Société et territoires 3 min

Gestion coopérative du contrôle biologique : une affaire de parcellaire agricole

En gérant leurs assolements en commun, des agriculteurs voisins peuvent bénéficier collectivement d’un service de contrôle biologique accru, mais certains agriculteurs peuvent y perdre

Publié le 22 juin 2020

illustration Gestion coopérative du contrôle biologique : une affaire de parcellaire agricole
© J Baudry

En agriculture, le contrôle biologique est un service rendu par des organismes auxiliaires comme les carabes des cultures. Ce service est supposé réduire la pression des ravageurs des cultures. Si celui-ci est optimisé, il doit permettre aux agriculteurs de réduire leur utilisation de pesticides. La densité de carabes dans les parcelles dépend de la configuration du paysage. De grandes longueurs d’interfaces entre cultures d’hiver et de printemps permettent aux carabes d’accéder à des ravageurs pendant toute leur période d’activité. Ainsi, des agriculteurs qui choisissent leurs assolements en commun pour augmenter ces interfaces devraient bénéficier d’un service de contrôle biologique accru.

De précédents travaux de simulations ont été réalisés sur des paysages très simplifiés avec des exploitations agricoles homogènes et des parcellaires groupés. Ces travaux montrent qu’une coopération entre agriculteurs est toujours bénéfique, et ce, pour tous les agriculteurs. Qu’en est-il dans des conditions de parcellaires d’exploitations éclatés et hétérogènes d’un paysage typique du Nord-Ouest de la France ? C’est tout l’enjeu de cette nouvelle étude basée sur une simulation réaliste de paysage. Dix agriculteurs choisissent leurs assolements afin de maximiser leur profit individuel quand ils ne coopèrent pas, ou, le profit collectif lorsqu’ils coopèrent. Les résultats soulignent qu’une coopération permet d’augmenter l’abondance de carabes. Le profit collectif est en moyenne supérieur de 4,2% dans la solution coopérative. Toutefois certains agriculteurs (dont les parcellaires ont peu d’interfaces avec les parcelles d’autres exploitations) ont des profits individuels plus élevés dans la solution non-coopérative. Si cette situation apparait, la solution coopérative ne peut exister : c’est le cas dans 85% des simulations engagées

En conclusion, bien que la solution coopérative soit bénéfique pour le groupe, la rationalité individuelle des agriculteurs empêche, le plus souvent, que la solution coopérative apparaisse. Des travaux futurs pourraient analyser ce qu’il adviendrait dans les cas où les agriculteurs réaliseraient des transferts compensatoires ou s’ils coopéraient dans de plus petits groupes.

 
Partenaires : cette étude a été menée par les unités SMART-LERECO (INRAE - AGROCAMPUS OUEST) et BAGAP (INRAE - AGROCAMPUS OUEST - ESA).

Financeurs : cette étude a été réalisée pendant la thèse de François Bareille, financée par la région Bretagne et le programme H2020 PROVIDE (n°633838).

Publication associée : Bareille, F., Boussard, H., & Thenail, C. (2020). Productive ecosystem services and collective management: Lessons from a realistic landscape model. Ecological Economics, 169 [in press]. https://doi.org/10.1016/j.ecolecon.2019.106482

 

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(extrait de l’article « Les cultures, habitats pour des carabes nomades » de la page département INRAE SAD 31/07/2013)

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