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Anguille et saumon : DIASPARA vise à répondre au casse-tête que pose la gestion écosystémique de ces deux espèces emblématiques
COMMUNIQUE DE PRESSE REGIONAL - Dans une optique de préservation et de gestion écosystémique de deux espèces emblématiques que sont l’anguille et le saumon, le projet européen DIASPARA vise à fournir auprès de différents acteurs et décideurs des outils et méthodes permettant d’évaluer au mieux l’état des espèces et l’effet des pressions existantes. Coordonné par INRAE et rassemblant 12 partenaires européens, ce projet réunit l’ensemble de ses membres du 25 au 27 novembre 2024 à Copenhague. Cette première rencontre sera l’occasion de mieux cerner les besoins et de cadrer les actions pour les deux prochaines années.
Publié le 26 novembre 2024
Le saumon et l’anguille sont deux espèces de poissons aux capacités surprenantes. Partageant leur vie entre mer et océan, elles parcourent plusieurs milliers de kilomètres pour boucler leur cycle de vie. Espèces aux capacités d’adaptations incroyables, on les retrouve sur tout ou partie de la façade Atlantique de l’Europe et de la mer Baltique, l’anguille colonisant également l’ensemble du bassin Méditerranéen.
Au cours de leur vie continentale, les poissons se répartissent dans des bassins versants, et fonctionnent comme des unités presque indépendantes. Mais lors de la phase océanique, les poissons de tous ces bassins versants se mélangent :
- au niveau du Groenland ou des îles Féroé pour le saumon,
- au niveau de la mer des Sargasses pour l’anguille.
Dès lors, chaque espèce est soumise à la fois à des pressions environnementales ou humaines agissant au niveau local, mais aussi à des facteurs plus globaux qui créent des liens entre des unités continentales pourtant distantes de plusieurs milliers de kilomètres. Pour l’anguille, cette imbrication est poussée à l’extrême : une anguille ayant grandi dans les eaux françaises pourra voir sa descendance répartie entre le Maroc et le nord de la Norvège, ce qui se passe à une génération dans un bassin européen peut donc avoir des effets des milliers de kilomètres plus loin à la génération suivante ! Or, ces espèces sont en première ligne face au changement global, l’anguille étant même considérée comme en danger critique d’extinction par l’UICN, un statut encore plus alarmant que le panda par exemple. Affectés par le changement climatique jouant sur les conditions océaniques, saumons et anguilles sont ainsi particulièrement impactés par la multiplication des barrages bloquant leur migration dans les rivières ou détruisant leurs habitats, par la mauvaise qualité des eaux et par la pêche légale ou illégale.
Multiples pressions jouant à différentes échelles, fortes valeurs socio-économiques et culturelles, c’est donc une multitude d’acteurs à travers l’Europe qui sont directement ou indirectement liés à la sauvegarde de ces poissons. Ces imbrications d’échelle ont de fortes implications pour la gestion de ces espèces : si la gestion doit bien sûr prendre en compte ce qui se passe localement dans les bassins versants, elle ne peut négliger ce qui se passe dans les bassins ou pays avoisinants. En d’autres termes, il faut agir localement sur les facteurs du déclin, tout en maintenant une cohérence au niveau international. Cela pose un second challenge, scientifique celui-là : fournir aux gestionnaires les outils permettant d’évaluer au mieux l’état des espèces et l’effet des différentes pressions pour agir sur les bons leviers là où il faut.
Le projet DIASPARA suit cette direction. Ce projet européen coordonné par INRAE et rassemblant 12 partenaires européens se réunit du 25 au 27 novembre 2024 à Copenhague. Le projet vise à fournir un ensemble d’outils et de méthodes afin d’optimiser la cohérence entre collecte des données au niveau européen, leur mise à disposition et les méthodes d’analyse mobilisant ses données pour fournir les avis. Cette première rencontre sera l’occasion de mieux cerner les besoins et de cadrer les actions à mettre en œuvre au cours des deux prochaines années. In fine, dans un peu moins de deux ans, le projet fournira les bases permettant la mise en œuvre d’une gestion écosystémique des espèces.