Agroécologie 2 min

Etude des modèles de déploiement de la résistance des plantes

Des chercheurs d’INRAE et leurs collègues australiens du CSIRO ont analysé la littérature scientifique afin d’étudier les modèles mathématiques développés pour explorer le déploiement de la résistance de cultures agricoles face à des épidémies. Les résultats de cette analyse, publiés dans la revue Annual Review of Phytopathology, permettent d’envisager des perspectives de recherche en matière de gestion durable des résistances.

Publié le 06 octobre 2021

illustration Etude des modèles de déploiement de la résistance des plantes
© INRAE, Brigitte CAUVIN

Sélectionner pour mieux résister

La sélection de variétés portant des gènes de résistance permet de protéger les cultures agricoles contre les épidémies tout en limitant le recours aux produits phytosanitaires. Cependant, même si plusieurs maladies ont ainsi pu être contrôlées, les agents pathogènes ont un extraordinaire potentiel évolutif grâce auquel ils s’adaptent, parfois très rapidement, à la résistance variétale. Ce contournement de la résistance se traduit par la recrudescence d’épidémies sévères, et la perte de ressources génétiques précieuses. Ainsi, aux coûts directs causés par les pertes de rendement des cultures s’ajoutent les coûts de recherche et développement nécessaires pour sélectionner de nouvelles variétés résistantes, un processus complexe et long (de l’ordre d’une dizaine d’années).

Améliorer la durabilité de la résistance

Diverses stratégies de déploiement des gènes de résistance ont été proposées pour améliorer la durabilité de la résistance. Elles s’appuient principalement sur la sélection de sources de résistance difficiles à contourner, et leur combinaison à différentes échelles spatio-temporelles. Les quatre grandes familles de stratégies sont le pyramidage de gènes, les rotations et mélanges variétaux, et les mosaïques paysagères. Il est possible de combiner ces stratégies, et, au sein de chacune d’entre elles, d’opérer de multiples choix qui auront des conséquences différentes sur la propagation et l’évolution des agents pathogènes. Ainsi, devant l’éventail des possibilités et les échelles spatio-temporelles considérées, l’optimisation du déploiement de la résistance par l’expérimentation en conditions contrôlées est très limitée. 

De l’expérimentation aux modèles

Les modèles mathématiques constituent un outil d’investigation alternatif et complémentaire aux expérimentations. De nombreux modèles ont été développés pour explorer le déploiement de la résistance pour divers pathosystèmes et dans différents contextes épidémio-évolutifs. Les chercheurs ont ainsi effectué une revue de la littérature scientifique à partir de 69 études sur ce sujet, et ont analysé la structure des modèles qui ont été employés (ex : prise en compte de l’évolution de l’agent pathogène, de la structure du paysage), les hypothèses sous-jacentes, et les critères d’évaluation des stratégies (ex : durabilité de la résistance, efficacité du contrôle épidémique, rentabilité économique). Cette analyse permet de dégager les grandes tendances et les perspectives de recherche pour une gestion durable de la résistance. 

Si la multiplicité des approches mathématiques utilisées ne permet pas de comparer aisément les quatre grandes familles de stratégies de déploiement (pyramidage, mélanges, rotations et mosaïques), les modèles mettent toutefois en lumière leurs avantages et inconvénients respectifs. La grande conclusion de ce travail est qu’il n’existe pas de stratégie universelle : le déploiement optimal dépend, entre autres, de l’objectif poursuivi, du contexte épidémio-évolutif et du pathosystème considéré. Il existe donc un grand intérêt à combiner ces différentes stratégies de déploiement, qui agissent à des échelles emboîtées allant du gène au paysage.
 

Référence : 
Loup Rimbaud, Frédéric Fabre, Julien Papaïx, Benoît Moury, Christian Lannou, Luke G. Barrett, Peter H. Thrall (2021). Models of Plant Resistance Deployment. Annual Review of Phytopathology 2021 59:1, 125-152. https://doi.org/10.1146/annurev-phyto-020620-122134

 

Loup RIMBAUDRédacteur

Contacts

Loup RIMBAUD ChercheurPathologie Végétale (PV)

Le centre

Le département

En savoir plus

Agroécologie

Résistance des plantes face aux maladies : une forme majeure de leur système immunitaire décryptée

COMMUNIQUE DE PRESSE - Comprendre comment les plantes se défendent face aux agents pathogènes est primordial pour aller vers une agriculture utilisant moins de pesticides. L’immunité quantitative est la forme d’immunité la plus commune chez les plantes, pourtant les connaissances sur cette réponse immunitaire restent très limitées en raison de sa complexité. Une équipe de recherche d’INRAE et du CNRS, avec la collaboration de la société iMEAN, ont analysé le réseau moléculaire qui contrôle l’immunité quantitative chez Arabidopsis thaliana en réponse à l’infection par une bactérie. Leurs résultats, publiés dans la revue PNAS le 15 juillet 2020, révèlent des fonctions clés de l’immunité quantitative et mettent en lumière sa complexité qui en fait sa robustesse.

16 juillet 2020

Agroécologie

La surveillance de la résistance aux produits phytosanitaires à travers le monde

Des scientifiques de l’Anses et d’INRAE ont analysé les systèmes de surveillance des résistances aux produits phytosanitaires dans le monde. Il ressort de leur étude que dans un même pays, plusieurs types d’acteurs, privés ou publics, mènent souvent des travaux en parallèle sur le sujet. Leurs approches sont complémentaires et les dispositifs de surveillance gagneraient en efficacité avec plus de coopération.

25 mars 2021

Agroécologie

Des bases communes pour la résistance quantitative aux maladies

Lorsqu’un parasite gagne la capacité d’infecter de nouveaux hôtes, de terribles épidémies peuvent survenir, comme dans le cas de la COVID-19. Le champignon responsable de la pourriture blanche est naturellement capable d’infecter des centaines d’espèces végétales appartenant à des familles botaniques très diverses. Des chercheurs INRAE du Laboratoire des Interactions Plantes Microbes Environnement (LIPME) à Toulouse ont voulu savoir comment des plantes aussi différentes que la betterave et le haricot réagissent à l’attaque de ce champignon au niveau moléculaire. Cette étude parue dans la revue The Plant Cell a permis de révéler la diversité des mécanismes dont les plantes disposent pour ralentir la progression de l’infection.

30 mars 2021