Alimentation, santé globale 2 min

Risque d’allergies : un lien établi avec l’âge tardif de la diversification alimentaire chez les enfants

COMMUNIQUE DE PRESSE - Le développement des allergies alimentaires au sein de la population française est devenu un problème de santé publique, pris en compte dès 2001 dans le Programme national nutrition santé (PNNS). Pour tenir compte de l’avancée récente des connaissances sur les liens entre expositions alimentaires précoces et développement des allergies alimentaires, les recommandations pédiatriques associées* ont été modifiées : les parents sont invités désormais à introduire les aliments dits allergènes en même temps que les autres aliments, dès l’âge de 4 mois. Mais l’impact de ces nouvelles mesures n’avait pas encore été analysé. Une étude épidémiologique issue de la cohorte Elfe, concernant des enfants âgés de 2 mois à 5,5 ans, met en évidence le surrisque d’allergie alimentaire lié au retard d’introduction des allergènes ** majeurs. Ces travaux inédits, pilotés par INRAE, et notamment le Centre de recherche en épidémiologie et statistiques (CRESS) – INRAE/Inserm/université Paris Cité, auquel sont associés l’Ined et le CHRU de Nancy, sont publiés le 27 juillet 2023 dans la revue Allergy.

Publié le 27 juillet 2023

illustration Risque d’allergies : un lien établi avec l’âge tardif  de la diversification alimentaire chez les enfants
© Freepik

Initiée en avril 2011, l’étude française Elfe a pour objectif de suivre des enfants de la naissance à l’âge adulte, afin de mieux comprendre les facteurs, de la période intra-utérine à l’adolescence, qui influencent leur développement, leur santé, leur socialisation et leur parcours scolaire. Ainsi, environ 150 chercheurs étudient et suivent plus de 18 000 enfants pendant 20 ans (voir encadré ci-dessous).

Une cohorte de 6 662 enfants suivis de leurs 2 mois à leurs 5 ans

L’influence de l’alimentation en début de vie sur la santé et la croissance de l’enfant est un des axes de recherche. Grâce à cette cohorte, une équipe de scientifiques, reposant sur plusieurs unités INRAE[1], associant l’Ined et le CHRU de Nancy, a fait le point sur l’état des associations entre les pratiques de diversification alimentaire et les maladies allergiques chez les enfants français.

L’étude a porté sur 6 662 enfants n’ayant présenté aucune manifestation allergique avant l’âge de 2 mois et pour lesquels toutes les informations nécessaires aux analyses étaient disponibles. Leur alimentation a été collectée mensuellement de 3 à 10 mois. L’âge à l’initiation de la diversification alimentaire a été calculé, de même qu’un score de diversité alimentaire ultérieur à 8 et 10 mois. Le nombre d’allergènes alimentaires majeurs (produits laitiers, œuf, blé et poisson) non introduits aux âges de 8 et 10 mois a également été déterminé. Les pathologies allergiques (allergie alimentaire, eczéma, asthme et rhino-conjonctivite) ont été rapportées par les parents à 2 mois, 1, 2, 3,5 et 5,5 ans.

L’importance de diversifier l’alimentation des jeunes enfants de 4-6 mois

Dans un premier temps, les scientifiques ont constaté que seuls 62 % des enfants ont débuté la diversification alimentaire sur la période recommandée, soit entre 4 et 6 mois. Ils ont ensuite étudié précisément le lien entre l’introduction retardée des allergènes majeurs et le risque d’allergie alimentaire. Ils ont observé que pour 1 enfant sur 10, au moins 2 allergènes majeurs, parmi les œufs, le poisson, le blé et les produits laitiers, ne sont pas encore introduits dans l’alimentation à l’âge de 10 mois. Or ces mêmes enfants ont un risque 2 fois plus élevé de développer une allergie alimentaire avant l’âge de 5,5 ans que ceux pour lesquels les 4 allergènes considérés sont introduits avant l’âge de 10 mois.

Ces travaux confirment donc l’importance de ne pas retarder l’introduction des allergènes alimentaires majeurs pour prévenir la survenue des maladies allergiques dans l’enfance. Ils apportent de nouveaux arguments convaincants pour étayer les nouvelles recommandations des sociétés françaises de pédiatrie et d’allergie et de Santé publique France.

 

 

L’étude Elfe, une première française

Elfe (Etude longitudinale française depuis l’enfance) est la première étude longitudinale française d’envergure nationale consacrée au suivi des enfants de la naissance à l’âge adulte. Plus de 18 000 enfants nés en France métropolitaine en 2011 ont été inclus dans l’étude, ce qui représente 1 enfant sur 50 parmi les naissances de 2011. Depuis le premier contact avec les familles à la maternité, les parents qui ont accepté de participer à cette grande aventure scientifique sont régulièrement interrogés pour mieux comprendre comment l’environnement, l’entourage familial et les conditions de vie influencent le développement, la santé et la socialisation des enfants. L’étude Elfe mobilise environ 150 chercheurs appartenant à diverses disciplines scientifiques.

www.elfe-france.fr

 

Référence  Adam T, Divaret-Chauveau A, Roduit C, et al. Complementary feeding practices are related to the risk of food allergy in the ELFE cohort. Allergy. 2023;00:1-11. doi:10.1111/all.15828

*Avis du 30 juin 2020 relatif à la révision des repères alimentaires pour les enfants âgés de 0-36 mois et 3-17 ans. Haut Conseil de la santé publique (HCSP).

** Le code de la consommation définit une liste de 14 allergènes à déclaration obligatoire (ADO), régulièrement mise à jour pour prendre en compte les avancées scientifiques.


[1] CRESS (INRAE-Inserm-université Paris Cité) ; CSGA (INRAE, l'Institut Agro Dijon, CNRS, université Bourgogne Franche-Comté), et MTS (INRAE-CEA).

 

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