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La salive des tiques, une arme innovante pour lutter contre la transmission d’agents pathogènes

L’augmentation de l’incidence de certaines maladies dues aux tiques a, ces dernières années, relancé les recherches liées à ces acariens. En Europe, les tiques représentent les vecteurs d’agents pathogènes les plus importants en santé humaine comme animale. Des recherches menées à l’unité BIPAR* visent au développement de moyens de lutte innovants et durables comme la vaccination anti-tique. Des chercheurs de l’unité BIPAR ont identifié et caractérisé un candidat vaccinal potentiel dont le rôle est central dans les interactions entre les tiques, leurs hôtes et les agents pathogènes. Ces travaux sont publiés dans la thèse d’Adrien Blisnick, soutenue le 21 février 2019.

Publié le 05 juillet 2019

illustration La salive des tiques, une arme innovante pour lutter contre la transmission d’agents pathogènes
© INRAE

La salive de tique, une alliée précieuse…

Des chercheurs de l’UMR BIPAR se sont intéressés aux interactions entre la tique, son hôte et les agents pathogènes véhiculés en analysant les glandes salivaires, impliquées à la fois dans le repas sanguin et la transmission d’agents pathogènes. Ils ont comparé l’expression de gènes entre des glandes salivaires de tiques exemptes d’agents pathogènes et celles infectées par la bactérie Bartonella henselae. Cette bactérie, qui peut être transmise à l’homme par les tiques, est responsable, en autres, de la maladie des griffes du chat.
Les chercheurs ont montré que chez les tiques infectées, de nombreux gènes avaient une expression modifiée -et donc une implication potentielle dans la transmission de la bactérie-. Ils se sont alors focalisés sur le gène le plus surexprimé, celui codant une protéine inhibitrice de sérine protéases : IrSPI. Ces inhibiteurs synthétisés par les tiques jouent de nombreux rôles dans la régulation des réponses de l’hôte à la piqûre.
Les premières investigations ont validé l’implication d’IrSPI dans la prise du repas sanguin et le développement de la bactérie dans les glandes salivaires de la tique. Les résultats récents ont montré l’induction du gène lors du repas sanguin dans plusieurs organes de la tique supposant un rôle physiologique important. Les chercheurs ont également précisé le rôle de la protéine IrSPI chez l’hôte de la tique. Ils ont montré qu’elle diminue la prolifération de lymphocytes T, ainsi que la sécrétion de molécules responsables de l’inflammation qui perturberaient le repas de la tique. En réduisant les défenses immunitaires de l’hôte, IrSPI facilite donc à la fois le gorgement de la tique et l’infection de l’hôte par les agents pathogènes transmis.

... Pour l’élaboration de vaccins anti-tique

Les rôles d’IrSPI chez la tique, chez l’hôte et potentiellement dans la transmission d’agents pathogènes, en font un candidat d’intérêt dans la lutte contre les tiques et les agents pathogènes qu’elles véhiculent. En effet, le blocage de la protéine par un vaccin permettrait de perturber le repas sanguin, empêchant ainsi toute transmission d’agents pathogènes à même d’être présents chez la tique.

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