OPTIMISTII : une stratégie innovante contre la mouche Drosophila suzukii

Face à la menace grandissante de la mouche Drosophila suzukii sur les vergers de cerisiers et au potentiel retrait de certains pesticides chimiques en Europe, le projet OPTIMISTII propose une solution biologique innovante pour les producteurs. En combinant deux techniques de stérilisation des mâles, ce projet piloté par INRAE, vise à limiter efficacement et durablement la reproduction de ce ravageur. 

Publié le 11 septembre 2025

© INRAE, Jean-Yves Rasplus

Contrôler la mouche Drosophila suzukii, un insecte venu d’Asie qui ravage les cultures de cerises et de petits fruits (fraise, framboise, myrtille, prune...), est devenu un enjeu majeur pour les producteurs. Cette mouche invasive provoque de lourdes pertes car elle ne rencontre pas en Europe de prédateurs naturels capables de réguler efficacement sa population. Face au retrait progressif des pesticides chimiques, le projet OPTIMISTII1, piloté par INRAE et financé par le PARSADA2, propose une méthode innovante et respectueuse de l’environnement.

Les chercheurs du projet OPTIMISTII proposent de combiner deux techniques complémentaires pour limiter la reproduction de cette mouche dévastatrice. La première, appelée technique de l’insecte stérile (TIS), consiste à lâcher des mâles rendus stériles par irradiation aux rayons X. La seconde, dite technique de l’insecte incompatible (TII), utilise la bactérie Wolbachia, naturellement présente chez la drosophile, pour stériliser les mâles. En associant ces deux approches, il serait possible de réduire la dose d’irradiation de D. suzukii et ainsi préserver la vitalité des mâles lâchés, afin qu’ils rivalisent plus efficacement avec les mâles sauvages.

Le projet OPTIMISTII vise à lever plusieurs verrous scientifiques et techniques. Les scientifiques doivent, avant tout, être en mesure de produire massivement et avec des coûts réduits, des mâles stériles compétitifs. Il est notamment nécessaire, pour cela, de développer une méthode de « sexage » automatique permettant de séparer les mâles des femelles, afin de ne relâcher que des mâles stériles. Le projet prévoit également de développer un marquage génétique des mâles pour suivre les lâchers expérimentaux sur le terrain et simuler, via la modélisation, l’impact de cette stratégie dans les vergers de cerisiers. 

En impliquant étroitement les professionnels de la filière, le projet OPTIMISTII a pour ambition avec le CTIFL3 de poser les bases scientifiques et techniques d’un futur déploiement à grande échelle de cette nouvelle stratégie de lutte contre D. suzukii. Ce projet pourrait ainsi offrir une solution durable pour protéger les cultures de petits fruits, tout en réduisant l’usage de produits chimiques et en préservant l’équilibre des écosystèmes agricoles.

 

1 OPTIMISation du contrôle de Drosophila suzukii via une synergie entre Technique de l’Insecte Stérile et Technique de l’Insecte Incompatible
2 Plan d’action stratégique pour l’anticipation du potentiel retrait européen des substances actives et le développement de techniques alternatives pour la protection des cultures
3 Centre Technique Interprofessionnel des Fruits et Légumes

Arnaud Ridel

Rédacteur

Département Santé des Plantes et Environnement

Contacts

Nicolas Rode

Chercheur

Centre de Biologie pour la Gestion des Populations (CBGP)

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