Changement climatique et risques 3 min

Evaluer les performances des pratiques agroécologiques pour une meilleure gestion de l’eau

Différents leviers peuvent être utilisés pour améliorer le fonctionnement agroécologique d’une exploitation. Sur le bassin Adour-Garonne, des scientifiques du laboratoire Agroécologie innovations territoires (INRAE-INP) du centre de INRAE Occitanie-Toulouse avec 20 partenaires de la recherche, du développement agricole et 60 agriculteurs, en ont évalué les performances techniques mais aussi sociales et économiques.

Publié le 02 mai 2022

illustration Evaluer les performances des pratiques agroécologiques pour une meilleure gestion de l’eau
© INRAE

Sur le bassin Adour-Garonne, les effets du changement climatiques interrogent, notamment sur l’adaptation nécessaire des systèmes de culture pour améliorer à la fois la disponibilité en eau quand les cultures en ont besoin mais aussi la capacité des milieux à résister à des phénomènes de précipitations intenses. Une partie de la réponse se trouve dans les pratiques agroécologiques, telles que la diversification dans la rotation des cultures, l’utilisation de couverts végétaux, l’agroforesterie, la réduction du travail du sol...

Le programme BAG’AGES, coordonné par le centre INRAE Occitanie-Toulouse, est particulièrement exemplaire des pistes de recherche à explorer. Doté d’un budget total de 5 millions d’euros, financé par l’Agence de l’eau Adour-Garonne et par la Région Occitanie, le programme a rassemblé pendant cinq années (2016-2021) vingt partenaires de la recherche, du développement agricole, de l’enseignement et des organismes économiques et près de soixante agriculteurs.

« Notre objectif principal était de quantifier les effets des pratiques agroécologiques, sur le fonctionnement du système sol-plante, par des expérimentations et des modélisations, à différentes échelles, depuis la parcelle jusqu’au bassin versant », précise Lionel Alletto, directeur de recherche au laboratoire AGIR et co-coordinateur du projet BAG’AGES.

Les performances socioéconomiques ont également été évaluées sur des exploitations mettant en œuvre ces leviers.

Une meilleure gestion de l’eau

Ce projet a mis en évidence des modifications fortes en termes de capacité d’infiltration grâce aux pratiques agroécologiques. Cette capacité est de 2 à 8 fois plus élevée et plus stable dans le temps sur des sols conduits en agriculture de conservation, que sur des sols labourés. Cela s’explique par une meilleure stabilité structurale du sol, avec un accroissement des teneurs en carbone organique en surface et une meilleure connectivité du réseau des pores, qui assurent la circulation de l’eau. La faune, comme les vers de terre, est plus présente dans ces parcelles. Cela accroit les réseaux d’infiltration de l’eau. En cas de fortes pluies, l’eau s’enfonce plus rapidement, ce qui réduit les risques de ruissellement.

Sur certains types de sols, comme les sols limoneux des vallées alluviales, les pratiques agroécologiques améliorent la porosité, donc la rétention d’eau disponible pour les plantes. Bien que remarquée par des observatoires d’agriculteurs travaillant en agriculture de conservation des sols, cette amélioration de l’efficience de l’eau en période de sécheresse notamment, n’a pu être testée expérimentalement.

L’introduction de cultures intermédiaires réduit le drainage, en moyenne, de 30 mm. Mais, si elles sont détruites trop tardivement, ces cultures peuvent réduire le stock d’eau du sol, disponible pour la culture suivante. Des travaux de modélisation sur deux bassins versants ont permis de montrer que les cultures intermédiaires n’avaient que peu d’effets sur les flux d’eau mais qu’elles réduisaient significativement, jusqu’à 30%, les fuites de nitrates vers les cours d’eau.

Un accroissement significatif des stocks de carbone dans les sols conduits avec différents leviers agroécologiques a également été montré.

Maintien de l’efficacité économique

Dans les exploitations ayant recours à des leviers agroécologiques, le suivi des performances économiques a mis en évidence des niveaux de rentabilité équivalents à ceux des exploitations dans un fonctionnement conventionnel.

Ce programme a permis de développer des méthodologies, par exemple pour estimer la biomasse, donc le retour de carbone, des couverts végétaux ou encore pour modéliser les risques érosifs et l’impact des cultures intermédiaires sur l’hydrologie des bassins versants.

Ce sont autant de pistes à poursuivre pour faire face aux défis de l’usage de l’eau et renforcer l’ancrage des activités agricoles dans nos territoires.

 

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