
Le LPA est un dispositif partagé entre une unité de recherche INRAE et un partenaire, pour mener conjointement un programme de recherche partenariale. Sur une période allant de 3 à 7 ans, un LPA prend la forme de recherche contractuelle ou collaborative pouvant associer éventuellement d’autres partenaires privés ou publics. Dans le cadre d’un LPA, l’unité de recherche INRAE et le partenaire mutualisent leurs moyens humains (chercheurs, ingénieurs ou techniciens), leurs compétences, leurs savoir-faire, et éventuellement leurs équipements technologiques, pour mener ensemble un programme de recherche co-construit et co-dirigé. Le partenaire est hébergé au sein de l’unité de recherche ou du centre INRAE pour faciliter les échanges avec les équipes de recherche et les accès aux dispositifs expérimentaux. La collaboration est matérialisée par une convention spécifique prévoyant, au sein d’un même contrat, la gouvernance et la direction du LPA, le programme de recherche et l’hébergement du partenaire.
Une relation gagnant-gagnant au cœur de la politique d’INRAE en faveur de la co-innovation
Cette nouvelle forme de partenariat présente plusieurs avantages pour INRAE et ses partenaires. Pour INRAE, cela permet l’émergence de nouveaux sujets de recherche et l’accès possible à certains équipements de ses partenaires, à des compétences ou des données. C’est également une opportunité pour transférer plus facilement les résultats de ses recherches par le co-développement d’inventions. Pour les partenaires, un LPA représente l’accès à l’excellence scientifique, à des équipements de pointe et à une différenciation et une compétitivité par l’innovation.
Pour les deux partenaires, les résultats des travaux pourront donner lieu à des publications, séparément ou conjointement selon les sujets, mais aussi au développement de nouvelles solutions innovantes et à la mise sur le marché de nouveaux produits, procédés, plus rapidement et plus efficacement.
15 LPA créés en 4 ans
Après 4 années d’existence et 15 LPA signés, les premiers retours sont très positifs. Les LPA se sont montés dans 9 de nos 18 centres de recherche et plusieurs sont encore en phase de montage. Les LPA sont propices aux collaborations avec des TPE et plusieurs LPA se sont également montées avec des instituts techniques.

Pour aller plus loin
Les 15 laboratoires partenariaux associés d'INRAECe dispositif permet à INRAE et ses partenaires de mettre en commun leurs moyens matériels et humains autour de programmes de recherche et ainsi accélérer la mise au point d'innovations.
Si vous souhaitez des informations concernant les LPA à INRAE, contactez innovation@inrae.fr.
Ils en parlent ! Témoignages de nos partenaires
ViewPoint X INRAE RiverLy, du partenariat à la mise en place d’une plateforme expérimentale sur la mesure de la qualité de l’eau
En 2021, la société ViewPoint et l’unité RiverLy d’INRAE se sont associés dans un LPA, ViewTox, pour développer des innovations permettant d’améliorer la surveillance de la qualité de l’eau. Ensemble, ils ont développé un système appelé ToxMate qui permet aujourd’hui de contrôler la qualité de l’eau en continue à l'aide de macroinvertébrés : un crustacé (gammare), une sangsue (erpobdela) et un escargot (radix).
« L’idée du LPA était d’étendre le terrain d’application du ToxMate sur des rejets en milieux salés, dans des contextes d’eaux urbaines chargées, ou encore de disposer d’espèces permettant d’exporter la méthode rapidement à l’international », explique Arnaud Chaumot, directeur de recherche au Laboratoire d’écotoxicologie au sein de l’unité RiverLy. Dans le cadre du LPA, une plateforme expérimentale unique composée de 10 ToxMates a été mise en place, permettant ainsi l’analyse massive et en continue de la qualité de l’eau en interprétant le comportement des macroinvertébrés. « Cette plateforme nous permet de répondre aux besoins de prestation d’industriels mais aussi de tester de nouvelles hypothèses de recherche, par exemple qu’il est possible d’identifier la nature de la contamination de l’eau en analysant les comportements des macroinvertébrés. » Une hypothèse qui a mené l’entreprise et INRAE à développer un nouveau partenariat avec l’INSA de Lyon (laboratoire DEEP).
Les chercheurs d’INRAE et de l’INSA ont alors été mobilisés dans le cadre d'une thèse Cifre pour développer une méthode de datasciences qui permet de différencier la composition chimique des cocktails de substances qui provoquent la perturbation du comportement des espèces.
