Alimentation, santé globale 4 min
Un hêtre, des êtres ! Un court métrage sur l'évolution dirigée chez Bacillus subtilis primé au festival Pariscience
Irène Tanneur (Ira), en thèse à INRAE, et les réalisateurs Kareen David et Nicolas Queinec, ont relevé le défi de scénariser et réaliser un court métrage en 48 h sur le sujet de thèse d'Ira : l'étude des taux de mutation chez la bactérie Bacillus subtilis, pour le festival international du film scientifique Pariscience.
Publié le 07 décembre 2022
Le festival Pariscience propose chaque année une sélection de films pour tous publics sur des thématiques scientifiques variées. Dans ce festival, le concours Symbiose est une compétition de courts métrages réalisés pendant le festival.
Le principe ? Des binômes (ou trinômes) jeune scientifique/jeune(s) pro(s) du cinéma doivent réaliser en 48 h un film de 3 à 5 min. Pour ajouter de la difficulté à l’exercice, ces équipes ne se connaissent pas en amont et sont tirées au sort juste avant le début du concours.
Ira va faire équipe pour 48 h avec deux jeunes pros du cinéma : Kareen David (réalisatrice) et Nicolas Queinec (réalisateur et ancien étudiant à l'Institut francophone de formation du cinéma animalier de Ménigoute, IFFCAM), pour réaliser le court métrage « Un hêtre, des êtres » sur son sujet de thèse.
La tête qu'ils ont fait quand ils ont compris qu'il n'y aurait rien à filmer !
En premier lieu, pour faire connaissance, Ira a exposé son sujet de thèse à Nicolas et Kareen : « La tête qu'ils ont fait quand ils ont compris qu'il n'y aurait rien à filmer ! Il y eu 20 minutes de flottement. » Pas simple pour ces deux novices dans le monde invisible des bactéries et de la biologie moléculaire.
« Qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire ? Nous avions tous les trois envie de faire quelque chose de décalé, pas une interview. » Finalement, ils ont écrit le scénario dans les 12 premières heures du concours, avec quelques modifications pendant le tournage. L’équipe disposait ensuite de 12 h pour le tournage dans le labo, avec l'aide des cadreurs Emmanuel Frey et Malia Chaton et le renfort des collègues de l'unité mixte de recherche MICALIS, qui ont accepté avec patience de jouer dans le film. « Comme il est difficile de mettre des mécanismes microscopiques en images, en particulier dans un laps de temps aussi court, nous avons choisi faire une représentation non réaliste : des bonbons pour faire les bactéries, des personnes pour les protéines, des dessins sur les bonbons pour les mutations génétiques. »
Il restait une deuxième nuit blanche et une journée pour le sprint final : dérusher, monter le film, enregistrer et ajouter la voix off du comédien David Chenaud. Le court métrage « Un hêtre, des êtres » est dans la boîte !
Des bonbons bactéries, des personnes protéines et des mutations en dessin
Mention spéciale du jury
Enfin le public a découvert les 6 courts métrages en compétition. Le jury récompense « Un hêtre, des êtres » avec la mention spéciale du jury.
« À la projection , nous étions très fiers du court métrage. Nous avons pris conscience qu'il était possible de faire en 48 h, un beau court métrage pour expliquer ma thèse en 3 minutes 30. J’ai préparé en amont pour exposer avec clarté mon sujet de thèse aux pros du cinéma, et de leur côté, les réalisateurs ont su apporter un autre point de vue, je n'aurais pas du tout pensé au ton qu'ils ont su proposer pour le film. »
Un hêtre des êtres est le fruit d'un beau travail collectif qui montre tout l'intérêt de croiser des regards et permettre de donner à voir le travail de jeunes scientifiques et professionnels du cinéma au plus grand nombre.
Une thèse avec une approche de biologie des systèmes !
" Mon sujet de thèse s’inscrit dans un projet visant à la mise en place d’un système d’évolution dirigée avec la bactérie modèle Bacillus subtilis. Les méthodes d’évolution dirigée permettent d’adapter une biomolécule, souvent une protéine, à un usage particulier, en les faisant muter. Les taux de mutation sont naturellement bas. Ici, pour accélérer l’évolution dirigée, nous avons augmenté la fréquence à laquelle les mutations de l’ADN apparaissent chez la bactérie. Pour cela, nous avons inactivé deux systèmes de réparation des mutations naturellement présents chez la bactérie, soit individuellement, soit les deux en même temps.
Ce travail prend place dans une approche de biologie des systèmes, un domaine qui vise à la modélisation des systèmes biologiques, au sein des départements MICA et MAthNum"
Ira Tanneur