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Visite de Frédérique Vidal en Pays de la Loire

Dans le cadre de son tour de France des "Territoires de savoirs", la ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation s’est rendue en Pays de la Loire les 22 et 23 octobre 2020. Elle a échangé avec des acteurs du centre INRAE lors d’une présentation du CRNH-Ouest à Nantes puis lors de sa visite sur le Campus du Végétal à Angers.

Publié le 30 octobre 2020

illustration Visite de Frédérique Vidal en Pays de la Loire
© INRAE

Accompagnée par Philippe Mauguin, PDG d’INRAE, Frédérique Vidal s’est rendue sur le Campus du Végétal où elle a été reçue par Emmanuelle Chevassus-Lozza, Présidente du centre INRAE Pays de la Loire, Christian Roblédo, Président de l’Université d’Angers, Dominique Vollet, DG délégué d’Agrocampus Ouest, Philippe Simoneau, VP recherche de l’Université d’Angers, Pascal Richomme, Professeur à l’Université d’Angers, VP en charge de la valorisation, Jean-Pierre Renou, Directeur de l’UMR IRHS et Marie-Agnès Jacques, Directrice de la SFR QuaSaV.

L’objet de cette visite était de présenter la dynamique scientifique du campus, en évoquant quelques projets emblématiques, qui illustrent la politique d’attractivité de jeunes talents, de structuration de grands équipements, de renforcement du lien formation-recherche et du lien recherche-innovation. Un focus a été fait sur les réponses à l’AAP CPA (avec 3 projets lauréats), d’Equipex+, ainsi qu’un équipement financé dans le cadre du CPER, en lien avec une chaire internationale (Projet Connect talent financé par la Région des Pays de la Loire). Enfin, une start up GreenImpulse, exploitant un brevet de l’UMR IRHS a également été présentée.

Visite MESRI INRAE Pays de la Loire (Angers)

La santé et la qualité des plantes au cœur des thématiques du Campus du Végétal

Dans un contexte d'augmentation des besoins alimentaires, non seulement en quantité mais aussi en qualité, et de diminution de la surface des terres arables, la production végétale devrait fondamentalement évoluer pour faire face aux changements mondiaux et à la réduction des intrants chimiques. Les changements globaux et en particulier le changement climatique génèrent des stress abiotiques sur les plantes et ont un impact sur les maladies des plantes, affectant ainsi la physiologie des plantes. Le succès du changement de production demandé dépendra de notre capacité à fournir de nouveaux concepts et solutions pour faire face aux stress abiotiques et biotiques affectant les cultures.

Le campus du végétal angevin - dont l’Institut de Recherche en Horticulture et Semences (UMR INRAE/Université d’Angers, AGROCAMPUS OUEST) est une pièce maîtresse du dispositif -est spécialisé sur la qualité et la santé du végétal.

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Un projet de Graduate Program dans le domaine de la biologie intégrative du stress des plantes

Forts de nos compétences scientifiques et de nos infrastructures de recherche, de notre intégration dans ce campus du végétal unique qui regroupe organismes de recherche, établissements d’ESR (formations de master, d’ingénieur et de doctorat), GEVES, pôle de compétitivité, ANSES, instituts techniques et entreprises, l’objectif de ce projet, présenté par Marie-Agnès Jacques, responsable scientifique du projet, est de former par et pour la recherche (publique et privée) des scientifiques de haut niveau pour relever les défis du contexte actuel de la production végétale. Ce GP (IPSB) formera un nombre limité d'étudiants de master au doctorat par un programme de formation basé sur l'interdisciplinarité, l'attractivité internationale, une forte immersion dans les laboratoires de recherche, fertilisation croisée entre les universités, les entreprises et les instituts techniques, ainsi qu’un enseignement individualisé.

