Alimentation, santé globale 4 min
« Si je vous dis alimentation durable… » : Quelles sont les représentations sociales des consommateurs français ?
L'adoption de régimes alimentaires durables est essentielle pour préserver l'écosystème de notre planète et le bien-être de ses habitants. Selon les scientifiques, l’alimentation durable repose sur 4 dimensions principales : nutritionnelle-santé, environnementale, socioculturelle et socioéconomique. Toutefois, ce concept « d’alimentation durable » semble difficile à comprendre pour les consommateurs. Ils peuvent ne comprendre que partiellement le concept ou avoir des représentations différentes selon les individus, ce qui peut ainsi entraîner des difficultés à mettre en pratique les recommandations. Les chercheurs se sont intéressés aux représentations sociales des consommateurs français en matière d'alimentation durable, en cherchant plus particulièrement à montrer si des groupes ayant des niveaux d'éducation différents pouvaient avoir des représentations différentes.
Publié le 27 août 2024
Il devient impératif d'adopter une alimentation durable pour préserver l'écosystème planétaire et le bien-être de ses habitants. Ainsi, les autorités publiques recommandent de plus en plus l'adoption d'une alimentation saine et durable. Les scientifiques caractérisent l’alimentation durable par 4 dimensions essentielles : elle doit respecter l'environnement, être de bonne qualité nutritionnelle, être culturellement acceptable et économiquement équitable (ADEME, 2019; FAO, 2010). Cependant, ce concept d’alimentation durable peut être difficile à comprendre pour les consommateurs.
L’objectif de notre étude était d’étudier les représentations et les connaissances des consommateurs français concernant l’alimentation durable. Seules quelques études ont déjà été conduites en France via des entretiens (Mathe, 2009; Rémésy et al., 2008; Verdeau & Monnery-Patris, 2024) et un questionnaire (Commission européenne, 2020). De plus, la littérature internationale a montré que la représentation de l’alimentation durable pourrait être différente selon les consommateurs et selon leur niveau d’études. Les personnes ayant fait des études supérieures seraient plus concernées par l’environnement et auraient plus de connaissances sur la durabilité alimentaire que les personnes n’ayant pas fait d’études supérieures (Franzen & Vogl, 2013; Lassoued et al., 2023; Panzone et al., 2016). Nous avons donc étudié comment le niveau d'éducation pourrait influencer les représentations des consommateurs français sur l’alimentation durable.
273 participants âgés de 20 à 60 ans ont réalisé une tâche d’évocation dans laquelle ils devaient indiquer les 5 premiers mots ou expressions leur venant spontanément à l’esprit lorsqu’on leur donnait le terme « alimentation durable ». Cette méthode d'association libre de mots permet d’analyser les représentations sociales. Les résultats ont été analysés selon l'approche structurale des représentations sociales (Abric, 2001).
Les résultats de l'étude, illustrés par le nuage de mots, montrent que la dimension environnementale est prédominante : les consommateurs associent principalement l'alimentation durable à des pratiques respectueuses de l'environnement, telles que l'agriculture biologique et l’écologie. La dimension nutritionnelle est également présente : les termes « santé », « bien-être » et « équilibre alimentaire » sont fréquemment cités, témoignant d'une prise de conscience des enjeux nutritionnels liés à l'alimentation. Les dimensions socioculturelles et socioéconomiques sont moins évoquées : les aspects liés aux inégalités sociales et à la culture alimentaire sont moins présents dans les représentations des consommateurs.
L'analyse selon le niveau d'éducation a révélé une représentation plus multidimensionnelle du concept d’alimentation durable chez les participants ayant fait des études supérieures comparativement aux participants avec un niveau d’étude plus bas (inférieur au bac). Ce résultat pourrait s'expliquer par le fait que la mémoire sémantique est entraînée pendant les années d’études. Ainsi, les personnes ayant un niveau d'éducation plus élevé réactiveraient plus facilement leurs connaissances sur l’alimentation durable au moment de la tâche d'évocation, ce qui se reflèterait dans le nombre de mots cités.
Ces résultats montrent que la définition de l’alimentation durable est encore confuse et incomplète pour les consommateurs français. Pour favoriser une transition vers des régimes alimentaires plus durables, il serait donc nécessaire de clarifier le concept d'alimentation durable, en communiquant sur l'ensemble des dimensions. De plus, il semble important de mieux intégrer les dimensions socioculturelles et socioéconomiques, en mettant en avant les liens entre alimentation, culture, traditions et accessibilité économique. Enfin, il serait pertinent de développer des campagnes de communication ciblées, en adaptant les messages en fonction des profils de consommateurs et de leurs représentations.