« La synergie des travaux engagés dans la dynamique du LPA a permis également d’attirer le soutien financier de la Région Auvergne-Rhône-Alpes (projet ToxPrints), ou encore celui de l’OFB et des Agences de l’eau pour le test de pilotes dans de nouveaux domaines d’application à l’échelle nationale. »
Lallemand X INRAE SPO : un partenariat au service de l’œnologie
Le LPA entre l’entreprise Lallemand Œnologie et l’unité de recherche Science pour l’œnologie (SPO) d’INRAE a été signé en 2021. Il porte sur la compréhension de la physiologie des levures et sur l’amélioration de propriétés technologiques de souches œnologiques. Parmi les avancées réalisées, le LPA a déjà permis de mettre au point une nouvelle approche d’optimisation de la fermentation grâce au pilotage de la teneur en lipides, résultats obtenus dans le cadre de la thèse de Giovanna Girardi-Piva. Un brevet a été déposé fin 2023 sur l’identification de nouveaux gènes impliqués dans la production de sulfure d’hydrogène , responsable de défauts organoleptiques des vins.
« Cette relation de confiance entre SPO et Lallemand Œnologie nous conduit à aller au-delà du LPA et mener des projets tripartites, dans lesquels nous associons d’autres partenaires académiques. Cette année, le LPA vient d’être étendu à un nouvel axe scientifique. » explique Fabienne Rémize, directrice de l'unité SPO.
« Ces collaborations fructueuses font avancer les recherches et connaissances sur les rôles des microorganismes et leurs dérivés pour de futures applications pour les boissons fermentées. »
Fabienne Remize, directrice de l’unité Sciences pour l’œnologie
Excilone X INRAE GABI : innover dans le domaine de la microgénomique
Le partenariat entre la société Excilone et l’unité Génétique animale et biologie intégrative (GABI) d’INRAE à Jouy-en-Josas a commencé en 2011 et a conduit à la création du 1er LPA en 2021, intitulé NanoGabEx. Ce LPA, grâce au rapprochement des 2 partenaires, a aidé à obtenir en 2021 le financement du projet DIGIEXOMIR par le Carnot France Futur Elevage.
« L’objectif du LPA NanoGabEx est de renforcer les compétences d’Excilone et des plateformes de GABI (@BRIDGe, pôle Ultrastructure cellulaire de MIMA2) permettant l’isolement, l’extraction et la caractérisation morphologique et génomique de microquantités de prélèvements cellulaires et subcellulaires (e.g. vésicules extracellulaires). La mise en place de ces nouveaux outils et méthodologies innovantes permet de proposer, à nos utilisateurs respectifs, des prestations de service valorisant les expertises complémentaires réunies dans le LPA », indique Fabienne Le Provost, directrice de l’UMR 1313 Génétique animale et biologie intégrative.
4FM, un LPA pour valoriser la biomasse végétale
Le laboratoire partenarial associé 4FM entre l’unité de recherche INRAE-URCA FARE, l’université de Reims Champagne-Ardenne et la société FRD-CODEM résulte de leur volonté d’agréger leurs expertises pour apporter aux industriels des solutions adaptées de suivi de la qualité des biomasses végétales agricoles et de leurs fractions (fibres et granulats) à destination des matériaux, pour la plasturgie, le bâtiment ou le textile. Le LPA 4FM se bâtit ainsi sur une vision et une stratégie d’invention et d’innovation communes. Son but est d'anticiper la demande croissante de matériaux biosourcés s’insérant dans une économie circulaire à faible empreinte environnementale et la montée en puissance du numérique pour décrire et gérer les biomasses.
Créé en septembre 2022, le LPA a progressé de manière soutenue sur ces sujets, notamment grâce à un contrat France Relance qui a permis le recrutement d’un ingénieur par INRAE, dont le poste a ensuite été pérennisé par FRD-CODEM, en janvier 2024. Poursuivant cette dynamique, le LPA 4FM est partenaire d’un projet ADEME Graine, lauréat en 2024 et porté par l’interprofession chanvrière InterChanvre.
Les premiers résultats du LPA ont abouti à la réalisation d’un outil d’aide à la décision pour suivre le rouissage des pailles et fibre de chanvre, étape indispensable à la valorisation des fibres. « L’évaluation du niveau de rouissage au champs, par des méthodes simples, rapides mais fiables, revêt un caractère essentiel tant pour le producteur, s’assurant que la qualité contractualisée est bien atteinte, que pour l’acheteur de pailles ou de fibres, s’assurant que la qualité est conforme à son cahier des charges », explique Bernard Kurek, directeur de l’UMR FARE et du LPA 4FM.
Les LPA, un outil complémentaire et structurant au service du partenariat
Grâce aux LPA, INRAE renforce ses liens avec tous types de partenaires socio-économiques afin de bénéficier d’échanges quotidiens autour de questionnements et programmes d’intérêt commun. Ce dispositif complète ceux existant tels que les unités mixtes technologique (UMT) qui associent recherche et instituts techniques agricoles et agro-industriels et les LabCom soutenus par l’ANR qui, eux, s’adressent à exclusivement aux start-up, PME et ETI.
« Le succès des LPA – 15 LPA montés en 4 ans – démontre bien de l’intérêt de rapprocher dans un même lieu les équipes INRAE de ses partenaires autour d’un programme co-construit et co-dirigé. Les premiers résultats témoignent de la richesse de ces partenariats, sources de co-innovations. » Jean-Michel Chardigny, directeur adjoint DPTI (INRAE)