Les poules peuvent-elles percevoir les humains de manière positive ?

Et si les poules pouvaient, elles aussi, trouver du réconfort auprès des humains, comme les chiens ou les moutons ? Une étude récente montre que certaines interactions avec les humains apaisent les poules et améliorent leur bien-être. Cependant, des différences marquées sont observées selon la race et les modalités de ces interactions.

Publié le 08 juillet 2025

© INRAE

Chez certains mammifères domestiques en situation de stress, les humains peuvent jouer un rôle rassurant. Qu’en est-il des oiseaux, notamment les poules ? Une étude récente s’est penchée sur cette question : les poules peuvent-elles percevoir les humains comme des figures positives, et non simplement comme des sources de stress ?

Pour le savoir, les chercheurs ont travaillé avec deux races de poules pondeuses : les Lohmann LSL Classic (à plumes blanches, plus actives et nerveuses) et les Lohmann Brown Classic (à plumes brunes, plus dociles et plus calmes). Les poules ont été soumises, pendant 13 jours, à trois types d’interaction humaine :

  • Pas de contact (noC) : peu d’interactions avec l’être humain.
  • Contact visuel (CVis) : une personne (toujours la même), entrait dans le poulailler chaque jour pendant une à deux minutes sans toucher les animaux.
  • Contact physique (CPhys) : toutes les poules étaient doucement manipulées et caressées chaque jour, pendant une durée équivalente, par la même personne.

Les effets de ces interactions ont ensuite été évalués à l’aide de tests comportementaux et cognitifs.

Des poules plus calmes en présence de l’humain

Le test de séparation-réunion consistait à placer chaque poule seule dans une pièce inconnue, puis à y faire entrer la personne concernée par CVis et CPhys. Les résultats sont nets : les poules ayant reçu un contact physique (CPhys) montraient plus de comportements calmes et étaient plus exploratrices en présence de l’humain. À l’inverse, les poules du groupe noC ont exprimé davantage de comportements liés au stress. Les poules brunes étaient globalement plus calmes et plus proches de l’humain et que les blanches.

Des poules plus faciles à attraper

Un test de capture a ensuite été réalisé : combien de tentatives faut-il pour attraper chaque poule ? Résultat : les poules du groupe CPhys, en particulier les brunes, étaient plus faciles à capturer. Les blanches et celles du traitement noC étaient plus fuyantes, ce qui complique le travail de manipulation en élevage.

Des poules capables de suivre un geste humain

Enfin, un test cognitif a permis d’évaluer la capacité des poules à repérer de la nourriture à l’aide d’un geste de pointage humain. Certaines poules du groupe CPhys, notamment les brunes, ont réussi à suivre la direction indiquée par l’humain et à trouver la récompense. Cela suggère que l’interaction positive facilite l’attention aux signaux humains.

Une relation humain-animal à revaloriser

Cette étude montre que les poules ne sont pas indifférentes à la qualité du contact humain. Certaines peuvent même trouver du réconfort en sa présence, à condition d’avoir vécu des expériences positives au préalable. Cela ouvre des perspectives intéressantes pour l’élevage : un contact humain régulier, même bref, peut favoriser le bien-être animal tout en simplifiant certaines tâches pour les éleveurs.

La race joue aussi un rôle clé : les races réputées plus dociles, semblent mieux disposées à établir une relation positive avec l’humain. Adapter les pratiques selon la sensibilité des animaux pourrait ainsi améliorer la qualité de vie en élevage, pour les animaux comme pour les humains.

Une recherche qui se poursuit : Ces résultats ouvrent la voie à de nouvelles recherches. Grâce au soutien de l’ANR via le projet CADO (Adaptations cognitives des oiseaux domestiques), les travaux vont se poursuivre pour mieux comprendre comment la domestication et la sélection ont façonné la perception des poules, que ce soit de leur environnement, de leurs congénères ou de l’humain.

Références : Ferreira, V.H.B.; Calesse, E.; Dumontier, L.; Cornilleau, F.; Lemarchand, J.; Foreau, A.; Quentin, M.; Lansade, L.; Tallet, C.; Boivin, X.; Calandreau, L., 2025. Chickens perceive humans as social buffers and may follow human-given cues: A pilot study. Poultry Science, 104 (7): 10. - https://doi.org/10.1016/j.psj.2025.105203

Sylvie André

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