Alimentation, santé globale 10 min

« Des semences à l’assiette » le prix des Sciences et Recherches participatives fêté à Carcassonne

Le 10 juin 2022, en présence de l’ensemble des acteurs du programme « Des semences à l’assiette », Dominique Desclaux, Yuna Chiffoleau et Marie-Françoise Samson, trois chercheuses du centre INRAE Occitanie-Montpellier, fêtaient au lycée agricole Charlemagne de Carcassonne le prix national des Sciences et Recherches Participatives qui leur avait été remis en mars au salon de l’agriculture.

Publié le 13 septembre 2022

illustration « Des semences à l’assiette » le prix des Sciences et Recherches participatives fêté à Carcassonne
© INRAE

Pour les trois scientifiques, ce prix des Sciences et Recherches Participatives, qu’elles ont reçu à Paris, a été la reconnaissance de la pluridisciplinarité et d’un travail collégial avec des partenaires de terrain peu familiers des laboratoires de recherche. Il couronne vingt ans d’une collaboration basée sur la confiance et l’envie de travailler ensemble alors que des visions semblaient à priori irréconciliables pour certains. « La participation ne se décrète pas, elle se structure, se construit progressivement » souligne Yuna Chiffoleau. Agriculteurs, collecteurs, coopératives, semouliers, pastiers,… des régions Occitanie, Provence-Alpes Côte d’Azur et Auvergne Rhône-Alpes se sont impliqués dans ce programme qui visait au départ à disposer de variétés de céréales adaptées à l’agriculture biologique et à une diversité de filières, du paysan-pastier à la filière bio d’origine France.

Tous les acteurs du projet ne pouvant être présents au salon de l’agriculture, c’est en région Occitanie que ce prix national a été fêté le 10 juin au lycée agricole Charlemagne de Carcassonne. Pour Philippe Mauguin, Président directeur général de l’INRAE, qui avait remis le trophée aux trois chercheuses à Paris, ce fut l’occasion de le remettre à nouveau mais cette fois-ci aux partenaires. Cette manifestation qui a réuni près de 100 personnes était organisée en quatre temps : une matinée alternant de courts témoignages et des partages en petits groupes avec des directeurs,  des professeurs et des apprenants des lycées agricoles de la région, mais aussi des chercheurs et des agriculteurs sur l’importance des recherches participatives ; la pause méridienne avec des produits bio, locaux et l’implication des cuisiniers des lycées agricoles dans des démarches de restauration collective mettant en valeur les produits du territoire, l’après-midi où les partenaires du projet ont témoigné de leur intérêt à s’impliquer dans ce type de démarches participatives,  et le 4ème temps, sur les parcelles expérimentales où chacun fut invité à une évaluation participative de variétés de petit-épeautre. Cette journée d’échanges et de débats ouverte à l’enseignement agricole a non seulement été l’occasion de partager un moment convivial avec l’ensemble des acteurs mais aussi de renforcer le lien entre la recherche scientifique et les lycées agricoles. La présence et les interventions de Florent Guhl, Directeur de la Direction régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt (DRAAF) et de P. Mauguin à cette journée témoignaient de leur fort intérêt pour ce rapprochement. Avec ce prix, Dominique, Yuna et Marie-Françoise espèrent aussi sensibiliser les élèves, futurs acteurs de la filière, sur l’importance de travailler tous ensemble.

Un travail pionnier

A l’origine du programme, ce sont des producteurs de blé dur bio de Camargue et du Lauragais qui sont venus trouver Dominique Desclaux. Ils n’arrivaient pas à produire du blé dur de qualité correspondant aux cahiers des charges des collecteurs et des industriels pour la fabrication de la semoule et des pâtes. Alors qu’au début des années 2000, l’agriculture biologique faisait encore office de niche et n’était pas vraiment prise au sérieux, elle a proposé de les accompagner sur un processus de sélection qu’ils mèneraient eux-mêmes. Elle a embarqué Yuna Chiffoleau, sociologue à l’UMR d’innovation à Montpellier et Marie-Françoise Samson, biochimiste des protéines des blés, dans l’aventure. Elles ont rencontré les collecteurs et les industriels tributaires des marchés étrangers pour mieux comprendre leurs demandes et leurs contraintes en agriculture biologique. L’ensemble des acteurs de la filière se sont ainsi retrouvés dans un programme de sélection participative dans lequel ils ont été très fortement impliqués. Alors qu’aucune variété du catalogue n’était adaptée à la filière bio française ce qui la mettait en péril, ce travail collaboratif a permis de sélectionner des variétés intéressantes et de faire progresser la réglementation sur le bio.

