Effets bénéfiques de la chrononutrition sur les altérations de mémoire induites par une alimentation obésogène
L’adolescence est une période de vulnérabilité pour le cerveau qui est encore en maturation. De mauvaises habitudes alimentaires chez l’adolescent peuvent être particulièrement délétères et affecter des processus cérébraux comme la mémoire. Les chercheurs ont mené une étude pour savoir si la chrononutrition pouvait permettre de prévenir les déficits de mémoire.
Publié le 18 septembre 2025

Un modèle rongeur de consommation de régime obésogène pendant la périadolescence a été développé pour caractériser les troubles de la plasticité cérébrale et de la mémoire. Dans ce modèle, les chercheurs ont mis en place une intervention nutritionnelle, la chrononutrition, consistant à enlever l’accès à la nourriture lors de la phase inactive des souris. Ils ont comparé les gènes exprimés dans l’hippocampe des souris nourries avec un régime standard, un régime obésogène ad libitum ou bien avec un régime obésogène mais avec chrononutrition.Les chercheurs ont montré par diverses tâches comportementales que la restriction temporelle de l’accès à l’alimentation obésogène sur 14h par jour pendant 4 semaines est suffisante pour prévenir les troubles de mémoire associée à la consommation ad libitum d’une alimentation obésogène.
Ils ont pu observer qu’au niveau de l’hippocampe, la voie de signalisation des hormones thyroïdiennes jouait un rôle majeur dans les altérations de mémoire chez les souris soumises à un régime obésogène ad libitum et dans leur prévention par la chrononutrition.Les déficits de mémoire sont associés à une altération de l’expression des gènes régulant la neurotransmission du glutamate dans les astrocytes. L’expression de ces gènes ainsi que les performances de mémoire sont restaurées par une infusion de T3 (forme active de l’hormone thyroïdienne) dans l’hippocampe des souris sous régime obésogène ad libitum. La chrononutrition permet de restaurer l’expression circadienne de ces gènes astrocytaires, ce qui peut expliquer ses effets bénéfiques.Les chercheurs poursuivent les analyses sur ce modèle rongeur de consommation précoce d’alimentation obésogène afin de vérifier le lien mécanistique entre les hormones thyroïdiennes, la régulation de la neurotransmission glutamatergique dans les astrocytes de l’hippocampe et les performances de mémoire, et de comprendre plus précisément comment la chrononutrition permet de restaurer ces fonctions. En parallèle, ils mènent un essai clinique chez des adolescents obèses pour étudier la désynchronisation de l’alimentation par rapport aux rythmes circadiens ainsi que les effets sur l’humeur et la mémoire de la chrononutrition sur 4 semaines. La démonstration des effets bénéfiques de la chrononutrition sur la mémoire et la compréhension des mécanismes en jeu sont importants pour promouvoir chez l’adolescent l’établissement d’habitudes alimentaires respectant les rythmes circadiens

Référence : Helbling et al, Time-restricted feeding prevents memory impairments induced by obesogenic diet consumption, via hippocampal thyroid hormone signaling,
Molecular Metabolism, Volume 90, 2024, https://doi.org/10.1016/j.molmet.2024.102061 .