Comment le sucre affecte le cerveau et nos émotions ?
Lorsque nous mangeons, notre cerveau est en ébullition. Si l’on connaît depuis longtemps les conséquences de l’alimentation sur notre santé physique, l’impact sur notre cerveau et notre santé mentale l’est moins. Des chercheurs ont montré que les sucres peuvent agir directement sur le cerveau pour moduler des comportements comme les émotions.
Publié le 08 mars 2024

Comment les sucres affectent le cerveau ? Plus précisément, quels effets ont-ils sur les réseaux neuronaux et le contrôle des émotions ? Pour répondre à ces questions, les chercheurs ont mesuré plus spécifiquement l’effet de l’insuline sur le cerveau. L’insuline est une hormone produite lorsque l’on consomme des sucres et qui agit sur divers organes dont le cerveau. L’étude plus particulière des émotions était justifiée par le fait que des patients atteints de diabète présentant des défauts de la régulation insulinique voient une prévalence de la dépression et des troubles émotionnels accrue.
Grace à une combinaisons d’approches allant de la mesure de l’activité électrophysiologique de neurones à l’étude du comportement émotionnel, les chercheurs ont pu avoir une vision globale des effets de cette hormone sur le cerveau et le comportement émotionnel.
Les chercheurs ont montré que l’insuline module directement l’activité électrique des neurones sérotoninergiques du cerveau. Ces neurones qui libèrent la sérotonine, ou hormone de la « bonne humeur », sont la cible principale des antidépresseurs. Les chercheurs ont montré également que, dans un modèle murin, l’action de l’insuline sur les neurones sérotonines diminue les comportements de type anxieux des animaux et améliore la réponse aux antidépresseurs. Enfin, ils ont montré que l’insuline n’est plus capable de moduler l’activité de ces neurones et de diminuer l’état anxieux d’animaux alimentés par une alimentation hypercaloriques riche en gras et en sucre et présentant des symptômes associés au diabète.
Ces travaux ouvrent notamment la voie à l’amélioration de la prise en charge des patients diabétiques qui présentent des défauts d’action de l’insuline. Au-delà de ces perspectives appliquées, c’est un pas supplémentaire dans la compréhension des effets des sucres sur le cerveau. Les résultats soulignent les effets bénéfiques de la consommation de sucre sur le cerveau mais démontrent également qu’une mauvaise hygiène alimentaire à base de produits gras et sucrés induit des troubles métaboliques, ce qui affecte le cerveau, impacte l’action de l’insuline et les émotions.
Référence : doi: 10.1038/s41380-022-01812-3.
Ces travaux ont été menés dans le cadre du Réseau de recherche international food4brainhealth.