Biodiversité Temps de lecture 2 min
À quoi servent les abeilles ?
Les abeilles domestiques et sauvages contribuent à la pollinisation de 80 % des espèces de plantes à fleurs. Les travaux des chercheurs d'INRAE visent notamment à mieux connaître l'état des populations des insectes pollinisateurs et à évaluer les risques que fait peser leur déclin sur la faune et la flore des milieux cultivés et naturels.
Publié le 06 février 2013
Apis mellifera, l’abeille domestique des apiculteurs, est l’espèce la plus répandue et la plus connue. Près de 1 000 espèces d’abeilles différentes sont recensées en France. Soit plus que le nombre de mammifères, oiseaux et reptiles réunis ! Dans le monde, on ne dénombre pas moins de 20 000 espèces d’abeilles.
Régime sans abeilles
Toutes ces espèces sont très importantes pour la pollinisation, processus indispensable à la reproduction sexuée des plantes à fleurs. 80 % des cultures à travers le monde sont dépendantes de l’activité des insectes pour la pollinisation, au premier rang desquels les abeilles. En France, environ 70 % des 6 000 espèces de plantes recensées, sauvages et cultivées sont pollinisées par les insectes pollinisateurs et certaines plantes en dépendent totalement. En cas de disparition des pollinisateurs, il ne saurait y avoir de production de graines ou de fruits essentiels à notre alimentation. Les équilibres alimentaires mondiaux seraient profondément modifiés pour 3 catégories : les fruits, les légumes et les stimulants (café, cacao). Ainsi, notre source d’alimentation (et celle des animaux dont nous nous nourrissons) se limiterait aux seules plantes ou cultures non dépendantes de la pollinisation, principalement les céréales. Difficile d’imaginer un seul repas auquel les abeilles ne soient pas associées de près par leur activité pollinisatrice !
Les pollinisateurs pèsent 153 milliards d’euros
C’est le chiffre auquel sont parvenus des chercheurs d'INRAE pour estimer la valeur économique de l’activité pollinisatrice des insectes, essentiellement des abeilles (programme Alarm, 2006-2009). Soit 9,5 % en valeur de l'ensemble de la production alimentaire mondiale. Les cultures qui dépendent des pollinisateurs assurent plus d’un tiers (en tonnes) de la production mondiale de nourriture. L'étude a aussi mis en évidence que les cultures les plus dépendantes de la pollinisation par les insectes sont aussi celles qui ont la valeur économique la plus importante.
Biodiversité et abeille : l’une ne va pas sans l’autre
Il faut préserver la diversité des sources de pollen.
Pollen et nectar des fleurs sont les fondamentaux de l’alimentation des abeilles. La disparition des espèces ordinaires de fleurs liée à l’artificialisation des paysages provoque de longues périodes de disette pour les pollinisateurs. Pour assurer leur protection et leur survie, il faut donc préserver la diversité des sources de pollen en recourant à des jachères florales en zones de grande culture, sur les bordures des routes, dans les jardins des particuliers... et mettre en place des stratégies de diversification des productions agricoles.
À leur tour, les abeilles contribuent à la biodiversité. Une étude publiée en 2006 s’intéressant aux populations d’abeilles sauvages solitaires et de syrphes (mouches qui ressemblent à des abeilles ou à des guêpes) a mis en évidence un déclin à la fois de l’abondance et de la diversité des abeilles sauvages depuis 1980 dans deux tiers des zones répertoriées au Royaume-Uni, ainsi que le déclin des plantes associées à ces pollinisateurs. Les scientifiques s’accordent à constater la diminution des pollinisateurs sauvages dans le monde et redoutent la disparition en cascade de la flore et de la faune associées. Les conséquences sur les écosystèmes naturels sont plus difficiles à évaluer que sur les écosystèmes agricoles.
Environ 225 000 espèces de plantes à fleurs sont pollinisées par 200 000 espèces d’animaux, parmi lesquelles en premier lieu des insectes, de l’ordre des hyménoptères (abeilles et guêpes principalement), des diptères (mouches syrphes en particulier), des lépidoptères (papillons) ou des coléoptères (charançons), et aussi en milieu tropical, des oiseaux et des chauves-souris.
La pollinisation par les insectes, dénommée entomophile, est indispensable à la fécondation d’une majorité d’espèces de plantes à fleurs que l’on cultive pour leur graine (colza, tournesol, sarrasin), leur fruit (pomme, poire, kiwi, melon), leur racine ou leur bulbe (carotte, radis, oignon), leur feuillage (chou, salade)...
Le vent est le vecteur principal pour 10 % des plantes à fleurs, dont la plupart des céréales (riz, maïs, orge, seigle).