Inauguration d’URTILAB : Un laboratoire original pour étudier les insectes urticants

Le 19 septembre, URTILAB, nouveau laboratoire conçu pour mener des recherches en conditions contrôlées sur les insectes urticants, en particulier sur les chenilles processionnaires du pin et du chêne, a été inauguré sur le site d’Orléans/Ardon du centre INRAE Val de Loire. Financé par INRAE et la Région Centre-Val de Loire, cet équipement permettra aux chercheurs de mieux comprendre comment des déséquilibres environnementaux d’origine humaine peuvent favoriser l’impact sanitaire de ces espèces. Il vient compléter les infrastructures disponibles en région en matière d’étude des insectes.

Publié le 22 septembre 2025

© INRAE

Légende de la photo : Anne Besnier, Vice-Présidente déléguée à l’Enseignement supérieur, à la recherche et à l’innovation de la Région Centre-Val de Loire, Marc Guérin, Président du centre INRAE Val de Loire et Stéphane Cordier, Délégué régional académique à la recherche et à l'innovation

 

Un enjeu de santé publique et de biodiversité

En France ultramarine et métropolitaine, 55 espèces de papillons sont réputées pour être urticantes au stade chenille (ANSES, 2023). En métropole, des chenilles urticantes peuvent se rencontrer dans des forêts de conifères, des forêts de feuillus ou des haies bocagères mais aussi en ville sur des arbres et des arbustes ornementaux ou fruitiers, voire sur le lichen des toitures et terrasses.

Entre 2012 et 2018, le nombre de dossiers ouverts suite à un appel à un centre antipoison a approximativement triplé (ANSES, 2020), et deux espèces, les processionnaires du pin et du chêne, sont de très loin responsables du plus grand nombre d’expositions accidentelles.

Ces espèces ont été inscrites en avril 2022 au Code de la Santé Publique en tant qu’espèces à enjeux pour la santé humaine.

En effet, elles libèrent des poils urticants dans leur environnement qui peuvent atteindre la peau, les yeux, les voies respiratoires et les voies digestives chez l’être humain et les animaux domestiques. Ils entrainent des réactions allant de la simple urticaire au choc anaphylactique, sans nécessiter un contact direct avec la chenille.

Changement climatique, intensification des échanges commerciaux et urbanisation sont des phénomènes planétaires qui modifient l’équilibre des écosystèmes et qui ont, selon les espèces, un rôle supposé ou démontré dans leur prolifération. Comprendre ces processus, tout comme développer et évaluer de nouvelles méthodes de gestion respectueuses de l’environnement, demandent de manipuler un grand nombre d’échantillons contaminés. Le financement par INRAE et la Région Centre-Val de Loire (CPER Valopat) permet aujourd’hui de mettre à disposition des chercheurs une infrastructure de taille modeste mais aux capacités expérimentales uniques en Europe.

Anne Besnier, Vice-Présidente déléguée à l’Enseignement supérieur, à la recherche et à l’innovation de la Région Centre-Val de Loire et Patrick Flammarion, Directeur délégué à l’expertise et à l’appui aux politiques publiques d’INRAE, dévoilent la plaque inaugurale du nouveau laboratoire

Le fonctionnement d’URTILAB

Le principe de ce laboratoire repose sur :

  • 4 zones indépendantes divisées selon différents risques d’urtication ;
  • un système de passe-plats pour transférer des échantillons biologiques ou du matériel entre zones en minimisant les risques de contamination ;
  • un système de flux d’air spécifique à chaque zone pour prévenir la circulation et l’accumulation de poils urticants ;
  • une combinaison d’outils pour la décontamination du matériel et des locaux (par la chaleur et/ou par lessivage.

Le personnel pourra alors conditionner les échantillons dans une zone réservée au risque maximal de contamination, en portant un équipement de protection individuelle spécifique, et transférer ces échantillons dans la zone d’expérimentation où ils pourront être réceptionnés sous flux d’air pour procéder à une décontamination adaptée. Dans cette zone indépendante, le personnel pourra mener des expérimentations en conditions contrôlées (e.g., dans des enceintes climatiques ou bains thermorégulés) en ne portant que des équipements de protection classiques de laboratoire. En cas d’incident, la zone pourra être facilement décontaminée.

Un maillon important au milieu de la chaîne complète d’étude des insectes étudiés à l’Unité de recherche de zoologie forestière

Ce laboratoire viendra compléter les études déjà conduites dans le laboratoire de biologie moléculaire, dans le laboratoire de quarantaine pour l’étude des insectes exotiques, dans la pépinière, et sur le terrain (observations, prélèvements, et expérimentations) en lien avec les différents partenaires de l’unité de recherche.

Il permettra de monter en puissance sur les expérimentations en conditions contrôlées sur les stades urticants, afin de répondre à la fois à des questions scientifiques (en lien avec le changement climatique) et appliquées (en lien avec les méthodes de lutte et les risques d’urtication).

Le laboratoire en bref :

  • Objectif : manipuler les insectes urticants tout en protégeant la santé du personnel et augmenter les capacités expérimentales
  • Superficie : 110 m²
  • Financeurs : INRAE et Région Centre-Val de Loire (CPER Valopat), DRARI
  • Calendrier : 2019 : dépôt du projet – 2024 : début des travaux – 2025 : fin des travaux et inauguration
  • Projet porté par : l’Unité de Recherche de Zoologie Forestière (URZF) – INRAE Val de Loire – département ECODIV

 

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