Trophée Etoiles de l’Europe pour le projet GenTree : la génétique au cœur de l’adaptation des forêts de demain

Pour la 8ème édition des Trophées Etoiles de l’Europe, récompensant chaque année 12 lauréats[1] pour leur engagement européen et leur travail de coordination de projets au service d’enjeux sociétaux majeurs, Bruno Fady, directeur de recherche à INRAE, basé à l’Unité de Recherches Ecologie des Forêts Méditerranéennes à Avignon, reçoit un prix pour le projet GenTree[2] qui s’achève cette année. Lancé en 2016, dans le contexte du changement climatique et de l’évolution continue de la demande de produits et de services forestiers, GenTree avait pour objectif de fournir au secteur forestier européen de meilleures connaissances, méthodes et outils pour optimiser la gestion et l’utilisation durable des ressources génétiques forestières en Europe.

Un dispositif unique : 4750 arbres répertoriés pour les 12 espèces emblématiques en Europe

Pendant quatre ans, le consortium s'est appuyé sur un dispositif unique d’expérimentation terrain couplée à de la modélisation, dans les domaines de la génomique, de l’écologie et des sciences forestières. Sur plus de 200 sites, une centaine de scientifiques et techniciens ont mis en œuvre des campagnes d’échantillonnage à travers une dizaine de pays européens. Douze espèces d’arbres forestiers (conifères et feuillus) ont été particulièrement étudiées, au regard de leur valeur écologique, économique et sociétale. 4750 arbres ont ainsi pu être géoréférencés puis caractérisés sur les plans génotypique et phénotypique, constituant le patrimoine génétique de ces arbres, et divers paramètres écologiques (type de sol, exposition, régénération naturelle, compétition, etc.) associés à chaque arbre ont également été répertoriés.
 

En récoltant ce volume inédit de connaissances sur chaque espèce, l’équipe de recherche transdisciplinaire a cherché à identifier les pratiques capables de favoriser le maintien de ces douze espèces dans un contexte de fortes perturbations environnementales. Parmi les résultats, les chercheurs ont démontré que les populations d’arbres situées aux marges de leur aire de répartition sont des cibles prioritaires pour la conservation des ressources génétiques forestières et les programmes de sélection variétale. A l'aide d'outils de modélisation, les membres du consortium ont également développé des méthodes de sélection variétale innovantes et peu coûteuses. Ils ont aussi montré que l’Homme, par la sylviculture, peut agir favorablement sur le maintien de la diversité génétique et de la résilience des forêts et des arbres forestiers confrontés au changement climatique global. 

Dans une démarche de sciences ouvertes, l’ensemble des données issues du projet seront mises à disposition de la communauté scientifique et des gestionnaires, sous la forme d’une plateforme, d’ici l’été 2021. A partir de ces nouvelles connaissances, des stratégies innovantes pour la conservation dynamique des ressources génétiques forestières en Europe pourront être mises en place afin d’adapter les forêts et la foresterie à l’évolution de l’environnement.