Incendies de forêts
En Australie, Amazonie, Californie, Sibérie… de nombreux feux d’une ampleur hors norme ont embrasé les forêts et marqué l’actualité ces dernières années. Le changement climatique, l’intensification et l’étalement des implantations humaines ont multiplié les risques d’incendies, faisant peser de nouvelles menaces sur la végétation et les hôtes des forêts, comme sur les habitants des territoires. Comprendre et prévenir le risque incendie, appuyer les politiques publiques et aider à la décision, soutenir la régénération des forêts sont les trois piliers sur lesquels les travaux d’INRAE s’appuient. On vous dit tout !
En France, c’est aujourd’hui essentiellement le Sud du pays qui est concerné : Provence-Alpes-Côte d'Azur, Corse, Occitanie et Nouvelle-Aquitaine. Sous l’influence du changement climatique, d’autres régions pourraient voir leur vulnérabilité accrue. Pour atténuer durablement le nombre, l’intensité et la sévérité des incendies, une approche globale de la gestion des forêts et de la prévention des feux s’avère indispensable.
« Sur l’environnement et les risques naturels, et notamment les incendies, INRAE bénéficie d’un recul unique qui s’appuie sur des décennies d’observation. Ces données sont précieuses pour avancer dans la prévention et la gestion des risques. Dans un monde qui change, c’est essentiel. » Thierry Caquet, directeur scientifique Environnement
En s’appuyant sur une expertise historique, les scientifiques d’INRAE développent une approche systémique de ce risque : ils étudient les effets du changement global sur le risque incendie, conçoivent des outils et des méthodes de prévention et de gestion du risque à destination des acteurs du terrain, et améliorent la résilience des forêts par des recommandations de gestion et d’exploitation adaptées. Une expertise qui peut aider à éclairer ces phénomènes d’une ampleur nouvelle auxquels le monde doit faire face.
Un peu de vocabulaire
On parlera d’incendie lorsqu’au moins 0,5 hectare de forêt, d’un seul tenant, est touché par les flammes et a minima une partie des zones hautes est détruite. Par extension, on inclut aussi les incendies qui touchent le maquis, la garrigue ou encore les landes.
Au-delà d’être généralement des incendies d’une dimension exceptionnelle (> 10 000 ha brûlés), les feux extrêmes se définissent surtout par ce qu’ils provoquent : l’effondrement du système de lutte et des impacts profonds et durables sur la société, l’économie et l’environnement.
Apparu dans la littérature américaine en 2013, le terme de mégafeu s’affranchit, bien que largement employé, d’une définition précise. Il concerne des incendies touchant une surface allant de 1 000 hectares en Europe à 10 000 hectares aux États-Unis.
En un coup d'oeil

un aperçu des recherches et expérimentations que nos scientifiques développent pour mieux comprendre les feux, s’en prémunir et aider les écosystèmes à s’adapter et se régénérer.

Apparus il y a près de 370 millions d’années, les écosystèmes forestiers ont toujours été confrontés à de nombreuses perturbations naturelles d’origine météorologique ou causées par des organismes vivants. Face à ces aléas, accentués par les activités anthropiques, la résilience des forêts est aujourd’hui mise à l’épreuve. Explications.
De l'impact des changements globaux
Pour comprendre et anticiper l’évolution des feux de forêts, les chercheurs et chercheuses INRAE analysent les impacts potentiels du changement climatique et des évolutions de l’occupation des sols sur le risque d’incendie en forêt.
Gérer le risque incendie dans les territoires
Expert du phénomène incendie, les chercheurs d’INRAE utilisent des données d’imagerie satellitaire et de capteurs embarqués sur drone pour cartographier et modéliser le risque incendie à l’échelle d’un territoire. Ces éléments leur permettent de développer des outils d’aide à la décision à destination des acteurs publics et privés (gestionnaires et services de l’Etat chargé de la gestion du risque incendie, élus, gestionnaires forestiers, etc…), intégrant la vulnérabilité des territoires, c’est-à-dire les conséquences potentielles du feu sur la zone touchée (mise en danger de vies humaines, destruction de bâtiments, d’infrastructures…).
« La prévention ne consiste pas uniquement à débroussailler le pourtour des habitations et sous-bois, construire des pistes d’accès et des réservoirs d’eau, limiter l’accès des forêts en cas de vent fort. Elle passe aussi par une recherche spécifique qui consiste à "se mettre à la place du feu", à inventorier et analyser tous les ingrédients susceptibles de jouer sur l’inflammabilité et la combustibilité de la végétation. » Éric Rigolot, chercheur INRAE

Dans les zones de contact entre la forêt et les habitations, le risque incendie est élevé du fait du grand nombre de départs de feu et de la quantité de combustible qui peut y être importante et participer à la propagation du feu
Préparer les forêts du futur
En France, la région méditerranéenne est l’une des régions où les conséquences du changement climatique se manifestent le plus rapidement et avec la plus grande intensité : une baisse de la pluviométrie annuelle de 20 à 30 % est prévue d’ici à 2100, et la fréquence des grandes sécheresses devrait augmenter. Les scientifiques d’INRAE analysent la réponse des écosystèmes forestiers au changement climatique et aux incendies pour proposer des outils de gestion et inventer les forêts du futur.
Etudier la régénération des forêts : la science hors les murs
Dans les bouches du Rhône (13), plusieurs sites expérimentaux permettent de mieux comprendre le fonctionnement global de la forêt et comment la renouveler et d’étudier les interactions entre les plants forestiers et leur environnement. Autant de connaissances utiles pour adapter les écosystèmes forestiers aux nouvelles contraintes environnementales et améliorer leur résilience aux feux.
Le site de Saint-Mitre-les-Remparts permet d’étudier la régénération forestière sous couvert de pin d’Alep. Entre 2007 et 2009, 1 600 plants de feuillus (frênes, caroubiers, arbousiers, sorbiers et pistachiers) ont été introduits et près de 4 000 glands (chêne vert et chêne pubescent) semés dans des conditions de végétations différentes : sous des couverts de pin à différents niveaux de lumière et en plein découvert.
Le site de Barbentane permet de tester l’influence de divers types de perturbation du sol et de la végétation (broyage mécanique seul ou suivi d’un crochetage du sol selon une ou deux directions, brûlage dirigé, et aucune intervention) sur la régénération du pin d’Alep et sur la diversité et la composition de la végétation.
La station de Font-Blanche répond au besoin de mieux comprendre l’impact de l’environnement et particulièrement de la sécheresse sur le fonctionnement global de la forêt (bilan d’eau, d’énergie, de carbone, risque d’incendie de forêt) dans un contexte de changement climatique.