Alimentation, santé globale 5 min
Vers une nouvelle solution vaccinale contre le virus respiratoire syncytial bovin
Développé dans le cadre du projet européen SAPHIR, un vaccin contre le virus respiratoire syncytial bovin efficace en une seule administration a fait preuve de son efficacité chez les jeunes bovins. Un test DIVA associé vient renforcer l’intérêt de ce vaccin.
Publié le 31 juillet 2019
Le virus syncytial bovin (en anglais, Bovine Respiratory Syncytial virus ou BRSv) est un agent pathogène majeur causant des maladies respiratoires bovines, affectant particulièrement les jeunes bovins. Les vaccins existants à ce jour n’offrent qu’une protection insatisfaisante. Dans le cadre du consortium européen SAPHIR, plusieurs candidats vaccins contre le BRSv ont été testés sur de jeunes bovins, dont les particularités immunologiques liées au jeune âge représentent un obstacle à l'efficacité des vaccins conventionnels. Un des obstacles majeurs est de vacciner efficacement des veaux porteurs d'anticorps interférents issus de leurs mères. Les résultats sont le fruit d'une collaboration entre l'INRA, le Pirbright Institute (UK), la Swedish University of Agricultural Sciences (Suède), la PME Ingenasa (Espagne) et le NIH (USA).
Une meilleure protection que des vaccins commercialisés
Plusieurs approches vaccinales ont été testées lors du projet Saphir. Certaines ont eu des performances remarquables, supérieures à celles procurées par un vaccin disponible sur le marché. Parmi ces meilleures approches, c’est une solution utilisant une protéine recombinante issue de BRSv nommée pre-F (pour pre-fusion protein) qui a particulièrement retenu l’attention des chercheurs. Ce vaccin-test a été efficace en une seule administration. Il a montré les meilleures efficacités protectrices cliniques (moins de signes cliniques et moins de lésions pulmonaires observées après infection expérimentale chez les animaux vaccinés avec pre-F) et virologiques (pas ou peu de virus détectés dans les voies aériennes supérieures ou inférieures chez les animaux vaccinés avec pre-F après une infection expérimentale). Ce vaccin-test présente aussi une très bonne innocuité et s’administre de manière classique par voie intramusculaire avec un adjuvant vétérinaire classiquement utilisés pour les vaccins bovins. Le vaccin pre-F a permis d'induire de plus importantes quantités d’immunoglobulines spécifiques (dont les anticorps neutralisants) et de cellules productrices d’interféron (IFN γ) par rapport aux autres approches étudiées.
Un vaccin à administration unique associé à un test DIVA
Efficace avec une seule injection, le candidat vaccin pre-F, semble être la solution optimale pour le développement d’un vaccin commercial contre le BRSv. De plus, n’utilisant qu’une fraction protéique spécifique du virus BRS, un test compagnon DIVA (en anglais Differentiating Infected from Vaccinated Animals) permettant de distinguer les animaux vaccinés des animaux infectés a pu être mis au point lors de ce projet. Ce test, basé sur un brevet INRA, facilitera le contrôle de l'infection dans les élevages.
Saphir, un projet visant à contrôler les maladies infectieuses endémiques animales par la vaccination
Le projet SAPHIR est arrivé à son terme en février 2019. Ce projet de grande envergure s’est distingué par la combinaison originale de nombreuses disciplines scientifiques (immunologie, infectiologie, génie génétique, génomique et génétique, modélisation mathématique, sciences économiques et sociales) pour une approche intégrée du contrôle des maladies infectieuses animales par l'emploi de stratégies vaccinales.
Ciblant des agents pathogènes responsables d’importantes pertes économiques dans les filières bovines, porcines et avicoles, Saphir avait pour objectif de développer de nouvelles approches vaccinales par l'apport de nouvelles connaissances scientifiques (mécanismes de l'immunocompétence à différents âges, biomarqueurs et corrélats de protection induits par les vaccins, emploi de stratégies "systems-vaccinology"), et par l'évaluation de nouveaux candidats vaccins permettant de lutter contre les mutants des pathogènes en émergence constante (antigènes conservés entre souches, recombinants parasitaires, bactériens et viraux, vaccins ADN, nouveaux adjuvants).
Les perspectives d'application des vaccins SAPHIR ont été considérées par des modélisation mathématiques de la vaccination en condition terrain, par l'évaluation des paramètres du développement industriel des vaccins, et par l'analyse des paramètres socio-économiques conditionnant l'emploi des vaccins développés dans SAPHIR (perception des éleveurs, commodité d'emploi, cout-bénéfice, particularité des filières).
- 11 pays européens représentés, avec la participation de la Chine
- 14 partenaires académiques, 19 laboratoires
- 6 entreprises dont 5 PME
- UR Virologie et immunologie moléculaires, Île-de-France - Jouy-en Josas-Antony
- UMR Génétique animale et biologie intégrative (INRAE, AgroParisTech), Île-de-France - Jouy-en Josas-Antony
- UMR Interactions hôtes – agents pathogènes (INRAE, ENV Toulouse), Occitanie-Toulouse
- UE Plateforme d'Infectiologie expérimentale, Val-de-Loire
Budget : 10,7M€, financé par la Commission européenne (9 M€) et le gouvernement fédéral suisse.
- Brevet WO/2006/117456 Preparation of soluble N-protein/truncated P-protein complexes or N-proteins soluble in a virus of the paramyxoviridae family and use thereof in vaccines.
- Hägglund et al. (2017). Proteome analysis of bronchoalveolar lavage from calves infected with bovine respiratory syncytial virus—Insights in pathogenesis and perspectives for new treatments. PLoSONE 12(10): e0186594. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0186594