© INRAE

Les « plusieurs vies » de Lama Al-Bassit

C’est d’abord l’astrophysique qui intéressait Lama. Mais ce n’était pas possible à étudier, là où elle vivait, en Syrie. C’est donc en classe prépa maths-physique, dans un établissement en coopération avec la France, que Lama poursuit ses études après le lycée, pour avancer dans son parcours qui la mènera jusqu’à INRAE. La route n’a pas vraiment été linéaire, mais aujourd’hui, c’est avec l’humilité qui la caractérise que Lama se dit satisfaite du chemin parcouru.

Publié le 08 mars 2025

Grâce à une bourse, Lama rejoint l’ENS de Cachan (ENS Paris-Saclay) dans le domaine de la mécanique en 1990. Ce n’est pas toujours facile car « d’autres avaient fait des classes prépa avec des composantes mécaniques et technologiques fortes, précise-t-elle. Mais mon bagage théorique m’a sauvé ! ». En effet, Lama sait pouvoir compter sur ses acquis de classe prépa pour exceller dans certaines matières qui nécessitent davantage de mathématiques et de physique. Cela lui a permis d’effectuer son stage de fin d’études très formateur à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). En parallèle, Lama prépare l’agrégation. Elle devient donc presque naturellement enseignante à l’Institut supérieur des sciences appliquées et de la technologie. De 1994 à 2000, elle y sera membre du bureau d'études et chargée d’enseignement autour de la conception de systèmes mécaniques et des méthodes numériques en mécanique.

Objectif : recherche

Et pourtant, c’est dans la recherche que Lama aimerait s’épanouir. Grâce à une bourse d’étude, elle poursuit dès 2000 vers un diplôme d’études approfondies (DEA) en robotique et systèmes intelligents, cursus pendant lequel elle aura la chance de faire un stage au Canada à l’université McGill pour établir le modèle élastodynamique d'un robot parallèle à éléments flexibles.
De retour en France, l’université d’Orléans l’accueille pour réaliser une thèse dans le cadre d’un projet européen sur la robotique médicale. Trois années à surmonter quelques difficultés… et à osciller entre la thèse et un poste à mi-temps d’attachée temporaire d’enseignement et de recherche (ATER) dans les domaines de l'informatique et des mathématiques.

En 2006, elle occupe un poste d’ATER à mi-temps à l’université de Versailles pendant une année pour, entre autres, diriger des travaux pratiques sur la mécanique pluridisciplinaire, avant de mettre au monde son 1er enfant. Après ce qu’elle appelle sa « période maman » au cours de laquelle elle accueillera rapidement son 2ème enfant, Lama obtient en 2010 un poste d’ingénieure de recherche au Cemagref en contrat à durée déterminée. Elle se passionne pour l’univers de la sécurité dans la conception des machines et se réjouit de l’ouverture d’un poste par concours externe en 2015 ! Lauréate du concours, elle rejoint alors Clermont-Ferrand pour travailler sur la robotique agricole et plus précisément sur la conception des systèmes robotisés pour l’agriculture. 

D’une fratrie de 3 filles… à une famille de 3 filles

Si Lama sait bien une chose, c’est ce que signifie évoluer dans un environnement féminin. Alors, à l’occasion de la journée internationale pour les droits des femmes, nous lui avons demandé ce qui la motivait d’avoir plusieurs fois participé à des rencontres dédiées à l’orientation des jeunes filles dans les filières scientifiques. « Les mentalités sont très différentes selon le milieu dans lequel on évolue, et je sais que parfois, être une femme ne facilite pas les choses. » Elle fait notamment référence à certaines situations de travail où il faut avancer par ce que Lama appelle « la force de la communication ». Et pour les femmes, ce sont des situations qui nécessitent souvent de l’énergie pour s’imposer, être écoutée, si tant est qu’elles puissent avoir a minima la parole. « Heureusement, ce n’est pas partout pareil », dit-elle derrière un sourire qui souligne la motivation qu’elle a dans son quotidien de scientifique au sein de l’unité de recherche Technologies et systèmes d'information pour les agrosystèmes (TSCF). Une motivation pour la science et pour donner la place que méritent les femmes dans la science. « Comme dans tout, il faut avancer pas à pas. Mais pour nous les femmes, parfois, le chemin est double : avancer scientifiquement et prendre sa place en tant que femme scientifique… c’est énergivore voire bloquant. », précise-t-elle. Elle entend par là, que lorsqu’une femme arrive dans un milieu scientifique majoritairement masculin, le risque de dévalorisation est réel. Dans certains cas, une femme est obligée de travailler plus que ces collègues hommes pour faire ses preuves, et lorsque la reconnaissance tarde à arriver… le parcours et la motivation peuvent en être impactés et complètement perturbés !

