Biodiversité Temps de lecture 5 min
Pour mieux protéger les abeilles des pesticides
D’après certains apiculteurs, l’utilisation de produits phytosanitaires dans l’agriculture est un des principaux facteurs de la disparition des abeilles, malgré la batterie de tests existants préalables à la mise en vente des produits. La recommandation des chercheurs ? Étudier le comportement des abeilles, même soumises à faibles doses de pesticides.
Publié le 13 mai 2019
L’utilisation d’insecticides pour préserver les cultures contre les insectes nuisibles, les pucerons par exemple, peut s’avérer très utile pour l’agriculture. Mais ces produits dits phytosanitaires ne font pas de distinction entre les différentes espèces d’insectes, entraînant ainsi la mort d’une faune non nuisible aux végétaux. Parmi cette faune, certaines espèces peuvent pourtant être bénéfiques à l’agriculture et à l’environnement. C’est le cas des abeilles, qui permettent de garantir la biodiversité locale et la reproduction d’espèces végétales, mais qui subissent en revanche la toxicité de certains insecticides.
Si des tests sont systématiquement réalisés pour s’assurer que les pesticides homologués ne sont pas létaux pour les abeilles, des apiculteurs ont pourtant dénoncé l’effet nocif sur leurs protégées des produits phytosanitaires utilisés en agriculture. C’est la raison pour laquelle de longs débats ont impliqué pendant deux décennies les scientifiques, les apiculteurs, les agriculteurs et les pouvoirs publics au sujet de la toxicité des insecticides et de leur disponibilité sur le marché.
Renouveler l’homologation des pesticides
Une étude parue en 2012 dans la revue Science et menée par l’Inra, l’Acta, l’Itsap et le CNRS a démontré pour la première fois l’effet des pesticides sur la désorientation des butineuses lors de leur vol, grâce à l’utilisation de micropuces RFID (en anglais, Radio frequency identification). L’idée est de mesurer les effets des produits utilisés sur la santé des abeilles en dotant ces dernières de micropuces électroniques permettant de localiser leur présence dans la ruche ou non. Parmi la population de butineuses étudiée, une partie a été contaminée par les chercheurs après injection d’une légère dose du produit à tester. Les études ont ainsi démontré que même une faible dose d’insecticide pouvait désorienter les abeilles, les empêchant de retrouver le chemin de leur colonie et les condamnant à mourir loin de leur gîte. Les produits utilisés ne seraient dans ces cas-là pas directement mortels, mais favoriseraient une mort indirecte.
C’est pour cette raison qu’il est proposé par les partenaires de l'unité Protection des abeilles dans leur environnement que cette méthode de mesure des effets devienne systématique avant la mise sur le marché des différents produits utilisés dans l’agriculture. Les agriculteurs auraient des produits homologués efficaces pour protéger leurs cultures, pendant que les abeilles pourraient butiner tranquillement à proximité des exploitations.
Selon la dose de pesticide ingérée par les abeilles, ces dernières peuvent mourir directement ou indirectement, ne retrouvant plus leur ruche. En arrêtant de produire du miel et en ne participant plus à la vie de la colonie, l’abeille va mourir petit à petit, loin de sa ruche. On dit de ces effets indirectement mortels qu’ils sont provoqués par des doses « sublétales ».

Les effets du chlorantraniliprole, premier représentant d’une nouvelle classe d’insecticides : les diamides, sur l’abeille domestique ont été étudiés.