When Nature Can Do the Job : une journée européenne pour penser la restauration écologique à grande échelle

L’événement science-politique « When Nature Can Do the Job - Fostering Co-benefits for People and the Environment in View of the Nature Restoration Regulation » s’est tenu le 19 mars 2025 à Bruxelles. Portée par trois projets de recherche européens – REWRITE, WILDCARD et wildE - avec le soutien de l’Agence exécutive européenne pour le climat, les infrastructures et l’environnement (CINEA) et de la Society for Ecological Restoration Europe (SERE), cette rencontre a réuni 140 participants autour d’un enjeu crucial pour l’avenir de la biodiversité des territoires européens : la restauration des écosystèmes dégradés.

Publié le 11 août 2025

© INRAE

Experts de haut niveau, chercheurs, représentants des institutions européennes et acteurs de terrain ont témoigné sur les défis et opportunités liés à la mise en œuvre du règlement européen sur la restauration de la nature, l'un des piliers du pacte vert pour l'Europe, entré en vigueur en 2024. L’objectif est clair pour les états-membres : restaurer près de 90 % des écosystèmes dégradés terrestres et marins d’ici à 2050. Cela implique de repenser les interactions avec les écosystèmes, en visant non seulement des résultats ambitieux mais également des approches économiquement viables et socialement acceptables.

wildE et l’approche par la renaturation

En ce sens, le projet wildE (2023-2026) s’intéresse au concept de renaturation (en anglais rewilding) en tant qu’approche systémique de restauration à grande échelle des écosystèmes dégradés. Coordonné par INRAE, wildE regroupe un consortium d’une centaine de chercheurs issus d’une douzaine de pays européens et vise à favoriser les écosystèmes complexes capables de s’auto-réguler sans intervention humaine constante, renforçant ainsi leur rôle pour la biodiversité et leur résilience face au changement climatique. Pour Arndt Hampe, directeur de recherche à l’UMR BIOGECO et coordinateur du projet wildE, « il ne s’agit pas seulement de restaurer une espèce ou un habitat dans une zone donnée, mais de penser le fonctionnement des écosystèmes à grande échelle. Un écosystème restauré qui ne résisterait pas aux évolutions climatiques serait problématique ».

Ainsi, l’événement du 19 mars a illustré l’implication d’INRAE dans les grands projets de recherche européens sur la restauration et la préservation de la biodiversité. Comme le souligne Arndt Hampe, « si nous pouvons prouver que nos approches peuvent être pertinentes dans la restauration de ces écosystèmes, nous devons le faire savoir, participer et proposer. INRAE a toute légitimité pour porter des propositions concrètes autour des forêts, des terres agricoles, des cours d’eau et des zones côtières, en intégrant les attentes de l’ensemble des parties prenantes ».

Un événement pour penser collectivement un changement d’échelle

Structuré autour de trois grandes sessions - fondements environnementaux, économiques et politiques de la restauration des écosystèmes ; restoration success stories ; et leviers juridiques, financiers et de gouvernance - cet événement a permis d’aborder une grande diversité de sujets, dans un climat d’échanges riches et constructifs. Un message central en est ressorti : la renaturation est une approche pertinente en réponse au défi du règlement européen sur la restauration de la nature mais doit être envisagée à une échelle bien plus grande qu’aujourd’hui en changeant de paradigme et en s’appuyant sur trois piliers essentiels :

  • La réduction de la pression humaine sur les milieux naturels,
  • La promotion d’écosystèmes résilients, capables de fonctionner sans gestion intensive,
  • La recherche de co-bénéfices durables pour la société et la nature basée sur des solutions accordées et acceptées par les communautés locales.

Et après ?

Toutes les présentations de l’événement sont disponibles en ligne. Un policy brief est en cours de rédaction afin de synthétiser les enseignements et recommandations issus de cette journée. En parallèle, les équipes du projet wildE (et ses deux projets partenaires) travaillent à la rédaction de nombreux articles scientifiques sur un large éventail de sujets :

  • Les effets de la renaturation sur la biodiversité et la résilience des écosystèmes face au changement climatique ;
  • L’attitude des sociétés européennes vers la renaturation écologique ;
  • Les coûts et bénéfices (financiers et non financiers) résultants des actions de renaturation ;
  • Ou encore comment la renaturation se verra elle-même impactée par les changements sociaux et climatiques.

Les travaux initiés se poursuivront dans les mois à venir afin d’approfondir la recherche, les connaissances et de partager de nouvelles perspectives, méthodes et outils en lien avec cette approche. La dynamique initiée à Bruxelles marque une étape clé dans la construction de la stratégie européenne en faveur de la biodiversité. La réunion finale du projet wildE prévue en 2026, à Bruxelles, illustrera les avancées acquises pour appuyer les politiques européennes et nationales favorisant la restauration de la nature.

Visionner les présentations de l’événement sur la chaine YouTube de l’agence européenne CINEA

En savoir plus sur le projet wildE

Marie-Caroline Devigne

Chargée de communication

UAR ECODIV

Contacts

Arndt Hampe

UMR Biodiversité Gènes et Communauté (Biogeco)

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