La semence : un acteur central dans la gestion de la santé des cultures de la prochaine génération, avec le projet SUCSEED

Matthieu Barret, Chargé de recherche INRAE à l’unité IRHS, a présenté le projet SUCSEED, lauréat de l’AAP « Cultiver et protéger autrement ». Ce projet est fondé sur la nécessité d'identifier et de développer de nouvelles solutions adaptées à la protection des semences en utilisant des alternatives naturelles et écologiques aux pesticides. Ce projet se concentre sur deux problèmes phytosanitaires majeurs : les agents pathogènes transmis par les semences et la fonte des semis (c'est-à-dire l'absence de germination/émergence due à des agents pathogènes transmis par les semences ou le sol) de quatre espèces de cultures différentes (blé, tomate, haricot commun et colza) et leurs agents pathogènes les plus couramment associés.

Philippe Mauguin est revenu sur l’enjeu de ce projet, qui est capable de rassembler des moyens conséquents sur un projet très ciblé, avec une approche multidisciplinaire et des acteurs en lien avec la recherche, la formation, les professionnels, les PME, les associations professionnelles ainsi qu’avec les agriculteurs.

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Explorer le microbiote des plantes :  Projet EquipEx – Plateforme de culturomique des microbiotes

Le microbiote joue un rôle central dans la santé et le fonctionnement des écosystèmes naturels, agricoles et industriels. La majorité des micro-organismes constituant les microbiotes reste à ce jour non cultivée et non caractérisée. Marion Le Saux, Chargée de recherche INRAE à l’unité IRHS, a expliqué comment la culturomique peut mettre en jeu des technologies innovantes pour isoler et caractériser à haut-débit cette « matière noire microbienne ». L’objectif du projet Equipex+ « MicroWorld Discovery » est d’accélérer l’accès à la diversité taxonomique & fonctionnelle et à la dynamique des microbiotes « du sol aux selles », pour promouvoir des solutions durables et biosourcées. C’est un projet connecté aux infrastructures nationales et internationales déjà mise en place, notamment les CRB et la PF Phenotic pour le phénotypage.

Philippe Mauguin a expliqué qu’on est les seuls au monde à avoir la continuité des compétences sur le microbiote du sol, des plantes, des animaux, des hommes et de travailler sur les approches méthodologiques et des caractérisations communes. Au-delà de la métagénomique, ce matériel permettra d’isoler et de caractériser plus précisément le microbiote. On espère ainsi pouvoir caractériser des microbiotes pour défendre la plante de façon naturelle dans son environnement. Frédérique Vidal a conclu que ce projet est un bel exemple de santé globale, notamment par ce côté intégratif.

Qualité des semences, isotopes stables, métabolisme/métabolomique, biomarqueur 

Le rendement des plantes cultivées ne repose pas uniquement sur la performance de la plante adulte mais aussi sur la qualité des semences, de leur développement à la formation de la plantule au moment de l’établissement de la culture. On estime aujourd’hui que la qualité imparfaite des semences pourrait causer jusqu’à 20% de perte de rendement chez de nombreuses espèces cultivées. Disposer de marqueurs de qualité à des fins d’amélioration des semences est un sujet de premier plan.

L’objectif du projet ISOSEED, présenté par Guillaume Tcherkez, responsable de la « chaire Connect Talent IsoSeed », est d’explorer la possibilité d’utiliser les analyses métaboliques à large spectre (métabolomique) et isotopiques afin de cribler des variétés de plantes d’intérêt agronomique pour lesquelles on dispose d’indicateurs de qualité. Lors de cette visite, il sera plus particulièrement présenté une Chaine IRMS (financée par le CPER), dispositif d’analyse en métabolomique – fluxomique encore très peu déployé sur le végétal.

