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Des marqueurs cérébraux pour dépister les troubles alimentaires

L’imagerie médicale aide les chercheurs à mieux comprendre les comportements alimentaires. En identifiant des marqueurs cérébraux précoces, il sera possible d’améliorer la prévention primaire de troubles alimentaires et leur prise en charge. Les chercheurs INRAE de l’Institut NuMeCan y travaillent.

Publié le 20 mai 2019

illustration  Des marqueurs cérébraux pour dépister les troubles alimentaires
© INRAE, UMR NuMeCan

Un coup de blues, du stress, un sentiment de solitude, alors certains auront tendance à se consoler avec une nourriture riche et plaisante. Face à la recrudescence des troubles métaboliques et comportementaux liés à la consommation excessive d’aliments riches en énergie, en sucre, en gras, les chercheurs de l’INRAE ont bâti le projet Hed-O-Shift (financement département INRAE AlimH) pour mieux comprendre la variabilité des profils de consommateurs sains et de patients consultants pour des problèmes de santé liés à l’alimentation. « Pour améliorer la prévention primaire et la prise en charge des patients, il est nécessaire de mieux comprendre les processus psychologiques et neurocognitifs associés aux comportements alimentaires » explique David Val-Laillet, chercheur à l’Institut NuMeCan.

Lors d’une première étape de l’étude, les scientifiques ont interrogé 335 étudiantes de 18 à 24 ans, d’un poids dans la norme. « Notre échantillon se composait uniquement de femmes, car, en termes de problèmes alimentaires, elles sont plus à risque que les hommes » précise David Val-Laillet. Les chercheurs ont caractérisé les composantes émotionnelles et cognitives de l’alimentation et leur association avec différents facteurs, comme l’activité physique, la consommation d’alcool et de drogues, ou les symptômes liés aux désordres alimentaires. La moitié de ces étudiantes présentait des compulsions alimentaires intermittentes. L’étude a montré une corrélation positive entre ces compulsions et l’inaptitude à gérer les manifestations émotionnelles. A contrario, la corrélation est négative entre l’alimentation émotionnelle et la consommation excessive d’alcool. « Cela suggère deux façons distinctes de gérer les émotions négatives » analyse David Val-Laillet. Si cette alimentation émotionnelle semble une pratique courante, elle est susceptible accroître le risque de développer des troubles des conduites alimentaires.

Le cerveau réagit différemment selon les aliments

Au cours d’une étude pilote, seize volontaires ont passé une IRM pour étudier l’impact de la vision d’images d’aliments sur l’activité cérébrale. Deux groupes ont été constitués selon leurs comportements alimentaires : les « prudent-type consumers » et les « western-type consumers », ces derniers ayant une plus forte consommation de crèmes glacées, de viande et de charcuterie. L’IRM a montré que l’expression d’une préférence pour un aliment peu calorique activait le cortex préfrontal dorsolatéral, impliqué dans les décisions sans conflit cognitif. Le choix pour un aliment fortement calorique activait, quant à lui le cortex cingulaire dorsal antérieur, impliqué dans les décisions avec conflit et/ou regret.

L’étude se poursuit avec 50 étudiantes normopondérales afin de caractériser des biomarqueurs d’imagerie corrélés aux habitudes alimentaires, notamment à la fréquence de consommations d’aliments caloriques. Un projet similaire (AddictO), financé par le CHU de Rennes, vient de débuter chez des patientes obèses, avec ou sans addiction alimentaire, afin d’identifier des biomarqueurs, utilisables dans le parcours de soin. L’objectif est de prédire ou diagnostiquer des désordres alimentaires et d’aider à choisir la meilleure façon de les prévenir ou de les traiter dans une démarche de médecine personnalisée.

 

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