Chantal Le Mouël distinguée par l’EAAE Fellow Award pour sa contribution à l’avancement de l’économie agricole en Europe

L’EAAE Fellow Award distingue des chercheurs et chercheuses ayant marqué leur discipline par l’excellence de leurs recherches, ainsi que par leur engagement dans l’enseignement, le pilotage scientifique et l’action au service de la profession. L’attribution de ce prix à Chantal Le Mouël salue sa contribution à la communauté scientifique européenne. Sa carrière se décline en deux cycles : vingt années de recherche en économie et dix années mêlant gestion et animation de la recherche et activité intense d’expertise et d’appui aux politiques publiques, débouchant sur une nouvelle vague de recherche interdisciplinaire sur les transitions agricoles et alimentaires.

Les politiques agricoles et le commerce international au cœur de ses recherches

Les premières années de sa carrière sont consacrées à deux thèmes principaux : l’économie internationale et les barrières aux échanges d’une part, l’analyse et l’évaluation de la Politique agricole commune (PAC) et de ses réformes d’autre part. Dans les deux thèmes, ses travaux s’appuient largement sur des modèles de marchés et d’échanges, et s’inscrivent souvent en lien direct avec des opérations d’expertise auprès des décideurs publics. Ainsi, ses travaux sur les barrières aux échanges et les négociations internationales à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ont été menés avec la Commission européenne, puis avec l’Agence française de développement (AFD). Tandis que son passage au Commissariat général du Plan, puis à l’OCDE, l’a amenée à travailler sur les réformes de la PAC, du découplage des aides jusqu’à l’impact du soutien sur les marchés fonciers et les structures agricoles. Ces expériences ont confirmé son rôle d’experte auprès des décideurs, tout en nourrissant ses travaux académiques.

De l’expertise à l’interdisciplinarité : penser la transition des systèmes alimentaires

De l’analyse du commerce international à la prospective sur l’agriculture sans pesticides et les travaux sur l’essor de la bio, Chantal Le Mouël a constamment allié rigueur scientifique et engagement pour éclairer les choix collectifs.

À partir des années 2010, son activité s’est orientée vers des travaux alliant plusieurs disciplines et centrés sur les transformations de l’agriculture et de l’alimentation, avec un focus particulier sur l’usage des terres. Elle a coordonné plusieurs projets de recherche sur ce sujet, notamment avec l’ADEME, et piloté ou contribué à plusieurs opérations portées par la Direction de l’expertise, de la prospective et des études (DEPE) d’INRAE, parmi lesquelles la prospective Agrimonde-Terra (2012‑2017) sur des scénarios globaux d’usage des terres et de sécurité alimentaire, et plus récemment la prospective Agriculture européenne sans pesticides chimiques en 2050 (2020-2022). L’élargissement de ses travaux l’a amenée à développer une approche interdisciplinaire, croisant économie, agronomie et sciences de l’environnement.

Ses recherches actuelles associent modèles économiques et biophysiques pour évaluer les compromis entre production agricole, durabilité environnementale et santé liée à l’alimentation. Elles s’illustrent notamment à travers le projet emblématique du métaprogramme INRAE Métabio, consacré à l’expansion de l’agriculture biologique à grande échelle en Europe et à ses impacts sur les émissions de gaz à effet de serre, en Europe et au niveau mondial. Chantal Le Mouël cherche à éclairer les choix collectifs nécessaires à la transition durable des systèmes agricoles, en France, en Europe et à l’échelle internationale.