Biodiversité 3 min

Restaurer la continuité écologique de l'axe Seine

Depuis plusieurs années, la préservation et la reconquête durable des populations de poissons migrateurs dans le Bassin Seine-Normandie sont inscrites dans de nombreux documents planificateurs régionaux ou nationaux. Si les efforts déjà entrepris ont permis d’améliorer le retour de certaines espèces, le projet CONSACRE coordonné par INRAE en partenariat avec le GIP Seine-Aval, a pour objectif de proposer des pistes d’actions permettant de renforcer cette reconquête.

Publié le 07 janvier 2019

illustration Restaurer la continuité écologique de l'axe Seine
© INRAE

Depuis la fin du XVIIIe siècle les populations de poissons migrateurs ont été fortement fragilisées par l’intensification des pressions anthropiques dans l’estuaire de la Seine. Les grands aménagements entrepris sur le fleuve et sur ses affluents (barrages, travaux d’endiguement, suppression des îles, assèchement des marais…) et la pollution croissante de l’eau ont progressivement empêché l’accès aux zones de reproduction ou de nourricerie. Au point de faire disparaitre totalement certaines espèces (lamproie, éperlan, saumon atlantique) jusqu’au début des années 1990. Et même si l’on observe aujourd’hui une recolonisation progressive des bassins versants par certains poissons migrateurs en raison d’une meilleure qualité de l’eau et de la mise en place de passes à poisson pour franchir les ouvrages, l’équilibre reste fragile.

Modéliser l’accessibilité des habitats aquatiques de la vallée de la Seine

Sur l’axe Seine, les acteurs du développement ont clairement identifié les enjeux de la restauration des continuités écologiques en les inscrivant dans le Contrat de Plan inter État-Régions vallée de Seine et dans le Programme de coopération interrégionale Normandie Île de France (janvier 2017).

C’est dans ce cadre que s’inscrit le projet CONSACRE, qui réunit divers partenaires scientifiques et opérationnels : écologues, hydrologues, historiens, géographes et fédérateurs de connaissances. Coordonné par l’équipe hydro-écologie du centre INRAE Jouy-en-Josas, porté par le GIP Seine-Aval et labellisé Zone Atelier Seine, ce projet multidisciplinaire a pour objectif d’analyser la continuité piscicole de l’axe Seine (fleuve et certains grands affluents) afin de dégager des pistes d’actions. Celles-ci concernent notamment les possibilités d’aménagement pour la préservation et la restauration des milieux naturels, mais également une meilleure association des différents publics impliqués dans cette problématique (riverains, associations sportives, élus locaux).

« Un des axes du projet est l’analyse de l’accessibilité aux habitats aquatiques en tenant compte à la fois des obstacles physiques (barrages, seuils, digues…) et des indicateurs physico-chimiques du milieu (oxygène, température…) ainsi que la réalisation d’une cartographie de certains habitats disponibles pour les besoins fonctionnels des poissons migrateurs et résidents (alimentation et reproduction) » précise Céline Le Pichon, coordinatrice du projet pour INRAE.

Un autre axe du projet vise à mettre en perspective l’état actuel de la continuité écologique au regard des situations historiques en identifiant les périodes majeures de son évolution. Un volet prospectif permettra d’analyser comment la distribution future des espèces migratrices pourra être amenée à varier du fait du réchauffement climatique. Les projections climatiques disponibles actuellement au sein de la Zone Atelier Seine et les outils du Piren Seine seront utilisés pour modéliser l’évolution des caractéristiques des habitats, ce qui permettra d’envisager des scénarios de continuité écologique future en lien avec la qualité de l’eau et la température.

Suivi des mouvements par télémétrie acoustique

Une centaine de poissons de différentes espèces (salmonidés, Aloses, lamproie marine, etc..), capturés au niveau du barrage de Poses seront équipés d'émetteurs acoustiques miniatures. Afin de suivre les mouvements et trajectoires temporelles des poissons, un réseau de 70 hydrophones fixes seront déployés pour enregistrer en continu le passage de chaque individu. L’objectif est de connaitre leur comportement vis-à-vis des divers barrages de navigation, la franchissabilité et leur entrée éventuelle dans les affluents.

 « Cela nous permettra de mieux comprendre les stratégies de colonisation des milieux adoptées par les espèces pour réaliser leur cycle de vie » souligne Céline le Pichon.

Mieux associer les acteurs à la prise en compte de la restauration de la continuité écologique

Pour faciliter la mise en œuvre des opérations de restauration de la continuité écologique et éviter l’opposition de riverains ou d’usagers, il est nécessaire d’impliquer les populations concernées dans l’élaboration de ces actions. Des chercheurs de l’Université Paris Nanterre, partenaire du projet, vont réaliser l’inventaire des démarches innovantes (plaquettes d’information, vidéos, réunions publiques, …) déjà engagées et qui ont favorisé la mise en place d’un dialogue et la construction de projets de restauration et analyser leur efficacité.  Des enquêtes auprès des usagers seront menées en parallèle sur plusieurs sites pour appréhender le rapport des populations concernées avec la rivière et leur compréhension du fonctionnement de l’écosystème Seine et/ou affluents.

Les différents axes de ce projet permettront de proposer et mettre en débat de nouvelles pistes d’aménagements afin de faciliter la réalisation du cycle de vie des poissons, ainsi que des outils de communication associant l’ensemble des publics.

Afin de restituer au mieux les résultats du projet au fur et à mesure de son avancée, plusieurs actions et/outils de communication sont envisagés à des points d’étapes du projet : site internet, lettre d’information, groupe de discussion issu de l’enquête menée auprès des usagers, un atelier itinérant invitant institutionnels à échanger sur un parcours avec les acteurs locaux et 2 journées d’animation grand public.

Fiche d’identité du projet

  • Nom : CONSACRE
  • Dates : 2018-2021
  • Budget (coût complet) : 855 000 €
  • Porteur du projet : GIP-Seine Aval
  • Financements : Agence de l'Eau Seine-Normandie (AESN), Région Île-de-France, Région Normandie
  • Coordinateur : Céline le Pichon
  • Partenaires du projet : INRAE Nouvelle-Aquitaine Bordeaux -  Mines Paris Tech (Centre de Geosciences) – Université Paris Nanterre – Association Seinormigr – Union des Fédérations de pêche et protection des milieux aquatiques du Bassin Seine Normandie – IAU Idf – Sorbonne Université

Site web du projet

Sophie LengletRédactrice

Contacts

Céline le Pichon Unité Hydrosystèmes continentaux anthropisés : ressources, risques, restauration

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