Gluten, mythe ou réalité ?

Un voyage d’échanges en Sardaigne entre agriculteurs français et sardes a créé un déclic pour certains agriculteurs. Accompagnés au même titre que les industriels par l’équipe scientifique, ils se sont lancés dans la fabrication de semoule, de pain et de pâtes dans leur ferme. Et à leur grand étonnement, des clients hyper sensibles au gluten – non cœliaques - déclaraient pouvoir consommer sans problème leurs produits artisanaux, ce qui n'était pas le cas avec les produits industriels. Afin de vérifier cette hypothèse, le programme de recherche « Gluten, mythe ou réalité ? » a été construit par INRAE en collaboration avec le Biocivam de l’Aude,  association de producteurs bio impliquée depuis le début de la collaboration. Les résultats ont mis en évidence des variations entre les profils protéiques des produits, et révélé l’importance de chaque étape de production sur la quantité et la qualité des protéines du gluten des produits finis et sur leur digestibilité **.

A l’échelle européenne

Dans cette démarche globale, il semblait évident de ne pas s’arrêter au champ ou au labo mais d’étendre le projet jusqu’aux consommateurs et citoyens. Depuis cette année, c’est à l’échelle de l’Europe que Yuna Chiffoleau coordonne le projet « Divinfood » décliné dans sept pays et structuré autour de neuf « Living labs », dont trois en France répartis entre l’Occitanie et la région de Lyon. L’objectif est d’associer l’ensemble des acteurs y compris les consommateurs, les citoyens, les chefs restaurateurs, les enseignants, les élèves sans oublier  les personnes en précarité qui n’ont pas accès à une alimentation de qualité. Ce projet permettra de poursuivre la sélection participative de céréales et de l’étendre aux légumineuses, tout en aidant à consolider une diversité de filières de valorisation.

Financeurs et partenaires

Région Occitanie / Pyrénées - Méditerranée, Fondation de France, Fondation Edouard et Geneviève Buffard, Fondation Daniel et Nina Carasso, RMT Alimentation locale

 

En savoir plus

Alimentation, santé globale

INRAE au Salon de l'agriculture : journal du 23 février 2020

Ce dimanche sur le stand INRAE, l’œuf est à l'honneur dans le coin cuisine. L’œuf est un aliment tout simple mais quasiment parfait pour sa valeur nutritionnelle. Il est d'autant plus "parfait" s'il est cuit à la manière d'Hervé This, une cuisson à 65°C qui préserve les qualités des protéines du jaune comme du blanc. Ailleurs sur le stand, dans l'Espace Sciences participatives, c'est un tout autre sujet, mais qui concerne aussi notre santé : comment traquer les tiques piqueuses et vectrices de maladies.

21 février 2020

Agroécologie

OPTIMA : un projet participatif sur l’adaptation des plantes à leur environnement

Une équipe du Laboratoire Interactions Plantes Micro-organismes (INRAE-CNRS) d’Occitanie-Toulouse, a lancé une expérience participative dans 11 départements du Sud-Ouest (Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Gers, Lot, Tarn, Tarn-et-Garonne, Ariège, Aveyron, Aude, Pyrénées Orientales, Lot-et-Garonne). Elle vise à définir une carte génétique de l’adaptation de la plante modèle Arabidopsis thaliana à son environnement (sol, microbiote, climat).

12 mars 2020

Agroécologie

Salon Tech&Bio : l'Inra lance son nouveau métaprogramme sur le changement d’échelle de l’agriculture biologique

COMMUNIQUE DE PRESSE - Le 18 septembre 2019, Philippe Mauguin, président-directeur général de l’Inra sera présent au Salon Tech&Bio. C’est pour lui l’occasion de réaffirmer l’engagement de l’Inra sur la durabilité des différentes formes d’agriculture et de lancer le nouveau métaprogramme de l'Inra sur le développement de l’agriculture biologique (AB).

10 décembre 2019