2 min

La spécialisation des cellules pluripotentes : un processus différent selon les espèces

L’aptitude des cellules embryonnaires à se spécialiser en différents tissus (pluripotence) présente des caractéristiques différentes selon l’espèce, expliquant les difficultés de dérivation* rencontrées chez les mammifères domestiques.

Publié le 17 avril 2019

illustration La spécialisation des cellules pluripotentes : un processus  différent selon les espèces
© INRAE PAILLARD Gérard

Des gènes caractéristiques des cellules pluripotentes et communs aux souris, bovins et porcs ont été mis en évidence à différents stades du développement embryonnaire. Ces nouveaux marqueurs seront utiles afin d’améliorer les techniques de dérivation* des cellules pluripotentes chez le bovin et le porc.

Des modifications épigénétiques pour retrouver sa naïveté…

Chez la souris, il est possible de reproduire in vitro la pluripotence sous la forme de deux types de cellules souches qui s’auto-renouvellent et qui représentent deux états de pluripotence :

1)      les cellules ES, qui correspondent aux premières cellules pluripotentes de l’embryon et sont dites « naïves » ;

2)      les cellules EpiSC, qui sont dérivées de  l’épiblaste** ayant commencé la gastrulation et qui sont dites « amorcées ».

Du point de vue de leurs propriétés fonctionnelles, les premières sont plus intéressantes, car elles peuvent être manipulées génétiquement, et intégrées dans des embryons (=embryons chimères), elles vont participer à la formation de tous les tissus. En outre, elles se convertissent assez facilement en EpiSC en culture in vitro, reproduisant en cela la progression normale pendant le développement in vivo; par contre, revenir à l’état naïf ES à partir d'EpiSC n’est pas possible,  révélant ainsi qu’une  « barrière » développementale s’installe entre les deux états de pluripotence.

De précédents travaux1 de l’unité Biologie de la Reproduction et du développement (BDR) réalisés chez la souris sur ces deux types de cellules, ont montré que des modifications des séquences d'ADN hautement répétées et des protéines qui leur sont associées (constituant l'hétérochromatine), sont des marqueurs discriminants des états de pluripotence. Ces travaux ont démontré également que la modification de certaines de ces marques -dites épigénétiques- permet de lever la barrière qui sépare ces deux états de pluripotence.

…et la transcriptomique pour l’évaluer et la prédire !

Chez les espèces d’intérêt agronomique, des cellules pluripotentes naïves de type ES n’ont jamais pu être obtenues. L’évolution de la pluripotence, le réseau de gènes impliqués et les voies de signalisation qui la contrôlent, semblent donc varier d’une espèce de mammifères à l’autre. Renforcer les connaissances sur la pluripotence dans ces espèces non-murines est donc essentiel si on veut obtenir des cellules pluripotentes naïves à partir d’embryons.

Dans le cadre d’un projet européen (FP7, PluriSys) les chercheurs2 ont comparé les transcriptomes*** des cellules pluripotentes d’embryons de trois espèces de mammifères (souris, bovin, porc), à trois stades de développement comparables morphologiquement d’une espèce à l’autre (stade blastocyte, disque embryonnaire symétrique et début de gastrulation).

Les transcriptomes ont été générés par RNA-séquençage haut débit et les analyses ont été réalisées sur les gènes orthologues**** entre espèces. La comparaison des gènes  exprimés entre le stade dit naïf et les stades plus tardifs a montré un petit ensemble de gènes très significativement conservés dans les trois espèces. Certains étaient déjà connus comme importants dans le contrôle de la pluripotence chez la souris. D’autres sont des gènes nouvellement identifiés.

Ces nouveaux marqueurs peuvent être associés (i) à la pluripotence naïve, (ii) à la transition entre les deux états de pluripotence, (iii) à la pluripotence amorcée. Ils pourront servir de marqueurs qualitatifs, voire prédictifs, de l’état de pluripotence lors de la dérivation de cellules pluripotentes chez le bovin et le porc, que ce soient des cellules issues d’embryons ou de cellules somatiques reprogrammées (iPS). Les différences entre les transcriptomes des différents espèces vont être également analysées, afin d’adapter au mieux les conditions de dérivation des cellules pluripotentes.

* Dériver : produire in vitro des cellules spécialisées à partir de cellules pluripotentes extraites d’embryons
** Épiblaste : couche unique de cellules polyédriques représentant le revêtement externe de l'embryon
*** Le transcriptome est l'ensemble des ARN messagers issus de l'expression d'une partie d'un génome, autrement dit des gènes exprimés.
****Deux séquences génétiques homologues de deux espèces différentes sont orthologues si elles descendent d'une séquence unique présente dans le dernier ancêtre commun aux deux espèces.

 

Sylvie André

Alice Jouneau INRAE, Biologie de la Reproduction, Environnement, Epigénétique et Développement (BREED)

Le centre

Le département

En savoir plus

Agroécologie

Du sur-mesure dans les interactions entre l’utérus et l’embryon

COMMUNIQUE DE PRESSE - L’une des étapes cruciales de la gestation est l’implantation de l’embryon dans l’utérus au contact d’un tissu appelé endomètre. Cependant, les mécanismes qui permettent cette implantation demeurent encore largement méconnus. Une collaboration franco-américaine menée par des chercheurs de l’Inra révèle qu’entre l’embryon et l’endomètre s’établit une intense communication qui leur permet de s’adapter l’un à l’autre. Les scientifiques ont analysé, chez des bovins, l’expression des gènes dans l’embryon et l’endomètre en début de gestation. Ils ont montré que de nombreux processus biologiques à l’œuvre dans les deux tissus sont étroitement corrélés. Publiés dans Plos Biology, les résultats de ces recherches peuvent aider à mieux comprendre comment des défauts dans les processus d’adaptation réciproques entre l’endomètre et l’embryon peuvent conduire à des échecs de gestation précoces chez les mammifères.

26 décembre 2019

Alimentation, santé globale

Un vaccin contre la toxoplasmose pour les singes Saïmiris

Les Saïmiris, petits singes d’Amérique du Sud, sont particulièrement sensibles à la toxoplasmose, une infection parasitaire due au protozoaire Toxoplasma gondii. Une campagne de vaccination de Saïmiris a débuté en septembre 2017 dans cinq parcs zoologiques français. Le vaccin contre T. gondii a été développé par l’équipe BioMédicaments Anti Parasitaires (BioMAP) de l'unité mixte de recherche Infectiologie et santé publique (UMR ISP, Inra-Université de Tours), en collaboration avec la société Vaxinano.

19 décembre 2019

Bioéconomie

Isoler nos habitats grâce aux déchets agricoles

Pour un habitat durable, une bonne isolation thermique est indispensable car elle permet de réduire la consommation énergétique. L’objectif, rappelé dans le volet 2 de la loi sur la transition énergétique, est de rénover 400 000 bâtiments par an d’ici 2020. Pour relever ce défi, l’une des solutions est d’utiliser des biomatériaux isolants issus de déchets de l’agriculture. Parmi les sous-produits agricoles, le tournesol pourrait être un bon candidat.

17 décembre 2019