Bioéconomie 3 min
Biocontrôle et résilience agricole : des innovations récompensées
Le concours d’innovation i-PhD de BPI France récompense de jeunes chercheurs porteurs de projets innovants qui souhaitent créer leur startup. Parmi les lauréats de l’édition 2021, deux projets INRAE : EVOL et Maelab. Epaulés par des chercheurs de INRAE transfert et l’Institut Sophia Agrobiotech pour les premiers, et du centre Grand Est-Colmar pour les seconds, il vont ce jeudi 8 juillet assister à la cérémonie de remise de leur prix en présence des ministres de l’Agriculture et de la Recherche.
Publié le 08 juillet 2020
Rencontre avec les quatre jeunes lauréats, qui ont transformé leurs travaux de thèse en innovations, avec une visée entrepreneuriale
EVOL, Grand prix du Jury
Penser la recherche dans le prisme entrepreneurial
Lucie Monticelli et Antoine Pasquier sont enthousiastes. Leur projet EVOL remporte le Grand prix du concours I-PhD, qui les fera bénéficier d’une box création de communication vidéo en plus de l’accompagnement, de formations et de mentorat qui récompense les lauréats. Résultant de la mise en commun de leurs travaux de thèse, EVOL propose une solution de biocontrôle innovante, personnalisée et digitalisée afin d’augmenter l’efficacité des programmes de lutte biologique. Le premier agent de biocontrôle identifié est un acarien prédateur du sol pour lutter contre un ravageur des cultures. L’acarien s’attaquerait ainsi aux larves de mouches pour contrôler leur population, ou encore aux chrysomèles des racines de maïs. Ce prédateur est également prometteur pour d’autres ravageurs à grand intérêt agronomiques, ce qui ouvre des perspectives de recherches pour EVOL. Pour préparer leur dossier, ils ont longuement étudié les solutions de biocontrôle existantes et potentielles et questionné les agriculteurs .
Une fois décidés à se lancer dans l’aventure entrepreneuriale, les deux chercheurs n’ont pas perdu de temps : « On a pris le parti de travailler jour et nuit, on a mis les bouchées doubles » explique Lucie, en ajoutant qu’ils parvenaient à être très efficaces sur de courts délais. Penser la recherche dans le prisme entrepreneurial ? Etre innovant et compétitif ? « Ce que nous proposons n’existe pas encore sur le marché, on voulait faire quelque chose de qualité et on s’en est donné les moyens » ; Ils doivent encore cependant rendre leur proposition accessible aux agriculteurs, et des marchés aux budgets plus importants tels que les cultures maraichères pourraient être une option viable. Leurs attentes pour la suite sont nombreuses, ils souhaitent se sentir soutenus pour avancer de façon cohérente, pour éviter les faux pas, optimiser leurs ressources et développer leurs réseaux.
Maelab, une start-up d’avenir
On souhaitait rencontrer des structures vivant une transition similaire à la nôtre
Manon Dardonville se spécialise dans la résilience agricole, avec une thèse sur l’agronomie des systèmes agricoles, tandis que Renaud Misslin, géographe de formation, compose avec la modélisation informatique et la gestion des données. A eux deux, ils créent Maelab, et leur innovation, Maelia. Il s’agit d’ un modèle permettant de simuler des scénarios pour des territoires agricoles et urbains, de comprendre les conséquences d’un changement de situation agricole. Il regroupe de nombreux modèles déjà existant et offre ainsi un très grand nombre d’indicateurs, centrés sur les acteurs territoriaux, avec une représentation spatiale sur une carte. A titre d’exemple, ils expérimentent Maelia dans la plaine de Versailles, un espace urbanisé où l’on retrouve beaucoup de déchets organiques : le modèle doit permettre de simuler ces flux de matières en prenant en compte les stations d’épuration, les déchets agro-alimentaires ou encore les zones d’élevage avoisinants.
Lauréats du concours I-PhD, ils vont pouvoir s’attaquer à leur première problématique : apprendre à manager, gérer des équipes, et acquérir les clés essentielles pour créer leur entreprise : « on avait la volonté de rentrer dans l’écosystème BPI France, auquel on finit souvent par être confronté dans ce milieu, et on souhaitait rencontrer des structures vivant une transition similaire à la nôtre ». Très motivés pour la suite des évènements et la remise de leur prix, ils auront dès septembre un rendez-vous trimestriel pour profiter de l’accompagnement professionnel. Leur objectif ? Une start-up opérationnelle le 1er septembre et une stratégie pour développer la trésorerie qui leur permettra de payer des salaires et du temps de recherche.
C'est quoi, les concours BPI ?
Le concours i-PhD de la BPI est en fait le premier d’un ensemble de trois concours récompensant chaque année les projets de start-up d’innovation les plus prometteurs. Si en être lauréat permet de bénéficier d’un accompagnement professionnel exhaustif, il ouvre aussi la porte aux deux autres, i-Lab et i-Nov, dont le prix est cette fois un financement très conséquent (jusqu’à 600 000 euros pour i-Lab et 45% du coût du projet pour i-Nov). A cause de la situation sanitaire, la remise des prix ce jeudi 8 juillet se fera en téléconférence, en présence des ministre de l’agriculture et de la recherche.