illustration Yves Gibon, un nouveau directeur pour BFP
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Alimentation, santé globale 3 min

Yves Gibon, un nouveau directeur pour BFP

Chercheur depuis 2008 au sein de l’unité mixte de recherche Biologie du Fruit et Pathologie (BFP), Yves Gibon a été nommé directeur de cette unité le 1er janvier 2022. Spécialiste de la physiologie des plantes, il s’intéresse de près à la métabolomique et cherche à comprendre comment le métabolisme contribue à la performance des plantes.

Publié le 08 avril 2022

De la graine au métabolome

Tout commence, il y a fort longtemps, à l’école primaire dans une classe de CE1. Yves Gibon est fasciné lorsqu’en cours il est amené à faire germer une graine (de haricot ou de lentille). « Ce fût une véritable révélation pour moi de faire partir une vie en plantant une simple graine » indique-t-il. A partir de ce moment-là, il reproduit chez lui à maintes reprises cette expérience en faisant pousser des plantes d’intérieur. C’est ainsi que sa passion pour les plantes débute. Habitant au Rheu où se situe un centre de recherche INRAE (anciennement Inra), il va rapidement travailler au champ en tant que saisonnier comme le « petit gars à tout faire ». Bien que tout en bas de l’échelle, il est fier et apprécie ces moments passés dans le monde de la recherche agricole. Yves Gibon rajoute : « Aujourd’hui, je trouve sympa d’avoir connu INRAE comme cela ». Il va poursuivre ses études dans le domaine de la biologie et faire une thèse à Rennes sur le thème des réponses métaboliques des plantes à la sécheresse. Puis il part en postdoc en Allemagne durant 10 ans, d’abord à l’Université de Heidelberg puis au Max Planck Institute of Molecular Plant Physiology à Potsdam, pour travailler sur le métabolisme carboné sous la direction de Mark Stitt. Après cette formidable expérience, il rentre en France où il intègre INRAE en réussissant un concours de Directeur de Recherche. 

Yves Gibon se considère comme un physiologiste avec un focus sur le métabolisme. Il travaille sur cette thématique depuis son DEA. Il est particulièrement intéressé par la métabolomique qu’il définit comme « la tentative d’obtenir un maximum d’informations sur la composition en métabolites » et par la modélisation. Yves Gibon précise que « d’un point de vue expérimental, je suis plutôt biochimiste analytique. J’ai développé beaucoup de méthodes pour doser des métabolites ou des activités enzymatiques, puis je les ai robotisées ». Ce qui l’intéresse réellement, c’est de comprendre comment le métabolisme contribue à la performance des plantes. C’est aussi la thématique de l’équipe de recherche qu’il dirige. 

BFP, un savoir-faire reconnu en biologie végétale 

Yves Gibon est chercheur au sein de l’unité mixte de recherche Biologie du Fruit et Pathologie (BFP) depuis 2008. Cette unité de plus de 150 agents, située près de Bordeaux, est un pilier majeur en matière de recherche en biologie végétale. Une large gamme d’espèces y sont étudiées, des plantes (tomate, fraise, Prunus, Stévia…) mais aussi des pathogènes (mollicutes et virus), depuis l’échelle moléculaire jusqu’à celle de l’écosystème. Les recherches s’articulent autour de trois axes principaux : la signalétique, le métabolisme et la construction cellulaire du développement des plantes et des fruits, l’adaptation des plantes aux contraintes biotiques et abiotiques du changement climatique et la modularité fonctionnelle aux frontières du vivant. 

L’unité héberge également trois plateformes technologiques. Une plateforme de haut confinement qui est en train de se monter pour étudier des agents pathogènes de quarantaine. Une plateforme de métabolomique qui ouvre de nombreuses perspectives sur l’étude des interactions des plantes avec leurs pathogènes. Et une plateforme d’imagerie pour travailler à l’échelle subcellulaire. L’unité BFP est impliquée dans de nombreux projets de recherche en collaboration avec des partenaires internationaux mais également plus localement avec les filières agricoles, notamment dans le cadre de recherches menées sur le cerisier, le fraisier, l’abricotier, la vigne…

Au sein de l’unité BFP, Yves Gibon travaille principalement sur le métabolisme des plantes en général et des fruits en particulier. L’équipe Méta qu’il anime utilise une stratégie de biologie des systèmes alternant expérimentation et modélisation pour mieux comprendre le métabolisme. Reconnue pour ses modèles mécanistes du fruit en développement, l’équipe s’intéresse de plus en plus au métabolisme redox. Elle propose aussi la métabolomique prédictive comme outil d’aide à la décision pour mieux exploiter la diversité intra- et interspécifique, une approche qu’elle souhaite désormais décliner à l’agroécologie mais aussi aux études des relations hôte-pathogène.

Décider ensemble pour conquérir de nouveaux fronts de science

Nommé à la tête de l’unité BFP au 1er janvier 2022, Yves Gibon continue à faire de la recherche et participe encore à quelques « manips ». Mais en tant que directeur d’unité, « je suis maintenant un peu plus dans le global » précise-t-il. Yves Gibon n’a pas eu trop de mal à « prendre en main » la direction de BFP car il fut aux côtés de son prédécesseur, Thierry Candresse, durant deux ans en tant que directeur d’unité adjoint. Ses fonctions de responsable d’équipe ont également amplement contribué à faciliter son intégration à la tête de l’unité. 

Le nouveau directeur de BFP souhaite une direction collégiale avec un conseil scientifique pour la stratégie scientifique et différents groupes de travail (communication, travaux, qualité, formation permanente…) qui s’articulent autour du conseil d’unité. Yves Gibon « souhaite vraiment un fonctionnement démocratique où tout le monde a la possibilité de s’impliquer. Je veux déléguer et que chacun participe à la vie de notre unité ». Il compte également s’appuyer sur les deux directrices adjointes de l’unité, Laure Béven et Sylvie Geman-Retana pour mener à bien ces projets.

Initialement, l’unité BFP s’est créée avec la fusion de deux unités qui ont permis le rapprochement de physiologistes et de pathologistes au sein d’un même collectif. « J’ai envie, en tant que directeur d’unité, d’aller plus loin dans cette fusion. J’ai envie de travailler sur la valeur ajoutée. J’ai envie d’aller chercher des fronts de science vraiment originaux, à l’interface entre la physiologie et la pathologie » précise Yves Gibon. « BFP est une grande unité originale, bourrée de talents. On a du savoir-faire sur la culture des plantes. On aimerait vraiment aller un cran plus haut en mettant en place plus de synergies entre les équipes », conclut-il.
 

Arnaud RIDELRédacteurDépartement SPE

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