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Le lien à l’innovation avec la présentation de la startup Green Impulse

Un concept novateur reposant sur l’usage de composés naturels fragilisant les agents pathogènes des plantes, plutôt que de les tuer, a pu être démontrer et protéger sous brevet (WO2014012766 A1). Alexandre Olivaud, co-Directeur de Green Impulse, l’a expliqué via l’inhibition de leurs voies d’adaptation aux défenses naturelles émises par la plante infectée. De tels inhibiteurs sont dénommés « Sensitines ». Green Impulse se proposant d’exploiter le brevet déposé par des chercheurs de l’unité IRHS et de développer le concept de « Sensitines» en protection des cultures. Les premiers développements de produits ont été obtenus lors d’une phase de maturation financée par la SATT Ouest Valorisation et actuellement dans le cadre d’une thèse CIFRE accueillie à l’unité IRHS.

De nouveaux pommiers pour le jardin du Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation

Philippe Mauguin a poursuivi cette visite avec un court focus sur la transition agroécologique. Il a pris l’exemple de la création variétale en pommier. L’IRHS est reconnu au niveau international pour les recherches sur les fruits. Ces programmes de recherche visent ici 3 objectifs principaux : la résistance aux bioagresseurs, la qualité des fruits et la recherche d’une production importante et régulière. Deux pommiers issus des programmes de création variétales INRAE et co-obtenus en partenariat avec NOVADI ont été remis à la Ministre Frédérique Vidal : Ariane® Les Naturianes, pour orner le jardin du Ministère aux côté de la fusée Ariane, ainsi que la dernière variété Story® Inored.

Remise de 2 pommiers issus des programmes de création variétales à la Ministre de l'ESRI

« Ce qui est important dans la recherche fondamentale, c’est la production de connaissance et la capacité qu’ont les équipes à mobiliser ces connaissances pour aller jusqu’au marchés, jusqu’à la proposition de produits, de solutions, qui vont permettre à nos concitoyens de vivre mieux »

Visite de Frédériques Vidal à Angers, accompagnée de Philippe Mauguin

 Pour conclure, Frédérique Vidal a expliqué que cette visite a permis de voir à la fois tout ce qui fait la spécificité d’INRAE et à quel point un centre comme celui-ci, au sein d’une université pluridisciplinaire, peut ouvrir encore plus de perspectives aux recherches qui se font dans l’unité.

Les sujets présentés permettent de comprendre à quel point on a besoin d’être uni et solidaire et de se rendre compte que ce qui est important dans la recherche fondamentale, c’est la production de connaissance et la capacité qu’ont les équipes à mobiliser ces connaissances pour aller jusqu’au marchés, jusqu’à la proposition de produits, de solutions, qui vont permettre à nos concitoyens de vivre mieux. Nous avons une mission à accomplir en commun qui est de réexpliquer à l’ensemble de la société à quel point penser recherche, c’est penser avenir, c’est penser solution et à quel point la science est source de progrès.

Cette visite est aussi un bel exemple de toute la chaine, avec évidemment la question de la transmission du vivant et du renouvellement des nouvelles générations de chercheurs.

 

 

En savoir plus sur le Campus du Végétal

Campus du Végétal, Angers

A Angers, le Campus du Végétal rassemble 90% des forces de recherche, formation et innovation* sur le végétal en Pays de la Loire. Il a été conçu pour mutualiser les moyens et favoriser les collaborations et les approches interdisciplinaires.

Quelques chiffres

    • 1er pôle de recherche en France sur le végétal spécialisé, avec 450 chercheurs, enseignants-chercheurs, ingénieurs et techniciens
    • 4ème pôle de recherche en France en sciences du végétal
    • 1er pôle de formation en France sur le végétal spécialisé, avec 3000 étudiants du supérieur, un continuum du CAP au doctorat, un Schéma LMD et une offre de formation continue
    • 1er pôle de compétitivité à vocation mondiale, sur le végétal spécialisé
    • 1 structure fédérative de Recherche sur la qualité et la santé du végétal

* forces de recherche, formation et innovation sur le végétal en Pays de la Loire : notamment INRAE, Agrocampus Ouest, Université d'Angers, ESA, Plante&Cité, Geves, Gnis, Anses, Vegepolys Valley

En savoir plus

Changement climatique et risques

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