Agroécologie Temps de lecture 4 min
L’Inra inaugure Phenotis : un dispositif expérimental pour une viticulture durable de qualité, économe en intrants et résiliente face au changement climatique
COMMUNIQUE DE PRESSE - Le vendredi 4 octobre 2019, à Colmar, Philippe Mauguin, Président Directeur Général de l’Inra, Claudine Ganter, Présidente de la Commission Relations Internationales et Transfrontalières de la Région Grand Est et Gilbert Meyer, maire de Colmar et Président de Colmar Agglomération, ont inauguré le dispositif expérimental Phenotis en présence de Frédérique Pelsy, présidente du Centre Inra Grand Est-Colmar. Ce dispositif expérimental est conçu pour la vigne en appui aux programmes de recherche et d’innovation au service d’une viticulture à bas intrants, produisant des vins de qualité et adaptée au climat du futur.
Publié le 04 octobre 2019


La vigne est sensible à de nombreuses maladies fongiques et virales qui nécessitent d’être contrôlées pour obtenir une vendange de qualité, essentiellement par des moyens de lutte chimique. De ce fait, la viticulture se situe au second rang sur le marché des produits phytosanitaires après les céréales. Malgré son efficacité, ce moyen de protection de la vigne est susceptible de produire des effets directs ou indirects indésirables sur la qualité des vins, l’environnement, la santé humaine et le bénéfice du viticulteur. La réduction de l’usage des produits phytosanitaires pour la culture de la vigne répond donc non seulement à un enjeu de protection de la santé humaine et de l’environnement mais également à celui de la compétitivité de la filière. A ces enjeux s’ajoutent celui de l’adaptation de la viticulture au changement climatique.
Le centre Inra Grand Est conduit des programmes de recherche visant à acquérir des connaissances et créer des ressources et des outils pour développer des innovations au service d’une viticulture à bas intrants, produisant des vins de qualité et adaptée au climat du futur. Trois nouvelles variétés de vigne dont le profil aromatique se rapproche des ‘vins blancs du Rhin’, résistantes au mildiou et à l’oïdium, sont aujourd’hui expérimentées par l’interprofession alsacienne.
Phenotis, inauguré ce 4 octobre, est un dispositif expérimental unique et original spécifiquement conçu pour venir en appui aux programmes de recherche sur la résistance de la vigne aux maladies, sur la croissance et les stades de développement de la vigne et sur la qualité de la baie de raisin et pour développer de nouvelles stratégies de lutte contre le virus du court noué et son nématode vecteur.
Phenotis comprend différents équipements :
• 1000 m2 de serres à haute qualité environnementale dont la moitié en conditions de confinement S2. Ces serres sont équipées d’un système de régulation de température et d’arrosage automatisé.
• Un laboratoire de nématologie
• Un bâtiment dédié au personnel de serre
• Une aire d’expérimentation ouverte de 200 m2
• Un laboratoire d’imagerie dédié à l’étude des relations entre la vigne et ses pathogènes
• Un dispositif de chromatographie pour l’étude du métabolisme secondaire
• Un ensemble de capteurs pouvant être embarqués sur tracteur viticole pour l’acquisition automa-tisée de données au vignoble.
Spécialiste de la résistance aux maladies de la vigne, le centre Inra Grand Est-Colmar est le principal institut de recherche sur la vigne dans le bassin septentrional français. Il est l’organisme de recherche principal du Biopôle Adrien Zeller de Colmar qui accueille une chaine de métiers de la recherche, de l’enseignement supérieur et du développement autour de deux thématiques stratégiques « Vignes &Vins » et « Agronomie & Environnement ».
Les recherches menées à Colmar visent à acquérir des connaissances sur les maladies de la vigne, fongiques et virales, parmi les plus préjudiciables pour le vignoble français. Ses travaux académiques portent sur la compréhension des interactions entre la vigne et ses agresseurs, l’expression des arômes de la baie de raisin et le développement de la vigne. Au-delà des résultats académiques, les recherches menées sur le Centre de Colmar permettent le développement d’innovations directement transférables à la profession, telles de nouvelles variétés de vigne de cuve résistantes, des outils de détection de virus ou des itinéraires techniques. Le Centre Grand Est-Colmar mène aussi des recherches sur l’évaluation multicritère des systèmes de cultures.Parce que la Région Grand Est fait de l’innovation et de la recherche l’une de ses priorités, elle s’est dotée d’une politique volontariste visant à renforcer l’excellence et l’attractivité du territoire. Dans le domaine de la viticulture plus particulièrement, la Région a à cœur d’accompagner le dynamisme de cette filière d’excellence vectrice d’une image forte à l’international, créatrice d’emplois nombreux et non délocalisables, ancrée sur des terroirs protégés. En effet, la filière vitivinicole du Grand Est représente près de 5,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires (vins d’Alsace : 540 millions d’euros, Champagne : 4,9 milliards d’euros, dont 2,6 à l’export, soit un tiers des exportations françaises).
La Région Grand Est participe ainsi à hauteur de 506 000 euros, au titre du Contrat de Projet Etat-Région (CPER) 2015-2020, au projet Phenotis. Celui-ci répond en effet aux défis que devra relever la viticulture pour assurer son avenir, en garantissant une production satisfaisante en qualité et en quantité, en mainte-nant les équilibres biologiques, en limitant l’usage des pesticides tout en développant la qualité des paysages. En tant qu’autorité de gestion des fonds européens, la Région a également attribué une aide FEDER (Fonds Européen de Développement Régional) de plus de 460 000 euros pour les travaux de déconstruction et de reconstruction de serres.- Près de 20 000 vignerons (79,6% en Champagne, 20,1% en Alsace), 16 000 exploitations viticoles, 1/3 des exploitations agricoles du Grand Est, 6,2% du vignoble français,
- Flux internationaux : exportations : + 2,7 milliards d’euros (18% en Grande Bretagne, 13% en Allemagne,
- 13% aux USA), importations : - 63 millions d’euros (20% d’Italie, 13% d’Espagne, 13% du Portugal), soit un solde de + 2,6 milliards d’euros,
- un contrat de filière Viticulture du Grand Est 2019-2021 en lien avec les instances représentatives des trois vignobles (CIVC, SGV, CIVA, AVA, Chambre régionale d’agriculture) s’articulant autour de 3 enjeux : la compétitivité et la durabilité des exploitations viticoles, le développement à l’international et la valorisation patrimoniale du vignoble à travers l’œnotourisme. Dans le cadre de ce contrat, les interprofessions viticoles des 3 vignobles du Grand Est ont pris l’engagement de tendre vers 0% herbicide à l’horizon 2025.
