Biodiversité Temps de lecture 2 min
Des solutions alternatives aux néonicotinoïdes
Les produits insecticides à base de néonicotinoïdes, utilisés pour la protection des plantes, sont de plus en plus pointés du doigt pour des problèmes de sécurité environnementale, alimentaire et sanitaire. Un groupe de travail de l’Anses, dont certains chercheurs de l’Inra ont fait partie, publient dans la revue scientifique Environment International une liste de solutions pouvant remplacer l’utilisation de néonicotinoïdes.
Publié le 07 juillet 2019

De nombreuses alternatives aux néonicotinoïdes
L’usage des néonicotinoïdes en agriculture est actuellement en pleine controverse dans de nombreux pays. Leurs effets non-intentionnels sur de nombreux auxiliaires des cultures, notamment des pollinisateurs et des agents de lutte biologique, sont maintenant clairement documentés par un corpus grandissant de publications scientifiques. Cinq de ces matières actives : la clothianidine, l’imidaclopride, le thiaméthoxame, l’acetamipride et le thiaclopride ont été interdites d’usage par le gouvernement français depuis le 1er septembre 2018.
Dans le cadre d'une expertise diligentée par l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) une équipe de scientifiques dont des chercheurs de l’Inra a procédé à une évaluation approfondie des alternatives disponibles pour remplacer ces cinq molécules par des options alternatives. Pour chaque combinaison de culture à protéger et d’organisme nuisible ciblé par l'utilisation de néonicotinoïdes, les principales méthodes alternatives de lutte ont été classées en fonction de leur efficacité, applicabilité, durabilité et facilité d’application. 152 utilisations de néonicotinoïdes en France, couvrant 120 plantes cultivées et 279 espèces d'insectes nuisibles ont été passées en revue, pour un total de 2577 alternatives envisagées.
Des solutions chimiques et non-chimiques
Les résultats de cette enquête approfondie montrent qu’une solution de rechange efficace à l'utilisation des néonicotinoïdes est disponible dans 96 % des cas. Malheureusement, l'alternative la plus courante aux néonicotinoïdes (89 % des cas) est l'utilisation d'un autre insecticide chimique (surtout des pyréthrinoïdes). Toutefois, dans 78 % des cas, au moins une méthode alternative non chimique peut d’ores et déjà remplacer les néonicotinoïdes, via notamment la lutte biologique, l’usage de produits sémiochimiques ou d’huiles de surface. Il est à noter que la disponibilité en solutions alternatives non chimiques est plus importante pour la lutte contre des ravageurs aériens (chenilles défoliatrices par exemple) que contre des insectes s’attaquant aux troncs ou aux racines des plantes.
De nombreuses autres méthodes non chimiques apparaissent comme prometteuses mais nécessitent des recherches de terrain supplémentaires avant de pouvoir être proposées aux agriculteurs. Certaines, encore onéreuses du fait d’un marché limité, demanderont également à être subventionnées. Les solutions existent donc mais un effort conjoint de la recherche, des pouvoirs publics, des coopératives et des usagers est donc nécessaire pour les mettre en pratique et permettre une réduction significative de l'utilisation des pesticides en agriculture.
Hervé Jactel, François Verheggen, Denis Thiéry, Abraham J. Escobar-Gutiérrez, Emmanuel Gachet, Nicolas Desneux, Alternatives to neonicotinoids, Environment International, Volume 129, 2019, Pages 423-429, ISSN 0160-4120, https://doi.org/10.1016/j.envint.2019.04.045
Avis et rapport de l'Anses "Risques et bénéfices des produits phytopharmaceutiques à base de néonicotinoïdes et de leurs alternatives"
Avis de l’Anses - Rapport d’expertise collective "Risques et bénéfices relatifs des alternatives aux produits phytopharmaceutiques comportant des néonicotinoïdes"
Tome 1 - Rapport du groupe de travail : Identification des alternatives aux usages autorisés des néonicotinoïdes