Tiques en élevages bovins : les pays tropicaux inspirent des solutions durables

Face au défi croissant des infestations de tiques dans les élevages bovins, des solutions innovantes et durables s’imposent. La synthèse proposée dans cet article explore la richesse des pratiques ethno vétérinaires et des systèmes d’élevage tropicaux, qui s’appuient sur une biodiversité exceptionnelle, pour inspirer une gestion plus durable des tiques à l’échelle mondiale. La grande diversité génétique des races bovines locales apparait comme un des leviers d’une gestion durable, moins dépendante aux acaricides chimiques et surtout plus respectueuses des principes de l’agroécologie. Des programmes de sélection génétique évalués dans ces recherches intègrent la résistance aux tiques et s’appuient sur une meilleure connaissance des races locales. Les connaissances acquises pourront bénéficier à la fois aux régions tropicales et tempérées. Les pays tropicaux ont ainsi un rôle clé à jouer dans la transition vers une gestion plus durable des tiques, au service d’élevages agroécologiques.

Publié le 18 juillet 2025

© L-M. Lugand, A. Savoie /CNAP

Illustration : Gestion durable des infestations par les tiques - cadre conceptuel (d’après Mollong et al., 2025). 

 

L’objectif de l’étude est de montrer que les pays tropicaux apportent des enseignements précieux et utiles pour relever le défi mondial de la gestion durable des tiques. À travers une revue des stratégies mises en œuvre dans ces régions, elle explore une diversité de pratiques, allant des méthodes de lutte conventionnelles aux savoirs et savoir-faire traditionnels et autochtones selon trois leviers majeurs :

  • La réduction du contact hôte-tique,
  • La diminution du recours aux acaricides chimiques de synthèse
  • L’augmentation de la résistance de l'hôte aux infestations de tiques.

En valorisant cette approche intégrée, l’étude propose des pistes concrètes pour une gestion des tiques plus durable, résiliente et respectueuse de l'environnement, en accord avec les principes de l’agroécologie.

Des pistes de solutions se dégagent dans deux directions cumulatives :

  • les pratiques ethno vétérinaires : Les systèmes d'élevage tropicaux – allant du pâturage extensif aux systèmes agro-pastoraux – s’appuient sur une diversité de savoirs locaux. L’utilisation des plantes médicinales, plus accessibles et économiques que les médicaments de synthèse, constituent un pilier de la santé animale dans ces contextes. Par ailleurs, la diversité botanique des pâturages, incluant certaines espèces fourragères aux propriétés acaricides, participent également à la régulation des populations de tiques,
  • la valorisation de la résistance des animaux aux tiques : tirer parti de la résistance de certaines races locales aux tiques est une stratégie prometteuse et durable pour développer des méthodes de gestion efficientes et agroécologiques. Ainsi, des approches génomiques globales (sélection génomique) ou spécifiques (sélection assistée par marqueurs de régions chromosomiques d’intérêt) devraient être intégrées à la mise en place d’infrastructures de collectes de données dédiées pour maximiser le succès de telles approches

Les connaissances et les solutions développées dans les pays tropicaux ouvrent des perspectives de collaborations internationales pour élaborer des stratégies de gestion intégrée des tiques. Ces approches combinent plusieurs leviers complémentaires :

  • l’utilisation des plantes bioactives aux propriétés acaricides ou répulsives qui, intégrée à une gestion des pâturages et à un recours parcimonieux aux molécules de synthèse, peuvent réduire considérablement les populations de tiques,
  • les pratiques de gestion pastorale, comme le pâturage tournant, pour perturber le cycle biologique des tiques, et réduire les populations de tiques,
  • le choix de races bovines plus résistantes aux infestations de tiques et/ou d’animaux issus de programmes de sélection incluant la résistance génétique.

Référence : Eyabana Mollong, Marius Lébri, Carine Marie-Magdeleine, Stéphanie Marianne Lagou, Michel Naves, and Jean‑Christophe Bambou. Sustainable management of tick infestations in cattle: a tropical perspective. Parasites & Vectors, 2025, 18 (1), pp.62. ⟨10.1186/s13071-025-06684-4⟩

Voir aussi : Rachelle Bernier, Laurence Yenkamala, Lucien Philibert, Madly Moutoussamy, Carine Marie-Magdeleine. Towards plant-based control of Amblyomma variegatum and Rhipicephalus microplus ticks: Knowledge, perceptions, and practices of ruminant livestock farmers in Guadeloupean islands. Veterinary Parasitology: Regional Studies and Reports, 2025, 60, pp.101249. ⟨10.1016/j.vprsr.2025.101249⟩

En savoir plus

Alimentation, santé globale

Une avancée dans la lutte contre les pneumonies humaines et bovines

COMMUNIQUE DE PRESSE - Dans le cadre d’une collaboration internationale entre l’Inra, Aix-Marseille université, le CNRS, l’université du Texas et l’entreprise « Janssen Pharmaceutical Companies of Johnson & Johnson »1, les chercheurs ont réussi pour la première fois à élucider la structure de l’ARN polymérase ARN dépendante, une enzyme indispensable à la survie et la multiplication du virus respiratoire syncytial (VRS). C’est le principal agent responsable de bronchiolites et bronchopneumonies parfois mortelles chez les enfants, les personnes âgées et les animaux d’élevage (bovins). Publiés dans Cell, ces résultats, source d’innovation, pourraient aboutir à la découverte de nouveaux traitements contre le VRS.

23 décembre 2019

Alimentation, santé globale

Sauvez des bovins malades dans un jeu de stratégie scientifique gratuit "Battle for Cattle"

Course contre la montre pour sauver les bovins du fléau de la résistance aux antibiotiques, ce jeu de stratégie addictif permet de s’informer sur les efforts de recherche européens visant à fabriquer le premier vaccin synthétique au monde contre les bactéries mortelles du genre Mycoplasma. Il a été développé en étroite collaboration avec des chercheurs INRAE et d’autres scientifiques européens de renommée mondiale, dans le cadre du projet de recherche européen MycoSynVac.

06 mars 2020

Alimentation, santé globale

Les antibiotiques dans les élevages bovins, c’est pas automatique !

En santé animale comme humaine, le développement de résistances aux antibiotiques fait poindre le risque de se trouver dans une impasse thérapeutique vis-à-vis de certaines infections bactériennes. En France, un plan de réduction des risques d'antibiorésistance en médecine vétérinaire (EcoAntibio) a été mis en place par le Ministère de l’agriculture dès 2012. Courant décembre 2018, les Rencontres Recherches Ruminants ont été, pour Christian Ducrot, chef de département adjoint "Santé animale" de l’Inra, aujourd'hui INRAE et ses collègues de l’Institut de l’élevage - Idèle, l’occasion de faire le point sur l’évolution de l’usage des antibiotiques en filière bovine.

16 juin 2020