Alimentation, santé globale 3 min
Stress et dépression, le microbiote impliqué
Tout au long du tube digestif, les bactéries intestinales sont à l’interface entre aliments et corps humain. Ce microbiote, s’il est avant tout protecteur, est impliqué dans de nombreuses maladies, inflammatoires, métaboliques ou neurologiques. Les chercheurs de l'Inra font aujourd’hui le lien entre altération du microbiote et obésité, diabète, allergie, voire même anxiété et dépression. Reportage au sein de l'unité Micalis à Jouy-en-Josas.
Publié le 07 mars 2017
Au cœur de nos intestins, 100 000 milliards de bactéries pèsent plus lourd que notre cerveau ! Ce gigantesque écosystème avec lequel nous vivons en symbiose, c’est notre microbiote intestinal. Depuis un demi-siècle, les chercheurs de l’Inra explorent ce micromonde : sa composition, ses gènes 25 fois plus nombreux que les nôtres, ses interactions avec notre organisme, ses dysfonctionnements et leurs conséquences...
Le microbiote intestinal est, certes, un allié indispensable pour une bonne digestion. C’est lui qui se charge, entre autres, de la dégradation des fibres alimentaires dont nos cellules ne savent que faire. Il est aussi en partie responsable de la maturation de notre système immunitaire qui apprend à ne pas réagir de façon exagérée à nos bactéries commensales1ou des substances inconnues, tout en gérant des agresseurs. Mais ce n’est pas tout : notre foie, notre tissu adipeux reçoivent des signaux provenant du microbiote qui leur permettent de s’équilibrer et de mieux fonctionner. L’Inra est leader mondial de la recherche sur la métagénomique intestinale humaine, un champ de recherche qui révolutionne science, nutrition et médecine.
Le dialogue entre intestin et cerveau
Notre cerveau lui-même répond à des stimuli venus de cet ensemble de bactéries. Plus de 200 millions de neurones connectés à notre intestin, c’est autant que dans notre cerveau. L’idée d’une communication privilégiée entre le cerveau et l’intestin n’est pas nouvelle et depuis plus de 50 ans les scientifiques s’intéressent au sujet. Mais que ce dialogue soit bilatéral et que l’intestin puisse envoyer des messages vers le cerveau, est un concept plus récent. La place du microbiote se révèle chaque jour plus centrale dans notre santé. Les chercheurs dévoilent petit à petit comment notre microbiote fait partie intégrante de ce dialogue. Anxiété, dépression, autisme, humeur... les bactéries intestinales influencent nos comportements, régulent nos réponses émotionnelles et interviennent dans ces pathologies du système nerveux. Quels sont les mécanismes de cette communication ? Plus que jamais, les chercheurs de l’Inra sont à l’écoute de ce dialogue entre intestin et cerveau !
1 Les bactéries commensales vivent pacifiquement dans notre organisme qu'elles colonisent sans provoquer de maladies.
L’Institut Micalis est une unité mixte de recherche associant l’Inra et AgroParisTech, implantée sur le campus de l’Université Paris-Saclay, dont l’objectif est d’étudier la microbiologie de l’alimentation au service de la santé. Les expertises et les projets de recherche des 350 agents de l’Institut Micalis s’articulent autour de trois axes thématiques :
- l’étude de la physiologie des micro-organismes et des processus biologiques mis en oeuvre ;
- l’étude de la composante microbiologique des aliments et de leur rôle dans la qualité sanitaire ;
- l’étude des effets bénéfiques pour notre santé des micro-organismes hébergés dans notre corps, en particulier dans notre appareil digestif. > site web