Vous allez adorer votre microbiote !
Le microbiote, vous connaissez ? Vous savez peut-être qu’il a des liens avec notre santé, mais savez-vous comment c'est possible ?
Vous allez adorer votre microbiote !
Pour vous bactérie rime avec maladie ? Et si on vous disait que de nombreuses bactéries participent plutôt… à votre bonne santé ? Dans votre intestin vivent (confortablement) des milliards de microorganismes, c’est le microbiote intestinal. Il joue un rôle essentiel dans notre santé. Nous savons maintenant que certaines maladies, comme l’obésité, le diabète, la dépression, le syndrome de l’intestin irritable, ont un lien avec un microbiote en « mauvaise santé ». Mais comment les milliards de microorganismes qui se trouvent dans nos intestins agissent-ils sur notre santé ? Approchez-vous, on vous montre !
« Approchez-vous » est notre web série qui dévoile l'invisible, voir toutes les vidéos
Comment ça marche ?
Dans nos intestins, il y a des milliards de microorganismes ! Des bactéries, des champignons, des virus, des levures et des archées. Tout ce petit monde pèse au total plus d’1 kilo ! Mais que font-ils ici ? Et bien figurez-vous qu’ils vivent leur meilleure vie : ils ont de quoi manger et ils sont dans un endroit où ils peuvent vivre et se reproduire facilement. D’accord, mais quel est le lien avec notre santé ? Ces microorganismes nous rendent bien des services. Déjà, ils se nourrissent des aliments que l’on ingère, cela nous permet de les digérer plus facilement. En même temps, ils libèrent des petites molécules qui participent à notre santé : des vitamines, des minéraux, des molécules qui stimulent les défenses immunitaires. Ces petites molécules passent la barrière intestinale, se retrouvent dans le sang et « agissent » à différents endroits de notre corps. Plus étonnant encore, certaines molécules peuvent stimuler des neurones de l’intestin et ainsi communiquer avec… votre cerveau ! Vous l’avez probablement déjà expérimenté lorsque vous êtes stressé et que cela vous met « la boule au ventre ». C’est ainsi que notre microbiote agit sur notre santé.

On dit que l’on vit en symbiose avec notre microbiote. On donne aux microorganismes le gîte et le couvert et en retour ils agissent pour notre bonne santé : c’est une relation gagnant-gagnant. Quand la relation se dégrade, c’est-à-dire qu’on ne leur donne pas ce qu’ils aiment manger ou que l’on ne prend pas soin de nous (donc de leur habitat), on dit que nous sommes en dysbiose. Et c’est avec cet état de dysbiose que les scientifiques ont établi un lien avec certaines pathologies. Est-ce que cela signifie que la dysbiose est responsable de ces maladies ou que ces maladies provoquent une dysbiose ? Ça, on ne le sait pas encore précisément !
3 questions pour approfondir le sujet
Comment prendre soin de son microbiote ?
Notre microbiote est composé de plus de 300 espèces différentes de microorganismes. Ils ne se nourrissent pas tous de la même chose et ne libèrent pas tous les mêmes petites molécules bénéfiques à notre santé. Alors pour prendre soin de son microbiote il faut manger diversifié. Et le petit péché mignon de ces microbes, ce sont les fibres des fruits et légumes. Ce que notre microbiote n’aime pas, c’est le stress. Il n’aime pas non plus les antibiotiques, car si ils détruisent les bactéries pathogènes mais aussi les « bonnes » bactéries. Alors les antibiotiques, ce n’est pas automatique, et surtout ça ne sert à rien si la maladie dont vous souffrez n’est pas d’origine bactérienne (pour les maladies d’origine bactériennes, ils sont bien sûr indispensables). Le microbiote n’aime pas non plus l’alcool, qui rend la barrière intestinale perméable et laisse passer dans le sang des molécules indésirables. Vous l’avez compris, pour prendre soin de son microbiote, c’est important d’avoir une alimentation équilibrée et diversifiée, de prendre soin de soi en faisant du sport et en limitant le tabac et l’alcool.
Est-ce utile de prendre des probiotiques ?