De son côté, Lama estime aujourd’hui être arrivée à un moment de sa carrière où le chemin prend forme. De nombreux sujets la passionnent mais elle aime particulièrement travailler autour de la sécurité et de la conception de systèmes mécatroniques innovants pour l’agroécologie. Elle s’investit ponctuellement sur des missions en lien avec l’égalité des chances pour les jeunes filles en science ou les questions liées à l’environnement. Elle occupe d’ailleurs le rôle de référente développement durable depuis deux ans au sein de son unité de recherche et toujours avec la même humilité dit « faire de son mieux » pour la mener à bien ! La tâche est vaste en effet… au même titre que celle qu’elle mène pour valoriser la place des femmes dans la science. Mais tel un colibri, nul doute que Lama fait sa part, petit à petit, et c’est très bien ainsi !

MINI CV

56 ans

  • Formation

2001 : DEA Robotique et systèmes intelligents, Paris VI (Sorbonne Université) & ENSAM-Paris

2005 : Thèse Automatique / Robotique : Structures mécaniques à modules sphériques optimisées pour un robot médical de télé-échographie mobile, Université d'Orléans

  • Parcours professionnel

2010 : Ingénieure de recherche, CEMAGREF, unité Technologie pour la sécurité et les performances des agroéquipements (TSAN), Antony (92)

2015 : Ingénieure de recherche,  CEMAGREF, unité TSCF, Clermont-Ferrand (63)

2022 : référente « développement durable », unité TSCF.

Contacts

Lama Al-Bassit

Ingénieure de recherche analyse et modélisation de l'environnement

Unité Technologies et systèmes d’information pour les agrosystèmes -TSCF

Le centre

Les départements

En savoir plus

Agroécologie

Lancement du Grand défi « Robotique agricole » et 1re pierre de l’AgroTechnoPôle

COMMUNIQUÉ DE PRESSE - Ce vendredi 22 septembre, Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, et Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’investissement, ont lancé le Grand défi « Robotique Agricole », opéré par l’Agence nationale de la recherche (ANR), confié à l’association RobAgri pour le pilotage global, avec l’appui scientifique d’INRAE, en présence de Philippe Mauguin, PDG d’INRAE, et de Christophe Aubé, président de RobAgri. Financé par l’État à hauteur de 21 millions d’euros dans le cadre de France 2030, le Grand défi Robotique agricole doit permettre de consolider la filière robotique agricole pour accélérer la transition agroécologique, en apportant aux agriculteurs des solutions pour le pilotage de leur exploitation. L’accent est mis sur la levée des verrous technologiques et réglementaires au déploiement de la robotique agricole. Le lancement du Grand défi a été l’occasion pour les ministres et le PDG d’INRAE de poser la première pierre de l’AgroTechnoPôle sur le site d’INRAE à Montoldre (Allier), qui sera le cœur de recherches et d’expérimentations robotiques, en présence de Catherine Staron, vice-présidente déléguée à l’Enseignement supérieur, Recherche et Innovation de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de Claude Riboulet, président du Conseil départemental de l’Allier.

22 septembre 2023

Agroécologie

Robots agricoles : le défi de la sécurité

Un des enjeux majeurs identifié en robotique concerne la sécurité des engins, que ce soit pour l’opérateur ou pour des tiers. Cette thématique a fait l’objet d’une session spécifique lors de la 21e conférence des ingénieurs d’essai de l’OCDE, qui s’est en partie tenue à l’AgroTechnoPôle sur le site INRAE à Montoldre (03), le 27 octobre. Cette journée a permis de focaliser sur cette problématique de la robotique et des engins autonomes utilisés en agriculture, avec en vue l’élaboration de codes normalisés pouvant être utilisés dans tous les pays membres des Codes des tracteurs de l’OCDE.

28 novembre 2022