Alimentation, santé globale 3 min
Bien vieillir grâce à une alimentation adaptée n’a pas d’âge
Le projet RéseautAGE porté par des scientifiques de l’Unité de Nutrition Humaine (UMR 1019 INRAE-UCA) vise à initier un réseau nutrition-santé pour le développement de la recherche participative chez les séniors dans le département du Puy-de-Dôme, en fédérant un maximum d’acteurs impliqués dans la nutrition-santé des 55 ans et plus. Pour cela, la rencontre avec les acteurs et les séniors du territoire s’impose ! Une première après-midi interactive s’est déroulée mardi 22 novembre 2022 mêlant ateliers et table-ronde, dont chacun est reparti largement rassasié tant les échanges étaient riches.
Publié le 09 décembre 2022
La table-ronde donnait la parole à différents acteurs engagés dans le vieillissement et la nutrition préventive. Comme le précisait Marie Blanquet, médecin généraliste à Mauriac « Il n’y a pas d’âge pour vieillir car notre vieillissement dépend de nombreux facteurs, de la façon dont nous nous sommes alimentés à l’adolescence par exemple », et Didier Rémond, chercheur INRAE d’ajouter « Avec un vieillissement réussi, l’âge biologique peut être bien inférieur à l’âge chronologique ».
Les idées reçues ont la vie dure !
L’adulte âgé n’a pas besoin de moins manger, mais d’une alimentation adaptée. A cela s’ajoute tout un ensemble de facteurs extérieurs comme les idées reçues. Ils s’attaquent tantôt aux besoins nutritionnels tantôt à la fragilité qui s’installe en vieillissant. « On est tous fragiles à différents moments de notre vie, souligne Marie Blanquet. Mais la fragilité détient ce point fort d’être réversible via une alimentation saine mais également grâce à l’activité physique. »
En parlant de fragilité, il est également important de s’intéresser de près à la mastication comme le précise Frédéric Raynaud, directeur d’Aésio, Mutualité française Loire – Haute-Loire – Puy-de-Dôme, « c’est peu connu, mais en termes de prévention, quand on travaille sur la nutrition adaptée, il faut s’intéresser à la santé bucco-dentaire, à la fois pour la digestion des aliments mais aussi pour le lien social. ». La mastication a justement fait l’objet d’un atelier de démonstration proposé par le CROC (Centre de Recherche en Odontologie Clinique de l’UCA) à l’occasion de la demi-journée, de quoi balayer largement l’approche nutrition-santé, pointant ainsi la nécessité réelle d’une alimentation adaptée. D'autres ateliers autour de la nutrition préventive sur mesure ont été proposés par différents acteurs de RéseautAGE à des séniors de tout le département en fonction de leurs habitudes alimentaires et capacités physiques (voir photos ci-dessous).
Quand la réponse à l’alimentation varie selon les individus
Si plusieurs études ont montré que les recommandations personnalisées peuvent s’avérer plus efficaces, car elles prennent en compte les spécificités individuelles, il reste à déterminer comment cela est applicable aux séniors. Fort de ce constat, les chercheurs de l’UNH démarreront prochainement deux études qui permettront d’explorer la variabilité des participants de plus 55 ans en termes de réponse à l’alimentation, en prenant notamment en compte leur statut et leur vécu. Ce projet de recherche participative mobilisera un réseau d’acteurs locaux pour faire participer des citoyens volontaires de diverses conditions et lieux de vie, car « mieux connaître la diversité des plus de 55 ans est vraiment la clé pour développer une nutrition préventive personnalisée et adaptée aux territoires», précise Claudine Manach, chercheure à l’UNH. Et d’ajouter « Notre recherche évolue : la société a toujours besoin de nouvelles recherches mais la recherche a également besoin de la société pour mener les recherches. Cette recherche participative est une nouvelle façon de faire, qui rassemble les citoyens et les scientifiques autour d’un projet. ReseautAGE s’inscrit totalement dans cette dynamique. »
« Mieux connaître la diversité des plus de 55 ans est vraiment la clé pour développer une nutrition préventive personnalisée », Claudine Manach (UNH)
Pour cela, ReseautAGE s’appuie sur le soutien de structures à grand rayonnement, comme les collectivités territoriales ou des partenaires de santé et de prévoyance, mais également des petites structures engagées dans la nutrition-santé et le vieillissement, qui permettent d’accéder à des personnes motivées sur le territoire. « Des personnes motivées il y en a, précise Nathalie Guillot, vice-présidente de la communauté de communes Mond’Arverne, membre du réseau. Il est nécessaire d’être acteur de sa retraite, et pour cela on peut aussi trouver de l’accompagnement. » Et Nathalie Guillot de compléter son propos en présentant le travail de portage de repas effectué sur son territoire : « la mise en place de plateau repas équilibré par Mond’Arverne Communauté a fait le fruit d’une réflexion collective pour proposer des plateaux mêlant saveurs, plaisirs et traditions, avec des menus aux choix ». Si cette opération est un succès, il y a malgré tout du travail de proximité à maintenir, car le vieillissement est souvent mal considéré.
Au final, témoins de la table-ronde et orateurs s’accordent pour dire qu’il est important de lutter contre les stéréotypes du vieillissement, de positiver les messages de prévention et de créer de l’envie et du lien social afin que le plus grand nombre s’engage dans le bien-vieillir au plus tôt. La conclusion des échanges a donc permis de montrer que s’intéresser à son vieillissement via une alimentation préventive n’a pas d’âge !
Lien vers le site web de RéseautAGE https://reseautage.uca.fr/
