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Avec Muriel Mercier-Bonin, le plastique n’est plus fantastique

Muriel Mercier-Bonin est directrice de recherche INRAE et directrice adjointe du laboratoire de Toxicologie alimentaire (Toxalim) du centre INRAE Occitanie-Toulouse. Elle étudie l'impact des micro et nanoplastiques sur la santé humaine avec un focus sur l’écosystème intestinal. Et elle mobilise activement son expertise en appui aux politiques publique à l’échelle nationale et internationale.

Publié le 07 novembre 2025

Comment êtes-vous arrivé à INRAE ?

Muriel Mercier-Bonin : « Diplômée de l’école d’ingénieurs INSA Toulouse, j’ai effectué une thèse en microbiologie-biotechnologie (aujourd’hui Toulouse biotechnologie institute - TBI). Puis en 1998, j’ai été recrutée dans ce même laboratoire en tant que chargée de recherche, pour poursuivre des travaux sur les mécanismes d'interaction entre les micro-organismes et les surfaces. De 2012 à 2014, j’ai rejoint l'Institut Micalis à Jouy-en-Josas pour étudier le rôle structural et fonctionnel du mucus. Ces expériences combinées m’ont amenée à rejoindre le laboratoire Toxalim en 2014 où je suis devenue directrice de recherche en 2019. »

Quel est votre sujet de recherche ?

M. M-B. : « Au sein de l’équipe neuro-gastroentérologie & nutrition j’anime une thématique de recherche autour de l’impact de contaminants alimentaires émergents, plus particulièrement les micro et nanoplastiques, sur la fonction barrière de l’intestin, intacte ou fragilisée par un stress psychologique ou nutritionnel. Je m’intéresse plus particulièrement au mucus intestinal qui est un gel protecteur qui tapisse notre épithélium et qui permet d’assurer un rôle de protection par rapport aux agressions chimiques (micro et nanoplastiques) ou environnementales. Je vais par exemple regarder comment un contaminant alimentaire peut venir interagir avec cette fonction barrière de l’intestin et quelles protections se mettent en place par rapport à ce contaminant.

Pour connaitre l’impact des micro et nanoplastiques, il faut arriver à les détecter et à les quantifier dans des fluides ou des tissus biologiques, notamment au niveau de l’intestin. Pour cela, j’interagis avec des collègues qui s’intéressent plus particulièrement aux techniques analytiques permettant de détecter ces micro et nanoplastiques, sachant que les nanoplastiques peuvent franchir certaines barrières biologiques. J’apprécie ce travail interdisciplinaire notamment car je crois beaucoup en l’intelligence collective, au fait de travailler différemment en considérant que l’autre est une ressource plutôt qu’un concurrent.

Dans le cadre de projets, que je coordonne ou auxquels je participe, j’encadre des doctorantes et doctorants, comme Chloé Liebgott avec le projet NanoPlastX financé par l’ANSES. Elle étudie l’exposition à des nanoplastiques présents dans l'alimentation en analysant leur devenir, les transformations physico-chimiques et la toxicité sur la sphère digestive. Je supervise également la thèse de Mélanie Mobley pour le projet européen ICEBERG, sur l’impact toxicologique des nanoplastiques et autres polluants, notamment ceux présents dans l’environnement de l’Arctique européen, sur l'axe intestin-foie à l'aide de modèles cellulaires in vitro. J’aime transmettre et c’est donc une activité que j’exerce avec beaucoup de plaisir. »

Avez-vous des missions complémentaires ?

M. M-B. : « Depuis janvier 2024, je suis directrice adjointe du laboratoire et travaille en étroite collaboration et en complémentarité avec Hervé Guillou le directeur. La principale mission qui m’a été confiée est la préparation et la rédaction du dossier d’évaluation du laboratoire pour le Haut conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (Hcéres). Grâce à mon expérience de 2 ans en tant que conseillère scientifique pour le Hcéres, je peux faire bénéficier le laboratoire de ma bonne connaissance du processus d’évaluation. Afin de préparer le dossier d’évaluation, j’ai organisé avec la commission pour la cohésion du collectif de Toxalim, deux jours de retraite en novembre 2024 avec tous les agents volontaires du laboratoire. Ce moment a permis de créer une véritable dynamique collective !

Je participe aussi activement à des projets d’appui aux politiques publiques. Par exemple, j’ai copiloté une expertise scientifique collective INRAE/CNRS sur les usages et impacts des plastiques en agriculture et pour l’alimentation, dont les conclusions ont été rendues en mai dernier. Cet été, j’ai pris part à la session de négociation (comité intergouvernemental de négociation 5.2) du Traité mondial sur les plastiques qui a eu lieu à Genève. Avec d’autres collègues français provenant de différents organismes comme INRAE et le CNRS, je suis membre de la Coalition des scientifiques pour un traité efficace sur les plastiques, réunissant plus de 450 scientifiques de plus de 65 pays. Notre rôle est de combler l’absence d’organe scientifique officiel en apportant une expertise rigoureuse, indépendante et immédiatement utilisable dans le cadre des négociations. »

Et après le bureau ?

M. M-B. : « Je pratique la gym suédoise avec mes copines ! Et non, ces cours ne sont pas animés par de grands blonds suédois, il s’agit simplement de séance de fitness dans une ambiance fun et conviviale. Je suis également une spectatrice assidue de la Compagnie du Grenier de Toulouse, qui propose principalement du théâtre. Plus généralement, j’apprécie la danse, la musique classique… l’art sous toutes ses formes, en somme. »

Mini CV

  • Depuis janvier 2024 : Directrice adjointe, Toxalim, Toulouse
  • 2019 : Directrice de recherche INRAE, Toxalim, Toulouse
  • 1998 : Chargée de recherche INRAE, LBB (TBI), Toulouse
  • 1997 – 1998 : Attachée temporaire d'enseignement et de recherche, LBB (TBI), Toulouse
  • 1994 – 1997 : Thèse en microbiologie-biotechnologie au Laboratoire biotechnologie -bioprocédés (LBB), aujourd’hui Toulouse biotechnology institute (TBI), Toulouse
  • 1994 : Diplôme d’ingénieur de l’INSA Toulouse