Agroécologie 3 min

Le défi d’une agriculture beaucoup moins dépendante des pesticides

Une agriculture avec moins de pesticides est possible. Des pratiques alternatives et des techniques agronomiques économes en produits phytosanitaires existent. Pour autant, la réduction de 50 % de la consommation de pesticides visée par le plan national Ecophyto 2018 n’a pas été atteinte et est reportée à 2025 (Ecophyto 2). Laurence Guichard, agronome à l’Inra Versailles-Grignon a pris part à l’article analysant les raisons de cet échec. Elle nous propose un décryptage en 3 séquences (vidéo) des pratiques possibles et des conditions nécessaires à leur réussite.

Publié le 31 mai 2017

illustration Le défi d’une agriculture beaucoup moins dépendante des pesticides
© INRAE

Les pesticides sont devenus la clé de voute des systèmes de culture, de la production agricole aux filières. Agriculteurs, sélectionneurs, conseillers, transformateurs, collecteurs, distributeurs, consommateurs…, tous les acteurs articulent leurs stratégies et leurs relations autour de la solution « pesticides », et la stratégie de chacun renforce celle des autres. Par exemple, les associations d’espèces ou la diversification des cultures se heurtent à des contraintes logistiques et sont peu promues car elles rencontrent peu de débouchés. C’est cette situation de « verrouillage sociotechnique » qui freine le développement des alternatives aux pesticides, tant sur le plan économique, social, culturel, des mentalités et réglementaire.

La dépendance aux pesticides ne dépend pas que des agriculteurs

Les agriculteurs ne disposent pas à eux seuls de leviers leur permettant une réduction ambitieuse importante de l’utilisation des pesticides. Ils ont besoin de la mobilisation des autres acteurs de la filière. Mais aussi sans doute, de pouvoir se projeter dans un scénario de déverrouillage, c’est-à-dire, être convaincus que le système actuel a vraiment des alternatives. « Ecophyto 1 a eu peu d’impact sur le plan opérationnel, mais il n‘est pas pour autant négligeable. Son existence avec d’autres actions de la politique en soutien à l’agroécologie a encouragé certaines initiatives d’agriculteurs et de conseillers », explique Laurence Guichard. Ainsi, dans une partie des groupes du réseau Dephy (voir encadré), des références locales sur des systèmes de culture innovants ont pu être produites. « Ecophyto 1 a également eu un impact sur le plan symbolique avec l’affirmation forte de la nécessité de « produire autrement » qui semble avoir modifié la vision et la définition des priorités des différents acteurs, » poursuit l’agronome. L’Inra par exemple a réorganisé son dispositif de recherche sur la gestion intégrée de la santé des cultures ; les chambres d’agriculture et Centres d’initiatives agricoles (Civam) mettent en avant des compétences en accompagnement des agriculteurs dans le changement. Attention toutefois que la prise de conscience que « le tout pesticides n’est plus possible » ne se traduise pas uniquement par la mise en avant de moyens de substitution, à travers des produits de biocontrôle par exemple. « Ce dont on a besoin si on ambitionne de mettre un terme à l’usage massif des pesticides, c’est d’un gros travail de reconception des systèmes de culture, au niveau de la recherche comme du développement local », insiste Laurence Guichard. C’est là le défi du plan Ecopyhto 2.

Patricia LéveilléRédactrice

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