Agroécologie 5 min

L’enrichissement du milieu d’élevage : c’est bénéfique aussi pour les truites

Testé chez un poisson d’élevage, l’enrichissement physique de l’environnement permet d’améliorer le bien-être, mesuré selon trois différentes méthodes, portant sur : (1) le comportement naturel des animaux, (2) leurs fonctions biologiques et (3) leur sensibilité émotionnelle.

Publié le 07 juillet 2022

illustration L’enrichissement du milieu d’élevage : c’est bénéfique aussi pour les truites
© V. Brunet

L’enrichissement physique consiste à complexifier l’environnement des animaux captifs afin d’améliorer leurs conditions de vie. Les chercheurs de l’unité de recherche LPGP ont évalué l’impact de cet enrichissement dans des bassins de truites arc-en-ciel par la présence de plantes, de galets et d’abris. Différents indicateurs du bien-être ont été mesurés sur : le comportement naturel, le maintien des fonctions biologiques et la sensibilité émotionnelle.

 

Des truites (n=180) ont été réparties en deux groupes expérimentaux de taille égale, l’un élevé en environnement enrichi et l’autre non. Leur comportement a été observé pendant la phase d'élevage (jusqu’à 188 jours post-fécondation) ; leurs performances de croissance et leur statut immunitaire ont également été évalués.

Les paramètres comportementaux (comportements agonistiques*, activité natatoire, cohésion du groupe) ont été enregistrés pendant 4 semaines par vidéo. A l’issue de cette période, un score d’érosion des nageoires dorsales a permis de compléter l’évaluation des comportements agonistiques dans chaque groupe.
La réactivité émotionnelle des individus a été déterminée au 208e jour post-fécondation en observant les comportements de peur exprimés lors d’un test d’isolement social en environnement nouveau et en dosant le cortisol plasmatique (marqueur du stress) suite à cet isolement. La témérité et la néophobie des poissons ont également été évaluées en présence d'un nouvel objet entre 250 et 260 jours post-fécondation. L’analyse des comportements exprimés pendant ces tests a été réalisée avec logiciel EthoVision® XT.

Les résultats montrent que l’enrichissement de l’habitat diminue l’expression des comportements agonistiques et améliore la croissance, sans détériorer le statut immunitaire des poissons. Les tests comportementaux ont permis de montrer que l’enrichissement stimule les comportements exploratoires et diminue la néophobie des truites face à un nouvel objet. De plus, les poissons élevés dans un milieu enrichi ont manifesté moins de comportements de peur que les autres, lorsqu'ils étaient isolés dans un nouveau bassin, malgré une élévation du cortisol plasmatique similaire dans les deux groupes après le test d'isolement.
Ces résultats montrent que la complexification de l'environnement par l'ajout de structures physiques qui stimulent et encouragent les truites arc-en-ciel à explorer leur habitat, améliore leur bien-être, à la fois en termes de comportement in situ, d’intégrité fonctionnelle (croissance, immunité) et de réactivité émotionnelle en situation inhabituelle (isolement social ou présence d’un objet nouveau).

L’enrichissement physique devrait être recommandé dans les élevages de truites arc-en-ciel afin de favoriser le bien-être de ces animaux, voire de générer des émotions positives (des travaux sont en cours dans ce sens).

 

*En éthologie, un comportement agonistique désigne l'ensemble des conduites liées aux confrontations de rivalité entre individus. Ce comportement qui englobe l'agression et la fuite, est notamment chargé de régler les problèmes de tension dans un groupe social.

 

Sylvie André

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Violaine Colson contact scientifiqueLaboratoire de Physiologie et Génomique des Poissons (LPGP)

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