Troubles alimentaires liés aux régimes à répétition : rôle clé du microbiote

COMMUNIQUÉ DE PRESSE - Pour la première fois, preuve est donnée du rôle clé du microbiote dans le risque d’apparition de troubles du comportement alimentaire liés à la répétition de régimes restrictifs qui s’accompagnent de reprises de poids. Des scientifiques d’INRAE, du CNRS, de l’Université de Rennes et de l’Université Bourgogne Europe montrent à travers une étude préclinique que ces restrictions entraînent le développement d’hyperphagie boulimique, et que ce comportement pourrait être transmis directement par le microbiote. Des résultats publiés dans Advanced Science.

Publié le 30 juin 2025

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Pour perdre du poids, on estime que 42 % des adultes en Occident[1] ont déjà essayé des régimes pauvres en calories. La répétition de ces régimes, entraînant une alternance de phases de réduction puis de réaugmentation des apports caloriques s’accompagne souvent d’un effet yo-yo : les individus reprennent plus de poids qu’ils n’en avaient perdu. Ces restrictions répétées déréguleraient le comportement alimentaire, favorisant l’apparition de troubles comme l’hyperphagie boulimique, associée à des prises compulsives de grandes quantités de nourriture.

Dans ce contexte, des scientifiques d’INRAE, du CNRS, de l’Université de Rennes et de l’Université Bourgogne Europe se sont penchés sur la piste du microbiote pour comprendre son implication dans les dérèglements du comportement alimentaire.

Ils ont d’abord montré, chez la souris, que l’alternance de régimes standard et gras/sucré induisait des variations de poids de type yo-yo et une modification de leur comportement alimentaire vers une hyperphagie spécifique aux aliments gras/sucrés.

L’analyse d’échantillons fécaux a révélé une modification du microbiote chez les souris hyperphagiques. Les scientifiques ont transféré ce microbiote à des souris saines. Résultat, elles ont développé le même comportement compulsif vis-à-vis des aliments gras/sucrés, ce qui met en lumière le rôle du microbiote dans le dérèglement des comportements alimentaires.

Des modifications au niveau du cerveau des souris ont même été observées, avec une augmentation de l’expression de gènes liés au système de la récompense, une zone qui participe au plaisir alimentaire. Des changements cellulaires ont également été identifiés dans le tronc cérébral, zone qui intègre les informations émanant de l’intestin.

Ces résultats confirment les effets potentiellement néfastes sur la santé des régimes restrictifs à répétition et soulignent l'intérêt de prendre en compte le microbiote intestinal dans la prise en charge des patients suivis médicalement pour une perte de poids. Pour confirmer les applications potentielles de ces premiers résultats, des travaux complémentaires chez l’humain seront nécessaires, tels que des enquêtes auprès de personnes sujettes aux effets yo-yo associées à des analyses de composition de leur microbiote. 


[1] Santos I., Sniehotta F. F., Marques M. M., Carraça et al. (2017). Prevalence of personal weight control attempts in adults: a systematic review and meta-analysis. Obesity Reviews, 18, 32–50, doi: 10.1111/obr.12466. 

Référence

Fouesnard M., Salin A., Ribes S. et al. (2025). Weight cycling deregulates eating behavior in mice via the induction of durable gut dysbiosis. Advanced Science. DOI : http://doi.org/10.1002/advs.202501214

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