Société et territoires 2 min
La compétitivité des filières animales françaises
La France est de plus en plus concurrencée dans ses exportations de produits animaux et ne tire que peu de bénéfices de la hausse de la demande mondiale. Les chercheurs INRAE de l’Unité Mixte de Recherche Smart-Lereco ont décortiqué l’évolution de la compétitivité des filières animales et identifié des leviers pour l’améliorer.
Publié le 18 février 2020
Bien que la demande alimentaire mondiale ne cesse de croitre, la France a du mal à maintenir l’attractivité de ses produits sur les marchés internationaux. Depuis 2012, les exportations de produits agricoles et agroalimentaires augmentent d’à peine 1% par an. Longtemps sur le podium des pays exportateurs, la France se voit reléguée, depuis 2016, à la 6e place. Même au sein de l’Union Européenne, la France ne parvient pas à maintenir ses positions. Sa part de marché, sur les productions animales, est passée de 14,9% sur la période 2000 à 2009 à 9,6% en 2017. Le projet de recherches COMPANI, pour COMPétitivité des filières ANImales apporte un éclairage nouveau sur la question de la compétitivité des produits animaux français. En associant plusieurs méthodes de recherche et différents niveaux d’analyse, les chercheurs de l’UMR Smart-Lereco ont analysé les évolutions de la compétitivité des filières animales à l’international, ainsi que les différentes dimensions de cette compétitivité, afin d’objectiver la réalité de son érosion et d’identifier les leviers d’actions pour y remédier.
Une perte de compétitivité qui s’explique par des causes multiples
Depuis quinze ans, le solde de la balance commerciale française en productions animales est resté stable. La hausse des importations est venue compenser l’accroissement des exportations. Cette stabilisation masque un double mouvement avec, d’un côté, une nette détérioration du solde avec l’Union Européenne et, de l’autre, une amélioration de celui avec les pays tiers. Le déséquilibre croissant entre l’offre et la demande de produits animaux dans les pays asiatiques, notamment la Chine, stimulent les échanges, ce dont bénéficie la France. Mais, à l’inverse, l’Hexagone peine à maintenir ses positions commerciales avec ses principaux partenaires européens.
Cette baisse d’attractivité questionne d’autant plus que d’autres pays européens connaissent, sur la même période, des trajectoires de développement diamétralement opposées. Comme en Allemagne, Irlande, Pays-Bas ou Pologne où le solde de la balance commerciale s’améliore.
« Les écarts de compétitivité-coût (coût du travail, écart de productivité) contribuent à l’érosion des performances de la France à l’international. Il faut aussi noter l’importance de la composante hors-prix (qualité des produits, réseaux de distribution) pour expliquer la perte de compétitivité des filières animales », souligne Stéphane Turolla