Changement climatique et risques 3 min

La sélection génétique : un levier pour un élevage ovin à moindre impact environnemental

Le projet européen GrassToGas réunissant des scientifiques de sept pays, dont ceux du laboratoire Génétique physiologie et système d’élevage (Genphyse – INRAE/INP ENSAT/ENVT) du centre INRAE Occitanie-Toulouse, a pris fin après 5 années de travaux de recherche sur les émissions de gaz à effet de serre (GES) par les ovins élevés au pâturage. Retours sur les principaux résultats.

Publié le 28 août 2024

illustration La sélection génétique : un levier pour un élevage ovin à moindre impact environnemental
© INRAE

Les accords de Paris engagent plus de 50 pays signataires à réduire leurs émissions de GES afin de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C d’ici la fin du 21ème siècle. L’élevage contribue à environ 15% des émissions mondiales de GES, principalement du fait du processus digestif des ruminants qui génère du méthane. Cette fermentation entérique des fibres végétales, est ainsi responsable de 90% des émissions de GES de l’élevage.

L’élevage ovin, avec presque 1,2 milliards d’animaux dans le monde contribue à hauteur de 6% aux émissions de méthane entérique totales, et doit donc mettre en œuvre des stratégies de réduction de ses émissions parmi lesquelles la sélection génétique. Le projet européen GrassToGas a réuni un consortium de 7 partenaires* autour de l’étude des émissions de GES et de l’efficience alimentaire, afin de proposer des stratégies d’utilisation en sélection de ces deux caractères d’intérêt pour limiter l’empreinte environnementale de l’élevage.

L’intérêt de la sélection génomique

Durant le projet, plusieurs milliers d’animaux ont été phénotypés pour l’ingestion, l’efficience alimentaire et/ou les émissions de GES. À partir des différents protocoles de mesures, les scientifiques ont rédigé des recommandations transmises à ICAR (organisation internationale pour le développement et l’amélioration du phénotypage des ruminants) afin d’encourager un phénotypage harmonisé au niveau international. Toutefois, le phénotypage en routine de ces caractères, particulièrement l’ingestion, reste onéreux et de fait difficile à envisager. Afin de palier à ces coûts, les scientifiques ont montré qu’il est possible de prédire avec une précision satisfaisante le niveau d’ingestion à partir de données zootechniques. Néanmoins les prédictions de l’efficience alimentaire et des émissions de GES restent quant à elles encore peu précises. Ceci renforce l’intérêt de la mise en place d’une sélection génomique sur ces caractères rarement enregistrés en routine.

Des travaux de modélisation des systèmes ovins britanniques ont estimé que la prise en compte des émissions de méthane dans les objectifs de sélection permettrait une diminution annuelle de 2,5 à 7% de ces émissions par les ovins allaitants. Quant aux travaux français, ils ont montré qu’une sélection de l’efficience alimentaire de jeunes animaux en croissance permettait aussi de produire des animaux adultes (mâles et femelles) plus efficients lorsqu’ils ingéraient du fourrage. Des résultats complémentaires tendent à montrer une relation génétique défavorable entre efficience alimentaire et émissions de méthane.

En conclusion, d’avantage de mesures phénotypiques et de données collectées au niveau des systèmes d’élevage permettront d’éclaircir les liens entre les émissions de GES et l’efficience alimentaire, liens qui restent contradictoires entre les études, dont celles menées dans le projet GrassToGas. 

Partenaires du projet : Scotland's Rural College, SRUC (Grande-Bretagne), INRAE, Genphyse (France), National Agriculture Research Institute, INIA (Uruguay), Norwegian University of Life Sciences, NMBU (Norvège), TEAGASC - Agriculture and Food Development Authority, TEAGASC (Irlande), AgResearch, AGRES (Nouvelle Zélande), International Center for Livestock Research and Training, ICLRT (Turquie) et Sheep Ireland CLG, Sheep Ireland (Irlande)

Références bibliographiques :

Le Graverand Q, Marie-Etancelin C, Meynadier A, Weisbecker JL, Marcon D, Tortereau F. Predicting feed efficiency traits in growing lambs from their ruminal microbiota. Animal. 2023 Jun;17(6):100824. doi: 10.1016/j.animal.2023.100824

Åby et al., 2023. Effects of sheep breed and grass silage quality on voluntary feed intake and enteric methane emissions in adult dry ewes.  Small Ruminant Research 227. https://doi.org/10.1016/j.smallrumres.2023.107081

Tortereau F, Weisbecker JL, Coffre-Thomain C, Legoff Y, François D, et al.. Improving feed efficiency in meat sheep increases CH4 emissions measured indoor or at pasture. EAAP2023, Aug 2023, Lyon, France.

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