Agroécologie Temps de lecture 3 min
Innofenso, la start-up qui utilise des micro-insectes pour lutter contre les ravageurs de cultures
Contre les lépidoptères ravageurs de cultures, la start-up Innofenso propose d’utiliser leurs ennemis naturels : des trichogrammes triés sur le volet grâce à une technologie développée au sein d’INRAE.
Publié le 19 février 2025

Le problème : des papillons un peu trop gloutons !
Si les lépidoptères, plus communément appelés « papillons », ont plutôt bonne réputation, certaines espèces du groupe ternissent toutefois leur image en ravageant de nombreuses cultures de fruits, de légumes et de plantes aromatiques et à parfum. Héliothis et Cirphis sont deux espèces de lépidoptères ravageurs dont les larves se nourrissent sur de nombreuses plantes, impactant ainsi leurs fonctions vitales et, pour les plantes cultivées, leur rendement ou leur qualité. Les nouvelles réglementations prévoyant un retrait progressif des insecticides utilisés contre ces insectes ravageurs, des méthodes naturelles et respectueuses de l’environnement sont proposées aux agriculteurs en demande de solutions.
La solution : des trichogrammes au programme
Biocontrôle : utilisation d’organismes vivants ou de régulations naturelles pour lutter contre les ravageurs des cultures.
La start-up Innofenso a développé une solution de biocontrôle unique impliquant des trichogrammes : de minuscules insectes qui pondent leurs œufs dans ceux des lépidoptères, empêchant l’apparition des larves (chenilles) à l’origine des dégâts. Après une étude rigoureuse des types de cultures à protéger, de leurs conditions micro-climatiques et environnementales, et des ravageurs qui s’y attaquent, Innofenso fournit aux exploitations une solution sur-mesure : un cocktail de trichogrammes soigneusement sélectionnés. Une caractéristique supplémentaire de ce cocktail est qu’il ne contient que des souches indigènes, c’est-à-dire naturellement et exclusivement présentes dans les régions ciblées, limitant ainsi d’éventuels effets non-intentionnels sur l’écosystème. Les agriculteurs reçoivent alors des petits contenants remplis d’œufs de trichogrammes prêts à émerger, qu’ils vont simplement épandre dans leurs plantations. Les trichogrammes vont ensuite se disperser, localiser les œufs de ravageurs et les parasiter. « S’ils ne trouvent pas ou plus d’œufs de ravageurs, les trichogrammes vont s’éteindre naturellement, leur capacité de dispersion étant limitée. », explique Christophe Vasseur, président d’Innofenso.

Une innovation sortie des labos d’INRAE
L’innovation d’Innofenso réside dans la technologie de phénotypage et de criblage, c’est-à-dire d’identification et de sélection des trichogrammes. Elle est le fruit d’une dizaine d’année de recherches de Nicolas Ris, ingénieur de recherche à INRAE et désormais directeur scientifique d’Innofenso. En 2023, cette technologie a été lauréate du concours d’innovation i-Lab, quelques mois seulement avant la création de la start-up. Les recherches se poursuivent dans les laboratoires d’INRAE et de Sophia-Antipolis en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, où est domiciliée Innofenso. L’objectif pour 2025 et 2026 est de développer le biocontrôle par les trichogrammes pour près de 10 filières agricoles dans quatre régions de France. « Aujourd’hui, la technologie trichogramme est particulièrement adaptée contre les lépidoptères, mais on n’exclut pas d’étendre nos recherches à d’autres groupes de ravageurs et d’autres auxiliaires », ajoute Christophe Vasseur, président d’Innofenso.