Les probiotiques ce sont des microorganismes vivants (bactéries, levures, champignons) que l’on retrouve naturellement dans les aliments fermentés tels que les yaourts, le fromage, la choucroute, le kombucha… et notre microbiote adore ça ! En effet, les scientifiques ont montré que la diversité des microorganismes qui composent le microbiote est un facteur clé de la symbiose. Consommer des microorganismes vivants est donc une bonne idée pour prendre soin de son microbiote. Jusqu’à présent les probiotiques utilisés sont des bactéries alimentaires : des lactobacilles et bifidobactéries que l’on retrouve dans les aliments fermentés ou les compléments alimentaires. Mais nous avons fait une découverte à INRAE : il est possible d’utiliser des bactéries issues de notre propre microbiote pour soigner des maladies ! C’est le cas par exemple pour la maladie de Crohn. Les chercheurs ont montré que la bactérie Faecalibacterium prausnitzi, que l’on surnomme Fprau, est absente du microbiote des patients atteints de cette pathologie. L’idée est alors de la faire se reproduire et de l’utiliser comme médicament pour soigner la maladie de Crohn.
Avons-nous tous le même microbiote ?
Non ! Les scientifiques ont mis en évidence 3 grands types de microbiotes. Chacun de ces microbiotes est dominé par une espèce. Nous avons donc le microbiote Bacteroides, le Ruminococcus et le Prevotella. Le type de microbiote que l’on développe est lié à notre environnement et notre alimentation. Il existe aussi des microbiotes riches en termes de diversité de microorganismes et des microbiotes plus pauvres. Des premiers résultats montrent qu’un microbiote pauvre et de type Bacteroides est associé à un risque plus élevé de maladies cardiométaboliques (obésité, diabète, insuffisanse cardiaque, etc.).

À vous de jouer !
Faites avancer la science du microbiote !
Les progrès de la science sur le microbiote ont été considérables ces dernières années, mais il reste tant de choses à découvrir : caractériser plus précisément ce qu’est un microbiote sain, un microbiote malade, quelles sont les habitudes alimentaires qui favorisent le plus un microbiote en « bonne santé » ? Pour répondre aux nombreuses questions qui restent encore sans réponses, vous pouvez aider la science en donnant… votre caca !
Le projet « Le French gut, le microbiote français » a besoin de collecter 100 000 échantillons de selles pour faire avancer ses recherches.
Vous êtes déjà plus 25 000 à avoir envoyé votre échantillon dans nos labos, mais on a encore besoin de votre mobilisation. La participation est gratuite et ouverte à tous et toutes à partir de 18 ans que vous soyez en bonne santé ou atteint d'une pathologie. C’est par ici : lefrenchgut.fr
La notion en plus
Le transfert de microbiote
Est-il possible de transférer un microbiote d’un patient sain à un patient malade et cela soigne-t-il des pathologies ? Depuis plus de 10 ans, INRAE mène des recherches pour développer une technique de transfert de microbiote. Il s’agit d’administrer une suspension de selles de donneurs sains dans le système digestif d’un receveur malade. Cela permet de restaurer la richesse du microbiote du patient malade et ainsi d’avoir un effet sur la santé. Cette nouvelle pratique peut comporter des risques mais les résultats de nos études sont prometteurs. Aujourd’hui cette technique est autorisée uniquement pour une pathologie dont il n’existe aucun traitement efficace à ce jour : l’infection à la bactérie Clostridium difficile.
L'info surprenante
Pourquoi appelle-t-on notre intestin notre deuxième cerveau ?
Il n’y a pas que dans le cerveau qu’il y a des neurones, il y en a partout dans notre corps ! Mais plus de 200 millions de neurones sont connectés à l’intestin. Les microorganismes du microbiote sécrètent des petites molécules, appelées neurotransmetteurs, qui envoient des signaux directement au cerveau. Les chercheurs ont également mis en évidence un lien entre un microbiote intestinal altéré et diverses pathologies comme la dépression, l’anxiété, la maladie d’Alzheimer et Parkinson. Si les mécanismes précis sont encore peu connus, il est certain que microbiote et cerveau sont très connectés !
Pour en apprendre (encore) plus !
Rédaction : Elodie Regnier
Pilote scientifique : Philippe Langella, directeur de recherche à Micalis.
Juin 2025