Biodiversité 4 min
Benoît Moury, un amoureux des plantes nommé directeur de laboratoire
A la tête de l’unité de recherche « Pathologie végétale » depuis janvier 2021, Benoît Moury continue à étudier les mécanismes de défense des plantes face aux agents pathogènes, tout en assumant sa nouvelle charge de directeur. Un challenge qu’il relève avec bienveillance et sens du devoir pour son unité, dans laquelle il travaille depuis plus de 20 ans.
Publié le 07 septembre 2021
La recherche à INRAE, un déclic
Qu’à cela ne tienne : même si Benoît Moury doit assumer depuis janvier 2021 ses nouvelles fonctions de directeur de l’unité « Pathologie végétale », située sur le site d’Avignon du centre INRAE Provence-Alpes-Côte d’Azur, il n’a pas pour autant laissé de côté son cœur d’activité. « Je suis proche de 20 à 30 % de recherche, le reste de mon activité étant occupé par ma charge de directeur d’unité », détaille l’intéressé. Même s’il visait initialement 50 % de recherche, il peut tout de même continuer à vivre de cette passion qui l’anime depuis bientôt trois décennies.
Le déclic se produit il y a 29 ans, à l’époque dans un laboratoire avignonnais de l’Inra, ancêtre d’INRAE, proche de son unité actuelle « Pathologie végétale ». Alors en stage de DEA, qui sera suivi par une thèse au même endroit, Benoît Moury fait la connaissance de son futur encadrant de thèse Alain Palloix, véritable mentor qui sera déterminant dans le choix d’une carrière scientifique. « C’est la première fois que l’on me faisait confiance pour découvrir une certaine vérité, et où l’on ne me demandait pas d’apprendre les leçons d’un maître », se souvient avec émotion Benoît Moury. Les recherches d’Alain Palloix, la manière dont il anime son équipe, la solidarité au sein de l’unité, l’ébullition intellectuelle permanente vont finir de convaincre Benoît Moury : à l’issue de sa thèse sur place, de 1994 à 1997, il devient chercheur en pathologie végétale. Après un court séjour sur le site d’Antibes, il revient à Avignon pour intégrer en 1999 l’unité « Pathologie végétale », qu’il n’a pas quittée depuis.
« À INRAE, j’ai la possibilité de combiner des thématiques de recherche fondamentale avec des projets appliqués sur le terrain, ou chez des agriculteurs », explique Benoît Moury. Une activité de recherche plurielle qui répond à un besoin profond chez cet amoureux des plantes, qui a toujours souhaité rester en contact avec le monde rural dont il est originaire. Enfin, c’est par-dessus tout la liberté dont il a bénéficié pour orienter ses projets de recherche avec l’unité « Pathologie végétale » qui séduit Benoît Moury à INRAE.
« Pathologie végétale », une unité à taille humaine entre épidémiosurveillance, modélisation des épidémies et durabilité de la lutte contre les agents pathogènes
L’unité « Pathologie végétale » compte trois grands axes de recherche. L’épidémio-surveillance tout d’abord, qui consiste à prévenir les risques de maladies chez les plantes. Ensuite vient la durabilité des méthodes de lutte contre les agents pathogènes, c’est-à-dire protéger les cultures le plus longtemps possible contre les nuisibles, qui s’adaptent très rapidement. C’est le thème des recherches personnelles de Benoît Moury, qui s’intéresse tout particulièrement à augmenter la durabilité de la résistance de la tomate et du piment contre les virus, par la génétique comme par la diversification des cultures. Enfin, l’unité étudie les mécanismes d’émergence de nouveaux agents phytopathogènes, par exemple en modélisant les mécanismes d’introduction et de dispersion de nouvelles souches de bactéries, champignons ou virus phytopathogènes.
Forte de cinquante membres, l’unité « Pathologie végétale » est à taille humaine, ce qui a facilité la candidature de Benoît Moury comme directeur : « j’ai eu l’impression que c’était mon tour, comme chacun prend cette fonction à partir d’une certaine expérience dans l’unité. Lors d’une réunion, mes collègues m’ont indiqué qu’ils me voyaient bien dans cette fonction ».
Ses objectifs pour l’unité : conserver et amplifier son mode de fonctionnement collégial, basé sur des groupes de travail mixtes entre chercheurs, techniciens et services d’appui à la recherche. Déjà bien présentes dans la vie de l’unité, ces initiatives participent à renforcer la bonne volonté et le collectif. Une idée de futur groupe de travail ? « Oui, nous discuterons comment prévenir les risques de discrimination lors de nos recrutements. » Enfin, Benoît Moury aimerait rapprocher les deux équipes de l’unité, « Virologie » et « MISTRAL », par davantage de projets de recherche communs : « combiner différents moyens de lutte contre les agents pathogènes, ou travailler sur la résilience de l’immunité des plantes, sont deux axes potentiels qui nous permettraient de mieux travailler ensemble ».
Mini-CV 52 ans Depuis 2021 : Directeur de l’unité Pathologie Végétale, INRAE PACA (Avignon) 2007 : Directeur de recherche 2000 : Chercheur invité, Danish Institute of Agricultural Sciences (Copenhague, Danemark) Depuis 1999 : Mobilité à l’unité Pathologie Végétale, Inra Avignon 1997-1999 : Chargé de recherche, Station de Botanique et de Pathologie Végétale, Inra Antibes 1994-1997 : Thèse à l’Inra d’Avignon (unités GAFL et Pathologie Végétale) 1993 : Volontaire du service national, CIRAD - IRA Cameroun 1992 : Diplôme d’ingénieur agronome et DEA, ENSA Rennes |