Alimentation, santé globale 3 min

Evaluer, préserver et rétablir la symbiose Homme-microbes

En 2019, démarre le projet « Homo.symbiosus » de Joël Doré, qui a été retenu par le conseil européen de la recherche (ERC) pour l’attribution de la bourse « Advanced » 2017. Ce projet, qui vise à « évaluer, préserver et rétablir la symbiose Homme-microbes », aborde la santé de l’Homme avec une vision systémique et globale, centrée sur les relations entre l’Homme et ses microbes.

Publié le 04 janvier 2019

illustration Evaluer, préserver et rétablir la symbiose Homme-microbes
© INRAE

L’Homme microbien

Chaque jour, la recherche produit de nouvelles connaissances qui confirment le rôle des bactéries hébergées par le corps humain sur la santé et le bien-être. L’Homme héberge en effet autant de bactéries que de cellules humaines, qui sont en interaction dès sa naissance et tout le long de son existence. En particulier, ces bactéries protègent le corps humain contre la prolifération de bactéries de l’environnement, et stimulent en permanence ses défenses naturelles. Rien ne se passe au niveau du microbiote qui n’impacte l’Homme au niveau de la perméabilité intestinale, du tonus immunitaire ou inflammatoire, et du stress oxydant. Un dérèglement à l’un de ces quatre niveaux peut entraîner des ruptures dans la relation entre l’Homme et ses microbes et un basculement vers un état de pré-maladie ou de maladie, avec des retours en arrière parfois très difficiles.

Le projet de Joël Doré est précisément d’analyser ces interactions et d’imaginer de nouvelles solutions de prévention et de traitement des grandes maladies chroniques que sont l’obésité, le diabète, les maladies du foie, l’autisme, les maladies cardiovasculaires et certains cancers. Pour cela, le chercheur étudiera l’impact de la modification de certains paramètres, et en particulier de l’inflammation intestinale, sur le développement d’un état de pré-maladie. En parallèle une étude spécifique sur le diabète sera réalisée dans le cadre des cohortes Nutrinet-Santé et MetaCardis, explorant les facteurs de prédispositions à la maladie et les déviations constatées au niveau du microbiote. Le projet analysera des données d’observations sur l’Homme et sur l’animal. Un important volet de bio-analyse et de modélisation de la relation entre le microbe et l’hôte complètera l’exploration des relations entre l’Homme et ses microbes et permettra d’étudier les interactions entre les variations de caractéristiques de l’état de santé (inflammation, immunité, oxydation) et la composition du microbiote.

Le projet dispose d’une dotation de l’ERC de 2,5 Millions d’euros, pour 5 ans à partir du 1er janvier 2019, qui permettra le fonctionnement d’un collectif associant les compétences de l’institut Micalis, de Métagénopolis, de l’unité de recherche MaIAGE (Mathématique et informatique appliquées, du génome à l’environnement), du projet Nutrinet du CRESS (Centre de recherches épidémiologiques et biostatistiques Sorbonne Paris Cité) et d’une équipe de recherche de l’AP-HP (Assistance publique – Hôpitaux de Paris). Les ressources en présence seront renforcées par le recrutement de quatre jeunes docteurs en contrat post-doctoral, d’un(e) étudiant(e) en doctorat, d’un(e) technicien(ne) de laboratoire et d’une assistante de gestion.

Vers une nouvelle médecine

Fondé sur un ensemble de connaissance acquises, le projet Homo.symbiosus a l’ambition de franchir un pas dans la compréhension de la symbiose entre l’Homme et ses microbes, qui ouvre la voie à de nouveaux traitements mais aussi, plus généralement, à de nouvelles approches médicales. Cette exploration suppose le passage d’une vision centrée sur les symptômes ou même les organes, à une analyse plus globale prenant en compte les paramètres relatifs à la composition du microbiote, à la perméabilité intestinale, à l’inflammation et au stress oxydant. Le projet de Joël Doré répond à l’urgence d’avancer sur ce terrain alors que l’incidence de l’obésité, du diabète, des maladies du foie et des maladies cardiovasculaires, augmente rapidement depuis soixante ans, en grande partie de façon incontrôlée, et que les solutions thérapeutiques disponibles ne sont pas toujours efficaces sur le long terme.

En savoir plus

Le Conseil européen de la recherche (ERC) vise à renforcer le dynamisme, la créativité et l'excellence de la recherche européenne aux frontières de la connaissance. L'ERC finance l'excellence scientifique à la frontière des connaissances. C'est un programme dédié à la recherche fondamentale, dont l'unique critère de sélection est l'excellence scientifique. Le programme ERC (European Research Council) propose quatre types de bourses individuelles :

  • Starting Grant, pour les jeunes chercheurs deux à sept après obtention de leur thèse ;
  • Consolidator Grant, pour les jeunes chercheurs sept à douze ans après obtention de leur thèse ;
  • Advanced Grant, déstiné aux chercheurs confirmés ;
  • Proof of Concept (vérification de concept) pour l'aide à la valorisation. Cette dernière bourse est réservée aux lauréats ERC.

Le bourses « Advanced » de l’ERC sont conçues pour permettre à des chercheurs confirmés, leaders reconnus de la recherche dans leur domaine, de proposer un sujet en rupture par rapport à leur activité de recherche. Le programme soutient prioritairement les projets de nature interdisciplinaire, transversaux à différents domaines de la recherche, les projets novateurs abordant des nouveaux sujets de recherche ou des sujets émergents ou fondés sur des approches non conventionnelles. La bourse est attribuée au chercheur principal d’une équipe de recherche, qui doit consacrer au moins 30% de son temps de travail total au projet financé. Les subventions « Advanced » peuvent atteindre au maximum de 2.500.000 EUR pour une période de 5 ans.  Les critères de sélection sont l'excellence scientifique du projet et du chercheur qui le porte. Ce dernier doit faire preuve de son indépendance scientifique et de sa capacité à assumer la gestion de son projet.

Christine JezRédactrice

Joël Doré MICrobiologie de l'ALImentation au service de la Santé

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