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Analyser le risque lié aux tiques pour adapter les règles de biosécurité dans les élevages à l’échelle européenne

Comment les agents pathogènes et les maladies pénètrent-ils et se propagent-ils dans une exploitation agricole ? Le projet européen HE-FARM vise à mettre en place des règles de biosécurité afin de préserver l’ensemble de la chaîne alimentaire « de la ferme à la fourchette », depuis les élevages jusqu’aux aliments et leur distribution. Le département Santé animale INRAE et l’USC Tiques sont partenaires du projet en analysant le risque lié aux tiques dans les élevages. Sa contribution est d’identifier les vecteurs et les agents pathogènes qu’ils hébergent dans différentes fermes en Europe, pour évaluer les risques et proposer des moyens de protection des animaux d’élevage contre les maladies associées.

Publié le 11 février 2024

illustration Analyser le risque lié aux tiques pour adapter les règles de biosécurité dans les élevages à l’échelle européenne
© INRAE

Les points d'entrée des micro-organismes dans une exploitation agricole sont estimés correspondre à neuf "canaux de transmission" ou "voies de transport". On peut citer notamment la voie aérienne ou la transmission par des vecteurs (tiques, moustiques, etc), qui sont particulièrement examinées dans le projet HE-FARM.

Pour le volet transmission vectorielle, et en particulier par les tiques, les scientifiques de l’USC Tiques INRAE-Institut Pasteur vont évaluer le risque lié à ces vecteurs pour les animaux en fonction des espèces animales, du pays, des pratiques d’élevage, des conditions environnementales. Le périmètre d’étude comprend plusieurs fermes européennes (4 en Espagne, 3 en Hongrie) et trois espèces  animales (porcs, vaches, moutons) dans des systèmes extensifs et semi-extensifs. D’autres vecteurs (moustiques, stomoxes) seront également observés.

Les objectifs de cette étude dans le cadre du projet HE-FARM sont multiples et visent à contribuer à une agriculture durable et à la préservation de la santé publique : faire un état des lieux selon les fermes et les zones géographiques, de la circulation des différents espèces de tiques et des agents pathogènes qu’elles transportent ; participer à la mise en place de moyens de protection des animaux contre les vecteurs et les agents pathogènes qu’ils transmettent. Un dernier objectif est également l’évaluation d’insecticides/acaricides ou répulsifs « naturels » (notamment à base d’huiles essentielles) pour protéger les animaux des piqûres d’arthropodes et ainsi éviter la transmission d’agents pathogènes.

 

Un premier travail de terrain exigeant et indispensable

Les premières étapes pour les chercheurs sont des missions de terrain destinées à collecter les tiques sur les animaux et dans les pâtures. Elles ont commencé en 2023 et d’autres collectes seront reproduites au printemps et à l’automne 2024, notamment pour lisser l’effet météo essentiel pour l’activité des tiques. Par exemple, l’année 2023 a été particulièrement chaude en Espagne, alors que globalement, la plupart des espèces de tiques préfèrent une chaleur modérée avec un peu d’humidité.

Pour chaque élevage et chaque campagne de terrain, dix animaux pris au hasard permettent de collecter des tiques gorgées (sur animal) et plusieurs points ciblés dans les pâtures permettent la collecte de tiques non gorgées sur la végétation (selon la technique du drap ou du drapeau).

La seconde phase – en cours sur les premiers échantillons- consiste en l’identification en laboratoire des stades (larves, nymphes et adultes) et des genres et espèces des tiques collectées.

Cette phase achevée viendra alors le travail d’analyse par des approches de génomique et métagénomique, pour détecter et identifier les agents pathogènes dans les vecteurs.

 

Les toutes premières observations montrent que globalement, tous vecteurs confondus (moustiques, tiques, stomoxes), il y a plus de vecteurs en Hongrie qu’en Espagne. Des différences sont également observées en termes d’espèces entre les deux pays et entre le printemps et l’automne.

 

Le projet européen HE-FARM «  Healthy Environmental-Friendly and Resilient Farm to Fork

Les points d'entrée des micro-organismes dans une exploitation agricole ou dans toute autre installation de la ferme à la table sont estimés correspondre à neuf "canaux de transmission" ou "voies de transport". Ils concernent tous les intrants, et on peut citer notamment la voie aérienne, l’eau ou la transmission par des vecteurs (tiques, moustiques, etc).

HE-FARM vise à développer et à valider une méthodologie, basée sur des essais expérimentaux et des tests en laboratoire et dans des environnements opérationnels, afin d'évaluer et de prévoir la biosécurité au niveau du canal de transport, tout en proposant des technologies innovantes (détecteur intelligent de virus aéroportés, insecticides ou répulsifs à faible toxicité, etc.).

Son objectif est d’accompagner les secteurs concernés « de la fourche à la fourchette » dans une transition vers des systèmes de production animale équitables, sains et résilients, y compris la réduction de l’utilisation de biocides, et d’aider les décideurs et opérateurs économiques à prévenir et à contrôler les maladies animales infectieuses (notamment en cas d’émergence), contribuant ainsi à une agriculture durable et à la santé publique.

Le projet européen He-Farm financé à hauteur de 5 millions d’euros dans le cadre de Horizon-CL6-2022-FARM2FORK-01 est coordonné par l’Université de Alcala en Espagne, et regroupe 14 partenaires de 7 pays différents. Il a débuté en janvier 2023 pour une durée de 4 ans.

 

Communication Santé animale

Contact scientifique

Sarah Bonnet Co-directrice de l'USC TiquesUnité sous contrat Tiques INRAE-Institut Pasteur

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