Maladie de Creutzfeldt-Jakob : les mêmes prions présents dans la forme génétique et la forme sporadique de la maladie

Les chercheurs du département INRAE Santé Animale ont établi pour la première fois que les patients atteints de la forme sporadique de la maladie de Creutzfeldt-Jakob et de la forme génétique la plus fréquente présentaient les mêmes souches de prions. Ces résultats valident le rôle de modèle de la forme génétique de la maladie de Creutzfeldt-Jakob pour étudier la maladie sporadique. Ils ouvrent des perspectives cliniques allant de la détection précoce au développement de traitements ciblés.

Publié le 25 août 2025

© INRAE

Les maladies à prions, également appelées encéphalopathies spongiformes transmissibles (EST), sont un groupe de troubles neurodégénératifs mortels qui surviennent chez l'humain et chez diverses espèces de mammifères. Ces maladies se caractérisent par l'accumulation d'une forme mal repliée de la protéine prion cellulaire (PrPC) dans le système nerveux central. La protéine mal repliée, appelée PrPSc, serait le principal, voire le seul, composant des agents infectieux, ou prions, responsables de ces troubles.

Les maladies à prions humaines se présentent sous 3 formes (sporadique, génétique et acquise) : la maladie de Creutzfeldt-Jakob sporadique (MCJs) est la plus courante, avec une incidence annuelle de 1 à 2 cas par million dans le monde. La maladie de Creutzfeldt-Jakob génétique (MCJg) est associée à des mutations du gène codant la PrPC (PRNP), qui surviennent dans environ 10 à 15 % des cas de maladie de Creutzfeldt-Jakob. La mutation la plus fréquente, E200K[1], est responsable de foyers de maladie en Slovaquie, en Israël, en Espagne, en Italie et au Chili. La maladie due à cette mutation se manifeste généralement à un âge plus jeune que la maladie sporadique : 60,4 ans contre 68 ans.

Les chercheurs du département INRAE Santé Animale ont établi pour la première fois que les tissus de patients atteints de la forme sporadique et de la forme génétique de la maladie (due à la mutation E200K) contiendraient les mêmes souches de prions, indiquant ainsi que les fondements moléculaires de ces deux formes de la maladie seraient identiques. Ils ont également détecté dans la forme génétique de la maladie de faibles traces de prions dans des tissus périphériques (rate, cœur, poumons, etc.), comme dans la forme sporadique. Ces résultats valident le rôle de modèle de la forme génétique de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (liée à la mutation E200K) pour étudier la pathogénie et le développement de la maladie et le traitement de la maladie sporadique, dont les causes ou les facteurs prédisposants sont encore inconnus, ce qui empêche de prévoir son apparition chez les individus, et dont l’évolution est très rapide et inévitablement fatale. Ils ouvrent des perspectives cliniques allant de la détection précoce au développement de traitements ciblés.

 

Référence : Barrio, T., Douet, JY., Žáková, D. et al. Characterization of prion strains and peripheral prion infectivity patterns in E200K genetic CJD patients. Acta Neuropathol 149, 62 (2025). https://doi.org/10.1007/s00401-025-02903-5
 


[1] La mutation E200K correspond à une substitution de l'acide glutamique par la lysine au codon 200 du gène PNRP.

Communication Santé animale

Contacts scientifiques

Tomás BARRIO

Unité mixte de recherche « Interactions hôtes-agents pathogènes » IHAP (INRAE-ENVT)

Olivier ANDREOLETTI

Unité mixte de recherche « Interactions hôtes-agents pathogènes » IHAP (INRAE-ENVT)

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