Alimentation, santé globale 4 min
[Infographie] Les enjeux sociaux de la durabilité alimentaire
Les enjeux sociaux de la durabilité alimentaire : incorporer le coût environnemental dans l’alimentation au domicile des ménages en France. Deux scénarios de politiques de prix répondant aux exigences environnementale et nutritionnelle alertent également sur l’impact social et l’inéquité qui en découle.
Publié le 16 octobre 2019
La dimension sociale, incluant la réduction des inégalités, est un des piliers de la durabilité, à l’instar de l’environnement et la nutrition. Les politiques visant à une consommation plus durable doivent être évaluées à l’aune de ces 3 critères principaux. Illustration ici, à partir de 2 scénarios de politiques de prix au consommateur qui réduisent les émissions de gaz à effet de serre (en équivalents CO2) liées à l’alimentation, améliorent la qualité nutritionnelle (mesurée par un score d’adéquation aux recommandations nutritionnelles) et mesurent l’impact sur la distribution du budget alimentaire des ménages, pour les 10 % les plus pauvres et les 10 % les plus riches.
Incorporer le coût environnemental à l’alimentation dans son ensemble ou cibler certains produits
La consommation alimentaire est ici définie par les achats pour l’alimentation au domicile. Les politiques de prix (taxation-subvention) sont calculées, avec les données d’achat de 2010, sur la base des émissions de gaz à effet de serre proportionnellement à l’impact de chaque groupe alimentaire.
- Le premier scénario, avec un objectif purement environnemental de réduction des émissions de gaz à effet de serre, porte sur l’ensemble de l’alimentation (Scénario 1) : il répercute le surcoût environnemental (taxation carbone) associé à chaque groupe alimentaire.
- Le deuxième scénario utilise le levier des sources de protéines, avec des objectifs à la fois environnementaux et nutritionnels, en intervenant sur certaines catégories seulement d’aliments (Scénario 2). Il vise à susciter des substitutions vertueuses entre sources de protéines animales et végétales. Il consiste à décourager la consommation de produits animaux les plus émetteurs de gaz à effet de serre et déconseillés pour la santé en répercutant le surcoût environnemental par des taxes, et à favoriser celle de produits à teneur élevée en protéines végétales par des subventions. Cette politique est conçue à revenu neutre pour l’État, le revenu dégagé par la taxe finançant les subventions.
Des mesures compensatoires à trouver
A côté d’effets positifs sur le plan environnemental et nutritionnel, ces 2 scénarios se révèlent moins favorables en termes d’impact social.
Si dans les 2 cas, la part consacrée à l’alimentation dans le revenu des ménages s’accroît, l’incidence est moindre pour les ménages les plus riches dans le scénario 1.
Dans le scénario 2, qui en moyenne n’entraîne pas de surcoût de l’alimentation, les ménages les plus riches voient même leur situation budgétaire s’améliorer contrairement aux populations les plus pauvres. Ces simulations doivent donc alerter sur les conséquences inéquitables de politiques de prix dont le bien-fondé sur le plan environnemental et nutritionnel doit s’accompagner de mesures compensatoires spécifiques pour les ménages les plus pauvres.
> Caillavet F., Fadhuile A., Nichèle V. 2019. Assessing the distributional effects of carbon taxes on food : Inequalities and nutritional insights in France. Ecological Economics 163(2019) 20-31.
> Caillavet F, Fadhuile A, Nichèle V. 2019. L'évolution de la consommation de produits animaux en France : de multiples enjeux. INRA Productions Animales. 2019;32(2):131-146.