Alimentation, santé globale Temps de lecture 5 min
Recommandations nutritionnelles et consommation alimentaires des femmes enceintes
Le Programme national nutrition santé est un ensemble de recommandations nutritionnelles décliné en messages opérationnels notamment pour des populations spécifiques telles que les femmes enceintes. Explorant les données de la cohorte Elfe, des chercheurs de l’Inra et leurs collègues ont mis en évidence, chez celles-ci, une bonne adéquation des consommations avec les recommandations du PNNS. L’âge de la femme, son niveau d’étude, ses revenus et le suivi de cours de préparation à l’accouchement sont autant de facteurs propices à cette bonne concordance.
Publié le 07 juillet 2017

Essentielle, l’alimentation des femmes lors de la grossesse conditionne, outre le bon déroulement de la
grossesse, la croissance du foetus voire celle du nourrisson, avec des conséquences sur la santé ultérieure de l’enfant.
Initié en 2001, le Plan national nutrition santé ou PNNS est un plan de santé publique visant à améliorer l’état de santé de la population en agissant sur l’un de ses déterminants majeurs, la nutrition. Il propose différents repères pour la population générale et des repères supplémentaires pour des populations spécifiques tellesque les femmes enceintes.
Des chercheurs de l’Inra, de l’Inserm et de l’Université Paris-Descartes ont évalué l’adéquation des consommations alimentaires des femmes enceintes vis-à-vis des recommandations du PNNS et identifié les principaux facteursdémographiques et socio-économiques associés.
Score PNNS et score grossesse
À partir du questionnaire en maternité de 14 051 femmes de l’Etude longitudinale française depuis l’enfance (Elfe), un score d’adéquation des apports vis-à-vis des recommandations adultes (score PNNS) et un score d’adéquation des apports vis-à-vis des recommandations spécifiques de la grossesse (score grossesse) ont été construits.
Le score PNNS moyen était de 7,8 pour un score maximal de 11 points et le score grossesse de 7,7 pour un
score maximal de 10, traduisant tous deux une bonne adéquation des pratiques aux recommandations adultes et aux recommandations spécifiques de la grossesse.
Les items du score PNNS les mieux suivis correspondaient aux consommations suivantes : féculents ; produits laitiers ; viandes, poisson, oeufs ; ratio matières grasses végétales/animales ; sucres ajoutés ; alcool ; eau et boisson sucrée et sel. Par contre, les items fruits et légumes ; aliments complets et poisson et produits de la mer obtenaient un score de 0,75 (bonne adéquation) pour moins de la moitié des femmes.
Les items du score grossesse pour lesquels la moitié des femmes avaient un score supérieur à 0,75 étaient les suivants : apport alimentaires en « folates », « calcium », « fer », « iode », « soja », « café/thé » et « fréquences des prises alimentaires ». Plus de la moitié (54 %) des femmes suivaient toutes les recommandations spécifiques pour la listériose, et seulement 21 % des femmes concernées par les mesures de prévention de la toxoplasmose appliquaient les deux recommandations (laver soigneusement les fruits et légumes surtout s’ils sont destinés à être consommés crus ; bien cuire la viande et le poisson).
Facteurs démographiques et socio-économiques
Les deux scores, celui valable pour les adultes en général et celui spécifique aux femmes enceintes étaient plus élevés lorsque les femmes étaient mariées, avec des revenus importants et un niveau d’études élevé.
Ils étaient également plus grands pour les femmes ayant assisté à un nombre important de cours de préparation à la naissance, et ils augmentaient avec l’âge des femmes.
Le score PNNS était plus élevé chez les femmes nées à l’étranger, vivant dans les régions sud de la France et pour celle ayant un diabète avant ou pendant la grossesse. D’autre part, le score grossesse était plus faible pour les femmes obèses avant la grossesse, ayant un grand nombre d’enfants et ayant suivi peu de consultations prénatales.
Ces travaux apportent des élément inédits pour mieux comprendre les facteurs socioéconomiques et
démographiques associés aux comportements alimentaires des femmes enceintes, au regard des normes nutritionnelles. Ils ouvrent des perspectives intéressantes pour orienter au mieux les programmes de prévention et d’éducation à la santé notamment auprès des femmes les plus jeunes et les moins éduquées voire auprès des femmes multipares.
Kadawathagedara M., Kersuzan C., Wagner S., Tichit C., Gojard S., M.A., Lioret S. et de Lauzon-Guillain B. 2017. Adéquation des consommations alimentaires des femmes enceintes de l’étude ELFE aux recommandations du Programme national nutrition santé. Cahiers de nutrition et de diététique 52 : 78.