Dossier revue

Génétique animale : comment s’adapter aux défis sanitaires, alimentaires et climatiques ?

La sélection génétique peut améliorer les races d'élevage et apporter résilience, résistance aux maladies, qualité de la viande ou du lait, etc.

Publié le 14 août 2024

Conserver les ressources génétiques des races actuelles et anciennes

La diversité des races animales et la variabilité au sein de ces races sont autant d’atouts pour identifier des caractéristiques génétiques d’intérêt : résilience, résistance aux maladies, qualité de la viande ou du lait, etc. Pour pouvoir caractériser et mobiliser cette diversité génétique, la recherche a besoin de disposer d’échantillons biologiques, aux caractéristiques identifiées, et préservés dans les conditions adéquates, dans des Centres de ressources biologiques (CRB). INRAE est membre du CRB-Anim, gérant dans ses 6 centres, des ressources reproductives (semence) ou génomiques (génome séquencé des races) pour les animaux d’élevage ou de compagnie. Ils peuvent identifier des animaux originaux dans une race à petit effectif. Par exemple, pour la race bovine Abondance, un taureau dont la lignée avait disparu a pu être réutilisé 30 ans plus tard (soit 6 à 9 générations après sa naissance) grâce à de la semence conservée dans un CRB. Au-delà de la conservation, ces ressources sont utiles pour la gestion des populations et de leur diversité. L’exploration des collections permet d’identifier, chez les races actuelles et anciennes, des variants génétiques originaux qui seraient utiles dans un système d’élevage revu pour être plus agroécologique (projet AgroDiv du PEPR Agroécologie et numérique). 

La sélection génétique contre les mammites des zébus indiens

L’Inde est le premier pays producteur de lait de vache au monde, avec un grand nombre de petits éleveurs et un faible rendement par animal. Depuis plusieurs décennies, la BAIF, une organisation non gouvernementale qui œuvre pour une meilleure prospérité des populations rurales, insémine des zébus avec du sperme de taureau occidental, pour augmenter la production de lait, très faible chez cette espèce, et assurer une alimentation à une large population, très consommatrice de produits laitiers. Partenaire de la BAIF depuis 2019 dans le cadre d’un laboratoire international associé (LIA), INRAE a renforcé sa collaboration par la signature d’un accord-cadre en 2023, avec un axe sur la sélection génétique des zébus pour améliorer la santé des animaux et leurs performances laitières. La diminution du nombre de mammites est l’un des enjeux forts de ce travail, ainsi que l’amélioration de la fertilité et du taux de matière grasse du lait. 

Croiser 3 races pour des vaches laitières tout terrain

INRAE teste le croisement de 3 races bovines, Prim’Holstein (une bonne laitière, mais dont la production baisse au-dessus de 25 °C), Rouge scandinave (bonne reproductrice) et Jersiaise (rustique car moins exigeante en termes d’alimentation et de soin et souffrant moins des températures élevées). 
Ce croisement permet de bénéficier des caractéristiques des 3 races et de disposer de vaches laitières plus rustiques, bien adaptées au pâturage, bonnes productrices et bonnes reproductrices. « Le croisement avec la Jersiaise permet en outre d’améliorer les taux de matière grasse et protéique du lait, tout en limitant l’impact des températures élevées sur la production laitière », constate Sandra Novak, responsable scientifique de l’expérimentation système OasYs, dans l’unité expérimentale Fourrages, ruminants, environnement (Ferlus) de Lusignan.